Le Diable couleur de rose, ou le Bonhomme Misère

Le Diable couleur de rose, ou le Bonhomme Misère, opéra bouffon en un acte de Levrier de Champrion, musique de Gaveaux, 2 brumaire an 7 [23 octobre 1798].

Théâtre des Amis des Arts, ci-devant Molière.

Dans l'annonce qu'il fait de la création de la pièce, le Courrier des spectacles, n° 609 du 2 brumaire an 7 [23 octobre 1798] inverse titre et sous-titre : le Bonhomme Misère ou le Diable couleur de rose.

Titre :

Diable couleur de rose (le), ou le Bonhomme Misère

Genre

opéra-bouffon

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ,

en prose avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

2 brumaire an 7 [23 octobre 1798]

Théâtre :

Théâtre des Amis des Arts, ci-devant Molière

Auteur(s) des paroles :

Levrier de Champrion

Compositeur(s) :

Gaveaux

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Cretté, nivôse an 7 :

Le Diable couleur de rose, ou le Bonhomme Misère, opéra bouffon en un acte et en prose. Paroles du citoyen Levrier Champ-Rion, membre de la Société libre des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Paris. Musique du citoyen Gaveaux. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre des Amis-des-Arts, ci-devant Molière, rue Martin, le 2 brumaire, an 7.

Courrier des spectacles, n° 610 du 3 brumaire an 7 [24 octobre 1798], p. 2 :

[Le compte rendu s'ouvre par l'annonce du succès : la seule annonce du titre « avoit attiré beaucoup de monde ». Il enchaîne ensuite sur le résumé de l'intrigue, une intrigue magique, pleine de surprises et de rebondissements liés au mélange du monde des hommes et de celui des diables, la pièce ayant pour cadre la campagne normande et ses pommiers. Une part importante est laissée à des transformations tant de l'aspect des personnages que du décor. Le jugement porté ensuite est très favorable : quelques longueurs n'empêchent pas que « ce petit opéra » ne soit « infiniment agréable ». Les auteurs ont été nommés, mais n'ont pas paru malgré l'insistance du public. Les décors ont impressionné par la rapidité de leurs transformations, et leur coût a dû être très élevé. Mais la pièce, très bien jouée, devrait « attirer la foule à ce théâtre ».]

Théâtre des amis des Arts et des Elèves de l'Opéra -Comique.

Après tous les vilains diables que nous avons vus successivement paroître sur la scène un Diable couleur de rose devoit exciter la curiosité, aussi l’opéra donné hier pour la première fois à ce théâtre sous ce titre y avoit-il attiré beaucoup de monde.

La jalousie de Pluton l'a engagé à exiler sur la terre un diable qui avoit trop de familiarités avec Proserpine. Arrivé au milieu des mortels, Colifichet, c’est le nom du diable, forme le projet de s’occuper à y faire du bien, mais comme sa figure n’est pas des plus attrayantes, il se décide à en changer, et prend bientôt celle d’un joli petit diable vêtu en couleur de rose. L’endroit où il est monté offre d’un côté la maison d’un vieil avare qui a acquis une grande fortune dans la profession de procureur, et de l’autre la chaumière d’un bucheron. Ce dernier vit content de son petit jardin, et sur-tout d’un pommier, le plus beau des environs : mais Mathieu, c’est l’ancien procureur, voudrait aggrandir ses possessions, en y joignant celle de son voisin. Le diable s’est caché dans le corps du pommier, pour laisser agir Mathieu, qui, après avoir mesuré le terrein qu’il convoite, offre au bucheron de le lui acheter ; ce dernier refuse : alors l’avare profite de ce qu’il s’est rendu caution d’un billet souscrit à son profit, et le menace de l’huissier ; le bucheron se désole, mais le diable, du sein de sa retraite, répète toutes ses dernières paroles ; ce qui ranimerait ses espérances, s’il ne pensoit pas que c'est l’écho qui lui répond. I! n’a plus, dit-il, d’autre ressource, que de se donner au diable, lorsque ce dernier paraît en effet devant lui, et après lui avoir offert son secours, l’envoie à son travail.

Le valet du procureur, bon normand, amateur de pommes, fait souvent visite à celles du bucheron et profite cette fois de son absence pour monter sur l’arbre, à dessein d’en faire provision. A peine y est-il qu'il se trouve ne pouvoir plus pouvoir remuer, et il lui pousse un nez d’un pied. Ses cris font venir son maître qui, après l’avoir voulu chasser à coups de fouet, monte lui-même sur l'arbre et s'y trouve également pris. Même chose arrive à l'huissier. Le bucheron rentre, voit les trois oiseaux de nouvelle espèce, et d'accord avec le diable, feint de vouloir les tuer, et leur tire un coup de fusil chargé à poudre. Au bruit, les branches baissent et les posent par terre demi-morts. Ils ne s’en relèvent que pour voir le changement que le diable a opéré. D’un coup de baguette il a changé la chaumière en un palais magnifique, et le palais en une chaumière; mais le bucheron demande grace pour Mathieu, et le Diable lui rend sa maison.

Ce petit opéra ; malgré quelques longueurs, est infiniment agréable, et a eu le plus grand succès. La musique sur-tout a fait beaucoup de plaisir. On a demandé les auteurs : le diable est venu nommer le cit. Gaveanx pour la musique, et le citoyen Levrier pour les paroles ; mais tout son pouvoir n’a pu les faire paraître devant le public qui les a vivement appellés. Les décorations sont charmantes : l’on a vu avec étonnement la promptitude avec laquelle la chaumière a été changée en palais, et le palais en chaumière. On peut dire que l'on n’a pas le tems de s’en appercevoir. La dépense a dû être très-considérable, mais cette pièce d’ailleurs fort bien jouée, sur-tout par la citoyenne Quesain qui fait le Diable, et le cit.. Gavaudan, qui joue le rôle du valet, doit attirer la foule à ce théâtre, qui mérite d'être accueilli des amateurs.

Le succès de la pièce a poussé Désaugiers et Bosquier-Gavaudan à donner une suite à ce Diable couleur de rose, avec une musique de Gaveaux. Mais le succès de ce Diable en vacances n'a pas été aussi brillant.

Ajouter un commentaire

Anti-spam