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Les Deux clefs

Les dDux clefs, vaudeville en un acte, de Després et Deschamps, 8 ventôse an 12 [28 février 1804].

Théâtre du Vaudeville

Almanach des Muses 1805

Courrier des spectacles, n° 2559, Mercredi, 9 Ventôse an XII, 29 Février 1804, p. 2 :

Théâtre du Vaudeville.

Première représentation des Deux Clefs,

On se rappelle la présence d'esprit d'un voleur qui, surpris par une dévote sous son lit, profita du moment où elle étoit allé chercher la garde, pour se mettre dans le lit, et conséquemment passer pour un ami de la maison. Cette anecdote paroit avoir fourni le fonds du vaudeville des Deux Clefs ; mais il a fallu l'arranger pour la scène et la présenter d'une manière plus décente. Voici comment on l'a traitée.

Mlle Hébert, vieille fille, attend avec impatience le moment d'épouser M. Robinot, et comme c'est le jour de la fête de ce barbon, elle lui offre, pour le captiver davantage, un bouquet, une robe de chambre et des pantoufles. Cette attention ranime M. Robinot, et dans son enthousiasme, il veut absolument emmener sa future chez le notaire pour signer le contrat ; ils sortent donc après que Mlle Hébert a eu la précaution de fermer ses portes à double tour. Tandis qu'ils s'échappent par un escalier dérobé, la porte de l'appartement s'ouvre, et un jeune officier, Clairville, neveu de M. Robinot, arrivant par congé de sa garnison, s'installe dans la chambre dont il a une clef, et dont il croit qu'un officier de ses amis dont il ignore le départ est toujours resté le propriétaire. Il y rencontre son amante, qui lui apprend chez qui il est, et qui n'a que le tems de s'enfuir en entendant mademoiselle Hébert qui est de retour. Pour Clairville, il reste et se place près du secrétaire dont il ouvre un tiroir au moment où la demoiselle rentre. L'appercevoir s'enfuir, fermer la porte à double tour et crier au voleur, tout cela est l'affaire d'un instant. Clairville se voit découvert, compromis, que faire ? Il apperçoit la robe-de-chambre, il la revêt, et lorsque le Commissaire arrive avec la garde, il fait entendre au magistrat qu'il ne s'agit pas ici de vol, mais d'un rendez-vous secret. Le Commissaire ne voit rien là qui réclame son ministère, et malgré les cris de la demoiselle, il veut se retirer.

Appaisez vous ( lui dit il) il se fait nuit,
Et mon devoir ailleurs m'appelle ;
Arrangez cet amour sans bruit,
C'est le plus sûr, Mademoiselle.
Dans de semblables embarras
Vraiment on auroit trop à faire,
Si les belles n'en sortoient pas
Sans la garde et le commissaire.

M. Robinot a tout vu ; il a reconnu son neveu ; il est un peu jaloux, et mademoiselle Hébert craint que son mariage, dont le contrat n'est pas encore signé, ne se termine pas ; pour prouver à M. Robinot que sa jalousie est mal fondée, elle consent à presser l'union de Clairville et de son amante.

Ce vaudeville a réussi : il est de MM. Després et Deschamps, auteurs d'Une Soirée des Deux Prisonniers. Cette nouvelle production ne vaut pas l'autre, il s'en faut. Il y a des longueurs et des scènes oiseuses : mais on y remarque de l'esprit et des couplets fort agréables qui en ont déterminé le succès.

F. J. B. P. G***.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an 12, 2e trimestre, n° 17 (20 ventose), p.502 :

Théâtre du Vaudeville.

Les deux Clefs.

L'anecdote d'un voleur qui, surpris dans l'appartement d'une prude, imagina de se faire passer aux yeux du commissaire de police pour un amant, a fourni aux CC. Deschamps et Després le sujet de ce petit acte fort gai.

La difficulté de mettre une action semblable sur la scène, les a forcés de supposer que le jeune Clairville, officier dans un régiment, avait une double clef de l'appartement de Mlle Hébert, parce qu'il l'avait ci-devant occupé de moitié avec son ami. Il vient à Paris et s'introduit dans .cet appartement qu'il croit vacant. Surpris par Mlle Hébert et enfermé comme voleur, il endosse une robe-de-chambre que la vieille coquette avait précisément achetée pour M. Robineau, son vieux prétendu qui se dispose à l'épouser dans la journée. La circonstance et cette robe-de-chambre produit naturellement dans l'esprit du commissaire de police et même dans celui de M. Robineau une sorte de persuasion que bien loin d'être un voleur, ce jeune officier est un ama nt; et celui-ci qui sait que Mlle Hébert a cherché à lui nuire dans l'esprit de M. Robineau, ne consent à déclarer la vérité que si elle consent elle-même à presser son mariage avec la nièce de son vieux amant.

On s'aperçoit aisément de l'extrême difficulté que les auteurs ont éprouvée à préparer la scène comique d'une manière un peu vraisemblable ; mais les esprits exercés dans les finesses de l'art out dû leur savoir gré de l'adresse avec laquelle ils ont vaincu quelques embarras du sujet. S'il existe un peu de lenteur et d'obscurité dans les premières scènes, on en est bien dédommagé par l'esprit et le. comique de la situation principale. Aussi la pièce a-t-elle fait généralement plaisir et les auteurs ont-ils été demandés.            L. C.

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