Le Diable en vacances

Le Diable en vacances, opéra féerie et comique en un acte, de Marc-Antoine Désaugiers et Bosquier-Gavaudan, musique de Gaveaux, 27 pluviôse an 13 [16 février 1805].

Théâtre Montansier.

Almanach des Muses 1806.

Titre :

Diable en vacances (le)

Genre

opéra féerie et comique

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

27 pluviôse an 13 [16 février 1805]

Théâtre :

Théâtre Montansier

Auteur(s) des paroles :

Marc-Antoine Désaugiers et Bosquier-Gavaudan

Compositeur(s) :

Gaveaux

Sur la page de titre de la partition, Paris, à la Nouveauté, M Mme Gaveaux :

Le Diable en vacances, ou La Suite du Diable Couleur de Rose, Opéra féerie et Comique, En un acte ; Représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre Montansier le 27 Pluviose an 13 (16 Février 1805) Paroles MMrs Désaugier et Bosquier-Gavaudan Musique de Mr P. Gaveaux Compositeur et Acteur du Théâtre de l'opéra Comique de sa Majesté l'Empereur.

Courrier des spectacles, du 17 février 1805, p. 2 :

[Juste quelques mots, pour dire que la pièce ne vaut que par la musique de Gaveaux. Mais les paroliers sont cités eux aussi.]

Le Diable en vacances, opéra en un acte, joué hier au théâtre Montansier, n’a dû son succès qu’à la musique, qui est une jolie composition de M. Gaveaux. Les auteurs des paroles sont MM. Désaugiers et Bosquier-Gayaudan.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome 7, germinal an 13[mars 1805], p. 283-286 :

[La suite fort attendue d’un grand succès de l’an 7, le fameux Diable couleur de rose. Les auteurs de la pièce nouvelle ont voulu profiter du filon, et écrire une suite. Hélas, comme souvent, la suite ne vaut pas l’original, et « il ne fallait rien moins que le talent musical de M. Gaveaux » pour sauver la situation. Le critique raconte ensuite une intrigue pleine de magie aboutissant, comme de bien entendu par un mariage. Le plus extraordinaire, c’est la transformation du diable couleur de rose en ange, transformation qui n’est possible que par la capacité des poètes à réaliser l’impossible. Mais le jugement final est plutôt positif : un canevas assez faible, certes, mais une musique charmante, un dialogue souvent spirituel. Trois morceaux sont signalés comme remarquables. L’interprétation est excellente, et un sort particulier est fait à une jeune actrice présentée comme pleine de talent.]

THÉÂTRE MONTANSIER.

Le Diable en vacances, opéra-bouffon.

Tout Paris a voulu voir le Diable couleur de rose de M. Levrier-de-Champrion. Un esprit malin qui se nomme Colifichet, qui n'emploie sa malignité qu'à punir des méchans, qui pour ne point effaroucher le public, a l'adresse de prendre les traits d'une actrice aussi jolie que les roses dont elle porte les couleurs, qui punit un mauvais riche en changeant sa maison en cabane, un gourmand en l'attachant sur l'arbre dont il vole les pommes, un huissier en lui donnant un pied de nez, tout cela devait plaire dans une ville où l'on aime beaucoup les colifichets, les roses, les jolies femmes, et très-peu les huissiers.

Ce sujet a paru si heureux qu'on a voulu lui donner une suite. Mais il est arrivé ici ce qui arrive ordinairement à tous les continuateurs ; la suite du diable couleur de rose est fort inférieure à la pièce primitive, et il ne fallait rien moins que le talent musical de M. Gaveaux pour assurer son existence.

Les auteurs du poème ont supposé que le pauvre Misère est amoureux de Thérèse ; que le cœur de cette belle lui est disputé par Valognes, ce valet gourmand qui lui volait autrefois ses pommes ; que celui-ci, pour se débarrasser de son compétiteur, l'a dénoncé au bailli du lieu, comme recélant chez lui le diable, ayant fait un pacte avec cet esprit malin, et troublant par son entremise la paix des ménages, en révélant aux maris les faiblesses de leurs femmes, et aux femmes les espiégleries de leurs maris. Un bailli est naturellement crédule et facile à persuader. M. le bailli instrumente aussitôt contre le diable ; il prend acte de la dénonciation, dresse procès-verbal des dires de Valognes, et rend sentence en vertu de laquelle la maison de Misère doit être démolie et lui-même, sévèrement puni. Déjà Valognes triomphe, et Misère se croit perdu ; mais entre le diable et un bailli la partie n'est pas égale.

Colifichet apprend au fond de l'enfer ce qui se passe sur la terre ; il obtient de Pluton une heure de vacances et se hâte d'en profiter pour remettre toutes choses en état. Il se présente d'abord sous le costume d'avocat pour discuter avec le bailli, et s'amuse quelque temps aux dépens du pauvre juge. Il réduit au silence plusieurs petites vieilles qui plaidaient pour Valognes. (Miracle qui n'était pas le plus facile). Il empêche le valet gourmand de détruire la maison, et après s'être préalablement amusé par ces espiégleries, il finit par donner au bailli une belle paire d'oreilles, et par marier Misère à sa chère Thérèse.

Tous ces prodiges s'exécutent avec une facilité extraordinaire. Mais une merveille à laquelle on ne s'attendait pas, c'est que le diable couleur de rose, se trouve lui-même transformé en ange pour prix de sa bonne conduite, et qu'il monte glorieusement au ciel. Ce dernier trait n'est pas conforme à la foi, qui veut que les démons soient damnés pour toute éternité. Mais la foi des poètes a ses licences comme la versification, et s'il faut une exception, on la permettra plus volontiers en faveur de Mlle. Caroline.

Ce cannevas assez faible, est relevé par une musique charmante et un dialogue souvent spirituel. Le chœur des vieilles, l'air chanté par Bosquier-Gavaudan, le trio entre Misère, Colifichet et Thérèse, sont des morceaux d'une composition pleine d'esprit et de goût et dignes du talent de M. Gaveaux ; aussi ont-ils été très-vivement applaudis.

La pièce a été fort bien jouée par Bosquier, qui donne au rôle de Valognes un tour très-original et très-piquant ; par MM. Dubois et Joly, dans les rôles du Bailli et de Misère, et par Mlles. Cuisot et Baroyer. Mlle. Caroline était chargée du rôle principal, celui du Diable en vacances. Cette jeune et jolie actrice a fait autant de plaisir par la légèreté et la grace de son jeu que par la pureté et le charme de sa voix. Sa présence est une bonne fortune pour le théâtre Montansier, et l’on a raison de désirer qu'elle soit rarement en vacances.

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