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Les Deux sentinelles (Henrion et Rougemont, 1803)

Les Deux sentinelles, comédie en un acte mêlée d’ariettes, paroles de Henrion et R**** [Balisson de Rougemont], musique de M. Doche, 4 vendémiaire an 12 [27 septembre 1803].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, an 12 (1803) :

Les Deux Sentinelles. Comédie en un acte, mêlée d’ariettes. Paroles de MM. Henrion et R****. Musique de M. Doche, Représentée pour la première fois à Paris sur le Théâtre de la Gaîté, le 4 vendémiaire an 12.

Courrier des spectacles, n° 2398 du 6 vendémiaire an 12 [29 septembre 1803], p. 2 :

[Pas de suspens, en une phrase, l’essentiel est dit : le public a sifflé à la fin, mais n’a pas manifesté pendant toute la pièce. L’intrigue est résumée de façon précise, ce qui en montre assez bien le caractère convenu et le peu d’originalité (le tuteur qui veut épouser sa pupille pour garder la dot, et se fait duper par son valet, l’affaire finissant comme il convient). Le critique n’a pas vu la première, mais la deuxième représentation, et il note qu’elle a dû bien se passer, puisque les auteurs sont sur l’affiche du jour : ils ont donc été nommés. La représentation du jour est moins convaincante : la pièce est mal jouée, du fait d’acteurs outrant le comique. Et l’article s’achève sur un apparent hors sujet, l’éloge d’une autre pièce, mieux jouée et gaie. Il faut bien sûr faire la comparaison avec les Deux sentinelles dont il vient d'être question. Plus largement, c’est tout le répertoire du théâtre de la Gaîté qui est mis en cause : il faudrait à ce spectacle de grandes pièces (et non des pièces en un acte), mais comme la Gaîté est spécialisée dans le mélodrame, le critique doute qu’il puisse présenter « de grandes pièces, et sur-tout de bonnes ». Mais c’est le public qui décide et qui procure la recette.]

Théâtre de la Gaîté.

Les Deux Sentinelles.

Ces deux Sentinelles ont été relevées hier soir par quelques coups de sifflets, quoique durant leur faction elles n'aient eu qu’à se louer de l’indulgence du public.

Pandolphe, vieux, avare et jaloux, se propose d’épouser Zerbine, sa pupille, afin de ne pas distraire la dot du trésor qu’il amasse. Crispin, qui est à son service, a su gagner le cœur de la demoiselle, et le tuteur l'a renvoyé. Dans la crainte qu’on ne lui vole son trésor, il le cache dans un nuits qui est au milieu de son jardin ; sans en faire part à personne, et sous prétexte de défendre les fruits de son verger contre les voleurs, il cherche quelqu’un qui puisse y faire sentinelle. Il jette les yeux sur Crispin, à qui il feint de rendre sa confiance. Voilà. donc Crispin en sentinelle. Mais notre avare qui se méfie de lui ne ferme pas l’œil, et armé d’un fusil il vient lui-même durant la nuit se mettre en faction pour le surveiller. Quelques mots échappés à Crispin lui font croire qu’il veut dérober son trésor, et le vent ayant fait tomber le chapeau de celui-ci dans le puits, il vent le retirer lorsque Pandolphe s’y oppose. Crispin ne reconnoissant pas son maître, le désarme facilement, puis le poussant dans sa maison, il l’enferme, descend dans le puits, où il trouve ce trésor près de son chapeau. Il ouvre la cassette et y prend un sac qui contient la dote de Zerbine. En vain Pandolphe réclame contre la violence, il est obligé de rendre cette dote, et de consentir au mariage de Zerbine avec Crispin.

La première représentation avoit sans doute été mieux accueillie du parterre, on avoit sans doute demandé les auteurs, puisque leurs noms étoient sur l’affiche, du moins il y en avoit un, celui de M. Henrion, son collaborateur ayant gardé l’anonyme.

La musique est de M. Doche.

Si cet ouvrage étoit mieux joué, peut-être feroit-il plus de plaisir ; mais les acteurs semblent outrer encore les caractères de leurs personnages, et au lieu d’exciter le rire ils fatiguent par la prétention qu’ils mettent soit dans leur jeu, soit dans leur débit.

Une piece qui attire du monde à ce théâtre, c’est celle des Trois Fanchons, dont nous avons rendu compte dans un de nos précédons numéros. Elle est jouée avec ensemble et offre plusieurs scènes pleines de gaîté.

Madame Bellemont, du Vaudeville, y assista, dit-on, il y a quelques jours ; et les auteurs, pour rendre hommage à son talent, improvisèrent en son honneur un couplet qui fut très-applaudi et redemandé.

Ce théâtre offre assez souvent des nouveautés en un acte qui réussissent, mais elles ne forment point un répertoire tel qu’on le desire aux Boulevards ; il lui faut de grandes pièces, et sur-tout de bonnes, s’il est possible qu’un mélodrame puisse jamais être une bonne piece. Mais c’est le goût des habitués des Boulevards, et les recettes dépendent du plus ou moins d’habileté à le satisfaire.

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