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Les Deux petits Savoyards

Les Deux petits Savoyards, Comédie en un acte, mêlée d'Ariettes, par M. Mars.... des Viv... [Marsollier des Vivetières]. Musique de M. d'Al.... [Dalayrac] représentée par les Comédiens Italiens, le 14 janvier 1789. Paris, Brunet, in-8°. de 70 pages.

Théâtre Italien

Almanach des Muses 1790

Joli Opéra-Comique qui a eu un grand nombre de représentations.

Deux petits Savoyards paroissent à une foire, & inspirent de l'intérêt au Seigneur qui est fort bienfaisant, & qui ordonne au Bailli de les conduire au château. Il les fait appeler ensuite, & propose à chacun d'eux séparément de le garder & de le rendre heureux, à condition qu'il sera éloigné de son frère ou de sa mère. Tous deux, sans s'être consultés, rejettent ces offres séduisantes. On feint d'employer la menace ; on les enferme dans deux pavillons en face l'un de l'autre. Ils usent de leur savoir-faire, montent tous deux dans la cheminée, y chantent à leur manière, descendent, & tâchent d'enfoncer la porte : le Bailli arrive, les arrête & saisit sur eux un portrait qui ressemble au Seigneur. C'est son portrait effectivement. Enfin, ces deux enfans sont reconnus pour les neveux du Seigneur. Joie des neveux & de l'oncle qui ordonne qu'on aille chercher leur mère.

De charmans tableaux, de la gaieté, du sentiment, & de jolies ariettes. Plusieurs airs de vielle connus, que le Musicien a rajeunis.

Sur la page de titre de la brochure, Toulouse, chez J. B. Broulhiet, 1789

Les deux petits Savoyards, comédie en un acte, mêlée d'ariettes. Par M. Mars. des V., Musique de M. Dal. Représentée pour la première fois, par les Comédiens ordinaires du Roi, le Mercredi 14 Janvier 1789, et à Versailles, devant leurs Majestés, le Vendredi suivant.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1789, n° 2, p. 315-318 :

[Le compte rendu s'ouvre très classiquement par le résumé de l'intrigue, l'histoire de deux jeunes savoyards que le bailli veut empêcher de gagner leur vie avec « leurs petits talens ». Le seigneur du lieu intervient, et il désire leur assurer une situation. Il les met à l'épreuve, ils se montrent solidaires. On trouve un portrait qu'ils ont avec eux, il permet de les reconnaître comme les neveux disparus du seigneur : toute la famille est réunie, oncle, neveux, belle-sœur. Le vaudeville final a été répété, c'est une belle morale, et le critique le cite. Il donne ensuite son avis, sur le livret, dont il souligne le caractère agréable des détails et la gaîté, malgré quelques longueurs, et sur la musique, elle aussi jugée de façon positive. Les actrices qui jouent les petits savoyards « ont joué avec autant de grace que d'intérêt ».]

On a donné le mercredi 14 janvier, pour la premiere fois, & avec beaucoup de succès, les deux petits Savoyards, comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes.

La scene se passe dans un village, près de la grille d'un château, un jour d'ouverture de foire. Deux petits Savoyards se présentent pour tirer parti de leurs petits talens ; ils vendent des croquets, jouent du triangle & montrent la marmotte. Le bailli, homme fort dur, ne veut pas leur permettre de rester à la foire, & ils sont aussi surpris que scandalisés de ce qu'on leur empêche de gagner leur vie. Tandis qu'ils se défendent assez vivement en paroles, & même en gestes, le seigneur survient, les interroge, & leur gaîté, leur sensibilité, la tendresse qu'ils témoignent pour leur mere qu'ils ont laissée à deux lieues de-là, lui inspire le plus vis intérêt. Ce seigneur est un homme bienfaisant, qui, pleurant la mort de son frere, & ignorant ce que sont devenus ses neveux, se console en faisant tout le bien qu'il peut faire. Attendri par le récit de ces enfans qui n'ont point de pere, il ordonne à son valet-de-chambre de les conduire au château, & d'en avoir le plus grand soin. Dès ce moment, il a formé le projet de leur faire un sort ; mais il veut les éprouver pour savoir s'ils en sont dignes. Il les fait appeller, & propose à chacun des deux séparément, de le garder & de le rendre heureux, mais à condition' qu'il sera éloigné de son frere ou de sa mere ; & tous deux, sans s'être consultés, rejettent ses offres, chacun suivant le caractere que l'auteur lui a donné.

Le seigneur emploie la menace, & même une violence apparente. Il les fait enfermer dans deux pavillons qui se regardent. Michel, l'aîné, veut absolument parler à son frere Joseph; & il lui vient pour cela une idée analogue à son genre de vie ; il monte par la cheminée, chante d'en-haut une chanson qui engage son frere à- prendre la même route, & voilà nos deux Savoyards causant d'une cheminée à l'autre. Ils descendent, & après une courte confidence, se voyant enfermés, ils tâchent d'enfoncer la porte à coups de pieds pour prendre la fuite. Le bailli qui arrive avec une suite assez nombreuse, les prend comme en flagrant délit, & jette des soupçons sur leurs efforts pour sortir. Les deux freres se fouillent eux-mêmes ; on leur trouve un portrait qui ressemble au seigneur, & qu'on reconnoît pour être à lui ; & le seigneur lui-même, y ayant jetté les yeux, les croit coupables de vol ; mais leurs aveux, en les justifiant, découvrent un secret qui lui cause une bien agréable surprise ; ces deux enfans sont les neveux, & ce portrait est celui de son frere, le double de celui qu'il a dans son cabinet : c'est le seul bien qu'ils aient hérité de leur pere. On conçoit la joie des neveux & de l'oncle qui ordonne qu'on aille chercher leur mere. La piece se termine par un vaudeville, dont voici le dernier couplet qu'on a fait répéter :

Les deux Savoyards ! quel ouvrage !
Comment traiter ce sujet là ?
Messieurs, prononcez sur cela ;
Nous attendons votre suffrage.
Si vous approuvez, on sait bien
Que votre indulgence en est cause ;
Messieurs, c'est ainsi que de rien
Vous pouvez faire quelque chose.

Cette bagatelle, dont l'auteur est M. Marsolier des Vivetieres, est pleine de jolis détails ; & la gaîté qui l'assaisonne ne nuit point à l'intérêt, à l'expression du sentiment. Nous croyons même juste d'ajouter que la voie de l'analyse doit lui faire perdre beaucoup de son intérêt, parce qu'il consiste en tableaux & en détails. On y a néanmoins trouvé quelques longueurs qui auront sans doute disparu à la seconde représentation.

La musique, qui est de M. Daleyrac, a été vivement & très-justement applaudie. L'ouverture annonce très-heureusement le sujet ; elle offre nombre de morceaux ingénieux ; l'auteur a su profiter avec une heureuse adresse, de plusieurs airs de vielle connus, & qu'il a su rajeunir & rendre plus piquans.

Mde. St.-Aubin & Mlle Renaut cadette, ont joué avec autant de grace que d'intérêt les deux rôles de Savoyards.

(Journal de Paris ; Mercure de France ; Journal général de France.)

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