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Les Deux mères

Les Deux mères, comédie en un acte, en prose, d'Étienne et Nanteuil. 24 germinal an 10 [14 avril 1802] .

Théâtre Français, rue de Louvois

Titre :

Deux mères (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose

Musique :

non

Date de création :

24 germinal an 10 [14 avril 1802]

Théâtre :

Théâtre Français, rue de Louvois

Auteur(s) des paroles :

Étienne et Gaugiran-Nanteuil

Almanach des Muses 1803

Madame Gerard, femme sensée et mère tendre, a pour mari un homme, qui, malgré ses cinquante ans, a tous les goûts et les travers de la jeunesse, et pour amie une madame de Frémonville, femme très-légère et très-dissipée. Celle-ci, pendant l'absence de son mari, parti pour S. Domingue, a quitté Bordeaux qu'elle habitait ; elle est venue à Paris avec son fils et a mis l'enfant dans une pension que lui a indiquée M. Duliège, charmant danseur de société. L'enfant s'est enfui de sa pension depuis huit jours, et sa mère l'ignore. Il est question d'un grand bal pour le soir ; madame de Frémonville doit y aller avec M. Gerard et M. Duliège : quant à madame Gerard, elle sait que son fils a congé, et elle passera la journée avec lui, avec un de ses camarades, entré depuis huit jours dans le même pension, et dont elle ne connaît pas les parens. Duliège, au moment où madame de Frémonville se dispose à partir pour le bal, lui annonce que son fils a fui de sa pension, que son époux arrive, et que son sellier ne veut pas lui fournir un carrik pour Longchamps. Le retour de M. de Frémonville fait une vive impression sur sa femme. Madame Gerard amène les deux enfans qu'elle a appelés près d'elle. M. de Frémonville se sent prévenu en faveur de l'un d'eux, et le nom d'Amédée, prononcé dans la conversation lui fait reconnaître son fils. « Embrasser votre mère, dit-il à l'enfant, en voyant entrer madame de Frémonville ; mais l'enfant, qui connaît à peine sa véritable mère, et qui n'a reçu d'elle aucun soin, se jette dans les bras de madame Gerard. Cette erreur devient une leçon terrible pour madame de Frémonville ; elle reconnaît ses torts, les avoue, et abjure des plaisirs qui lui ont fait oublier ses devoirs de mère.

De l'intérêt ; morale excellente ; dialogue spirituel.

Caractère de M. Gerard peu vraisemblable ; intimité de madame Gerard et de madame de Frémonville moins vraisemblable encore ; du succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an X (1802) :

Les deux Mères, comédie en un acte et en prose ; Par C. G. Etienne et Gaugiran-Nanteuil. Représentée pour la première fois, sur le théâtre de la rue de Louvois, le 24 germinal, an 10. Et dédiée à madame Bonaparte.

Courrier des spectacles, n° 1866 du 25 germinal an 10 [15 avril 1802], p. 2 :

[Le critique se réjouit du succès d'une pièce inspirée d'une gravure très morale montrant deux mères au comportement opposé. Cette pièce a tous les mérites : « de jolis détails, des tableaux vrais, une morale douce unie à une aimable gaîté, un dialogue facile et semé de traits saillans », même si le bon goût est parfois offensé. L'intrigue est très simple, un mari qui donne la leçon à son épouse mauvaise mère en lui faisant voir son propre enfant se jetant dans les bras de celle qui l'a recueilli plutôt que dans ceux de sa propre mère. Bien sûr, l'époux indulgent « touché de son repentir lui rend son fils et son estime ». La fin de l'article fait l'éloge des interprètes et signale le succès d'un des couplets adressé au public.]

Théâtre Louvois.

C’est avec un vrai plaisir que nous annonçons le succès brillant et mérité d’une petite comédie en un acte et en prose, représentée hier sur ce théâtre, sous le titre des Deux Mères, et dont le sujet a été, ainsi que nous l’avons dit dans le numéro d’avant-hier, fourni par une gravure représentant deux mères, dont l'une se consacre aux soins de son ménage, tandis que l’autre néglige ses enfans pour courir les plaisirs. De jolis détails, des tableaux vrais, une morale douce unie à une aimable gaîté, un dialogue facile et semé de traits saillans, mais dont quelques-uns peut être dérogent à la pureté du goût, tout a concouru à faire accueillir favorablement cet ouvrage dont les auteurs ont été vivement demandés ; ce sont les citoyens Etienne et Nanteuil. Une légère analyse suffira pour faire connoître cette comédie dont le plan est fort simple.

Prémonville est absent ; ses affaires l'ont appelé en Amérique. Sa femme est venue de Bordeaux à Paris, et là, son goût pour les plaisirs l’a entraînée au point de lui faire négliger l’éducation de son fils Amédée. Cet enfant a disparu, sa mère ignore ce qu’il est devenu, et lorsque son époux revient, elle est extrêmement embarrassée. Prémonville qui a découvert la retraite de son fils, qu’une Mad. Gérard a accueilli et fait élever avec son enfant dans la même pension, se prépare à donner à sa femme une leçon qui la corrige de sa coupable insouciance. En présence de M. et de Mad. Gérard et de son épouse, il fait venir son fils à qui il dit d’embrasser sa mère. Amédée vole dans les bras de sa bienfaitrice ; Mad. Prémonville est anéantie, mais son époux touché de son repentir lui rend son fils et son estime.

Le citoyen Dorsan joue avec beaucoup d’intelligence le rôle de Prémonville ; les cit. Picard et Clozel sont très-plaisans dans ceux de M Gérard et du Zéphir de la Garonne. Les rôles des deux mères ne pouvoient être mieux confiés qu’à Mesdames Delille et Sarra-Lescot, aussi y ont elles obtenu de nombreux applaudissemens. A la fin de la pièce on a chanté quelques couplets parmi lesquels on a redemandé celui adressé au public.

F. J. B. P. G***.          

Le « Zéphir de la Garonne » est un « grand amateur de danse », qui dans le vaudeville final se affirme que « On ne m'a pas de la Garonne / En vain surnommé le Vestris » (un des grands danseurs du temps).

L’Esprit des journaux français et étrangers, trente-unième année, prairial an X [juin 1802], p. 224-225 :

[Une bonne esquisse de pièce, d’après ce compte rendu : les auteurs n’ont tiré d’un sujet prometteur qu’une pièce réduite à quelques détails très heureux (esprit et sentiment, traits saillants et naturels) alors qu’elle aurait pu être « un grand tableau ». Le réquisitoire s’étend à toute la politique du Théâtre du Vaudeville, qui n’encourage pas les auteurs à approfondir leurs sujets. Si les auteurs donnaient à leur pièce la dimension d’une véritable comédie (le vrai genre de la comédie, l’idée est souvent présente dans les critiques), « la peinture morale des travers & la censure gaie des ridicules » (l’adjectif « morale » est essentiel), ils rencontreraient sans doute un grand succès.]

Les deux Mères, en un acte en prose.

L'opposition d'une bonne mère de famille, toute entière à la tendresse conjugale & maternelle, avec une mère frivole & dissipée, qui ne s'occupe que de ses plaisirs & confie son enfant à l'un de ces pensionnats à la mode est une conception tout à la fois dramatique & morale, intéressante & comique. On regrette qu'un fonds si riche ne soit demeuré qu'une esquisse. La manière dont les CC. Estienne & Nanteuil ont entrevu leur sujet & traité quelques détails, peut aisément faire croire qu'avec un peu plus de soins, de temps & de méditation, leur pièce eût été susceptible de devenir un grand tableau. C'est la malheureuse habitude du Vaudeville qui empêche presque tous nos jeunes auteurs de creuser un sujet. La pièce étincelle de traits ingénieux ; l’esprit & le sentiment s'y succèdent, & souvent les traits y paroissent d'autant plus saillans qu'ils sont plus naturels. Ils ridiculisent avec beaucoup de sel & de gaîté les travers de certaines éducations modernes, & surtout l'importance avilissante qu’on paroît mettre au frivole talent de la danse.

Le succès prodigieux de cette bluette paroît annoncer que si la comédie reprenoit enfin son vrai genre, c'est à dire, la peinture morale des travers & la censure gaie des ridicules, elle trouveroit le public disposé à l'accueillir bien plus favorablement que les froides & larmoyantes homélies ou les imbroglios fatigans d'invraisemblance.

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