Les Deux n’en font qu’un

Les Deux n’en font qu’un, vaudeville en un acte, de Barré, Radet et Desfontaines, 4 février 1806.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Deux n’en font qu’un (les)

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

4 février 1806

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Barré, Radet et Desfontaines

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Léopold Collin, 1806 :

Les Deux n’en font qu’un, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, suivie d’un divertissement à l‘occasion de la paix ; Par MM. Barré, Radet et Desfontaines, représentée pour la première fois sur le Théâtre du Vaudeville, le 31 janvier 1806.

La date donnée par la brochure n'est pas exacte.

Courrier des spectacles, n° 3292 du 5 février 1806, p. 3 :

[La soirée du 4 février a été mémorable pour le théâtre parisien, et on a joué à l'Académie Impériale de Musique les Prétendus de Rochon et Lemoine, suivi d'un divertissement, en présence de l'Empereur qui vient de rentrer à Paris après les brillantes camapgnes de 1805, tandis que le Théâtre du Vaudeville joue pour la première fois les Deux n'en font qu'un suivi d'un Divertissement pour la Paix, et que le Théâtre Montansier crée la Guinguette, ou les Réjouissances pour la Paix. Si la pièce du Vaudeville (ou au moins le divertissement qui l'a suivie) a été bien accueillie, celle de Montansier n'est pas une nouveauté, que des couplets « analogues à la circonstance » a fait applaudir.

Théâtres du Vaudeville et de Montansier.

Tandis que tout l’intérêt public sembloit fixé vers le lieu que l’Empereur honoroit de sa présence, deux autres théâtres lui oftroient aussi des témoignages de reconnoissance et d’admiration. On a joué au Vaudeville une pièce nouvelle, de MM. Radet, Barré et Desfontaines ; elle est intitulée les Deux n'en font qu’un ; elle a été suivie d’un Divertissement qui a obtenu beaucoup de succès, et dont plusieurs couplets ont été redemandés.

Celle du Théâtre Montansier n’étoit pas nouvelle, mais les auteurs ont su y insérer de nouveaux couplets analogues à la circonstance, et dont quelques-uns ont été très-applaudis.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome II, p. 181 :

La Prise de Passaw à l'Opéra-Comique, et les Deux n'en font qu'un au Théâtre du Vaudeville, ont eu un succès dû en partie à la circonstance. On a vivement applaudi les couplets en l'honneur de nos guerriers et les allusions à leur chef.

Courrier des spectacles, n° 3293 du 6 février 1806, p. 2-3 :

[Après les notations rapides de la veille, le critique propose un article développé sur la pièce nouvelle, présentée comme la contribution du Vaudeville aux fêtes célébrant « le héros pacificateur de l’Europe » revenu à Paris après ses victoires de décembre 1805. Modestement, la pièce nouvelle participe modestement à ce concert d'éloges. Le sujet est une belle histoire d'amour, un corsaire qui obtient de son ami revenu d'Austerlitz qu'il le laisse épouser celle qu'ils aiment tous les deux. Bien sûr, il semble qu'on soit loin de la célébration des « grandes victoires de nos armées », mais c'est par les couplets que le lien est assuré, « des couplets très-heureux et qu'on a beaucoup applaudi ». La pièce s'achève d'ailleurs par un trait d'esprit qui ridiculise les armées anglaises (« Leurs soldats ne sont nulle part ». Les auteurs ont été nommés.]

Théâtre du Vaudeville.

Les Deux n'en font qu'un.

Tandis que l'Académie Impériale de Musique déployoit toute la pompe de ses richesses pour célébrer dignement le héros pacificateur de l’Europe, le Vaudeville essayoit de mêler les frêles accords de son galoubet au bruit des clairons, aux chants d'allégresse et à l’expression glorieuse de l’admiration et de la joie publique.

Nous allons chanter vos amis,

ont dit les auteurs de la pièce nouvelle, en s’adressant au parterre :

Nous allons chanter vos amis,
En célébrant les militaires ;
On ne peut avoir qu’un avis
Sur toutes leurs vertus guerrières.
Nous resterons bien au dessous
Du grand sujet qu’il falloit peindre ;
Mais de plus habiles que nous
Vainement y voudroient atteindre.

Si ces vers sont foibles et un peu prosaïques, ils ont au moins le mérite de la modestie et de la vérité ; tout homme n’est pas obligé de produire des chefs-d’œuvre ; mais c’est quelque chose de ne pas se persuader qu’on est le premier homme du monde.

Le sujet choisi par les auteurs des Deux n'en font qu’un en explique suffisamment le titre. Un jeune homme, nommé Léon, se ruine, s’embarque, devient capitaine de corsaire, fait ses prises sur les Anglais, qui l’enrichissent, fait des réflexions qui le convertissent ; revient dans son pays pour y voir Appolline son amante ; se déguise sous le nom et l’apparence du capitaine Sabord ; lui fait des propositions de mariage pour éprouver sa constance, rencontre pour rival Eugène, jeune militaire, son ancien camarade, qui revient d’Austerlitz, s’assure que sa maîtresse est restée fidèle ; demande sa main avec instance, et fait valoir pour titre sa fortune, sa conversion, son amour et celui de son amante. Il trouve dans Eugène un ami généreux qui lui cède un cœur dont il est en possession, et se voit au comble de ses vœux en s’unissant à Appolline.

Ce sujet, qui paroît d’abord avoir peu de rapport avec les grandes victoires de nos armées et la gloire de leur invincible chef, s’y rattache néanmoins par des couplets très-heureux et qu’on a beaucoup applaudis. Ainsi quand un des personnages vante la valeur d’Eugene, et prétend qu’il est digne des premiers grades militaires, le jeune soldat répond :

Chez tous, la valeur est égale ;
Même esprit, même sentiment.
A l’envi chacun se signale
Quand il en trouve le moment.
Si l'on devoit monter en grade
Pour prix d'une action d'éclat,
L’armée auroit, mon camarade,
Cent officiers pour un soldat.

Le même Eugène félicite son ami Léon d’avoir triomphé des Anglais dans quelques combats de mer, et ajoute :

Que n’étoit-il en ma puissance
D’en rencontrer sur mon chemin.
Ah ! pour moi quelle jouissance
D’en avoir trouvé sous ma main.
Mais par leur or et par leur brigue ;
Les Anglais se font un rempart ;
Lorsque partout est leur intrigue,
Leurs soldats ne sont nulle part.

On reconnoit dans ce couplet facile et dans le jeu de mots qui le termine la gaîté du Vaudeville, qui envisage tous les objets sous le côté plaisant. Les auteurs de cette pièce, qui a souvent été applaudie, sont MM. Radet , Barré et Desfontaines. Elle a été terminée par un divertissement dont plusieurs traits ont été saisis avec avidité et par une ronde pleine de gaité.

L.-Henry Lecomte, Napoléon et l’Empire racontés par le Théâtre, 1797-1899 (Paris, 1900), p. 138-139 :

[Lecomte n’est jamais sévère avec Napoléon et tout ce qui le célèbre : il a lu une « très jolie pièce » et apprécié les couplets à la gloire de l’Empereur.]

Vaudeville, 4 février 1806 : Les Deux n'en font qu'un, comédie en 1 acte, mêlée de vaudevilles, suivie d'un divertissement à l'occasion de la paix, par Barré, Radet et Desfontaines.

Un mauvais sujet, Léon, a disparu depuis cinq années du village situé près de Meaux, qu'il attristait par ses désordres. Malgré sa fâcheuse conduite, il avait su trouver le chemin du cœur d'Appoline, fille de M. Dumont qui. restée fidèle à son amour, refuse entre autres partis un corsaire célèbre, Sabord, lui offrant par correspondance sa main avec cinq cent mille francs. Léon, de son côté, aime Appoline, c'est pour la revoir qu'il revient au pays. Répudiant sa vie passée, il fait au maire Clément confidence de son repentir et de l'espoir qui le ramène ; Clément, qui a connu le père de Léon, veut bien plaider la cause de ce dernier auprès d'Appoline, mais la jeune fille, tout en laissant voir son amour, se refuse au pardon. Cependant, par suite de la paix, les jeunes gens que la conscription avait pris reviennent au village. Parmi eux sont le capitaine Alphonse, frère d'Appoline, et le sous-lieutenant Eugène, fils de Clément. Eugène a sauvé les jours d'Alphonse, et ce dernier espère bien que sa sœur paiera la dette de reconnaissance contractée par la famille. Appoline pourtant s'y refuse ; Eugène, que son père a mis au courant, ne peut blâmer la fidélité gardée à Léon, il regrette seulement que celui-ci, au lieu de mener une existence inutile au pays, n'ait pas comme tant d'autres embrassé la carrière des armes. Or si Léon ne s'est pas fait soldat, il n'en a pas moins servi la patrie ; c'est lui qui, sous le nom de Sabord, a comme corsaire infligé aux Anglais des pertes cruelles et conquis sur eux une énorme fortune. Cette révélation aplanit les obstacles, et Léon Sabord obtient la main de celle qu'il aime.

Très jolie pièce, menée avec esprit et quelque sentiment. Le vaudeville qui la termine célèbre, comme de raison, les exploits accomplis par Napoléon en moins d'un trimestre, et conclut par l'aveu suivant :

A l'amant de la victoire
Nous consacrons nos couplets,
Mais nous laissons à l'histoire
A détailler ses hauts faits :
Avant qu'ici notre voix
Eût chanté tous ses exploits,
Nous chanterions plus de trois mois.

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