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Le Destin et les Parques

Le Destin et les Parques, ambigu en un acte, en prose & en vaudevilles, de M. Desfontaines, 5 mai 1789.

Théâtre Italien.

Titre :

Destin et les Parques (le)

Genre

ambigu

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

5 mai 1789

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

M. Desfontaines

Mercure de France, n° 24 du 13 juin 1789, p. 89-90 :

[Compte rendu un peu réticent d’une comédie épisodique, que le critique éprouve le besoin de définir, de lui donner un ancêtre prestigieux (Molière et les Fâcheux), avant de lui refuser le titre de comédie, puisqu’elle est vide d’action. Ce genre de pièces est née au Théâtre François avant d’être repris par l’Opéra Comique qui y a introduit ces personnages surnaturels qu’on retrouve ici. Faute d’action, il suffit d’énumérer les différents personnages que le Destin juge avant que les Parques n’exécutent le verdict. La pièce ne manque pas de drôlerie, mais il aurait fallu des scènes plus rapides (toujours les longueurs !), sans parler de l’intérêt, évidemment absent : les traits d’esprit ne suffisent plus, il faut émouvoir et secouer le spectateur pour éviter qu’il ne bâille.]

COMÉDIE ITALIENNE.

Le Mardi 5 Mai, on a représenté à ce Théatre le Destin & les Parques, Comédie en un Acte & en Prose, mêlée de Vaudevilles.

Une Comédie épisodique est composée d'un nombre de scènes détachées ou à tiroir, qui se succèdent sans être liées les unes aux autres. Le secret de l'Auteur consiste à faire passer rapidement sous les yeux du Spectateur, un grand nombre de personnages qui viennent donner ou recevoir des leçons & des ridicules. C'est ordinairement aux travers de mode que l'on s'attache dans ces Ouvrages, dont les Fâcheux (1) sont le chef-d'œuvre. Le nom de Comédie leur est accordé par l'usage, quoiqu'il ne leur convienne pas, car la Comédie est une action, & elle emporte l'idée d'une unité d'action. Le Théatre François a donné le premier exemple de ces Productions dramatiques, que les Auteurs de l'ancien Opéra Comique ont imitées, en y introduisant des êtres surnaturels. De là sont provenus le Temple de la Vérité, celui de l'Ennui, ceux de Mémoire, du Destin, du Goût, du Sommeil, & autres Pièces épisodiques représentées avec plus ou moins de succès.

Le Destin & les Parques sont le sujet d'une Pièce de ce dernier genre. On y voit paroître tour à tour un Avare, un Méchant de société, un Misanthrope, une Femme sensible, deux jeunes Amans de village, une Mère, &c. Tout ce monde-là vient consulter le Destin, qui accueille les uns & repousse les autres. Les Parques, dont le rôle est très-mince, filent ou coupent suivant les Arrêts du Destin. Ces Arrêts sont souvent aussi fins que raisonnables.

Cet Ouvrage, qui a quelquefois des détails obscurs, auroit eu plus de succès, si le développement des scènes avoit été plus rapide. On y a remarqué beaucoup d'idées agréables, des couplets bien tournés, & de la facilité dans le style. Mais l'intérêt ! Comment pourroit-on en placer dans une Pièce épisodique ? Il ne suffit plus aujourd'hui de parler à l'esprit ; nos Spectateurs veulent être émus, secoués, sinon, ils bâillent.

(1) Comédie de Molière, qui dut son grand succès à la ressemblance des portraits, & à l'élégance du style.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome VI (juin 1789), p. 301-302 :

Le mardi 5 mai, on a donné la premiere représentation du Destin & les Parques, ambigu en un acte, en prose & en vaudevilles.

Cette piece ne présente aucune intrigue à analyser. C'est le Destin qui donne ses audiences, & chez qui l'on voit arriver tantôt un avare, tantôt un fat, une mere, deux amans, &c. &c. Au dénouement les visites viennent en foule ; on présente des placets, & le Destin ordonne aux Parques de filer & de couper, selon le mérite de chacun. Il faut avouer que nous n'avons pas toujours le bonheur de voir ce dieu aussi juste & aussi judicieux dans ses arrêts.

Quoique cette piece ait été écoutée quelques instant avec froideur, (ce qui doit être sur-tout attribué au genre de l'ouvrage,) on peut dire qu'en général elle a été applaudie, & elle a paru faire plaisir. On y a remarqué des airs bien choisis, des couplets bien tournés, & des trais ingénieux. Il est à présumer que l'auteur, M. Desfontaines, y fera quelques retranchemens, qui ont été désignés par le public.

(Journal de Paris ; Journal général de France.)

D’après la base César, la pièce a été jouée 12 fois au Théâtre Italien, du 5 mai au 7 juillet 1789.

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