Elfrida

Elfrida, drame héroïque en trois actes, en vers, mêlé d'ariettes, paroles de Guillard, musique de Le Moine, 17 décembre 1791.

Théâtre Italien.

Titre :

Elfrida

Genre

drame héroïque mêlé d’ariettes

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

17 décembre 1792

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

Guillard

Compositeur(s) :

Le Moine

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 2 (février 1792), p. 338-339 :

[Le compte rendu emprunte à un certain abbé Millot le récit de l’anecdote qui sert de point de départ à la pièce, tout en disant que l’auteur l’a profondément transformée, du moins pour le dénouement, qui ne pouvait être conservé tel quel (pour quelle(s) raison(s) ?). Mais le dénouement transformé ne plaît pas au critique, qui suggère de le modifier, en le rapprochant de ce qu’il était à l’origine (sens du compromis ?). La critique s’achève sur les jugements habituels, sur la versification (« élégante & noble »), sur la musique, dont on entend qu’elle est « d’un compositeur très-distingué », sur l’interprétation (une actrice sort du lot).]

On a donné, samedi 17 décembre, la premiere représentation d'Elfrida, drame héroïque en trois actes, en vers, mêlé d'ariettes, paroles de M. Guillard, musique de M. le Moine.

Cette piece est un véritable opéra ; le sujet a été traité par Masson, poëte anglois, qui en a fait une tragédie. L'anecdote historique sur laquelle il est fondé est ainsi racontée par l'abbé Millot : « Edgar, roi d'Angleterre, succéda á son frere Edwin en 959. Elfrida étoit la fille & devoit être l'héritiere de Davon, l'un des plus grands seigneurs du royaume. Quoiqu'elle n'eût jamais paru à la cour, le bruit de sa beauté la rendoit célebre. Edgar pensa sérieusement à l'épouser ; mais ne voulant rien faire au hasard, il charge Athelwold, son favori, d'aller vers le comte sous quelque prétexte, & d'examiner si la réalité répondoit au bruit public. Les charmes d'EIfrida frapperent si vivement Athelwold, qu'il résolut de l'enlever à son maître. Il revient ; il la représente comme une femme sans beauté, & dégoûte le prince par des rapports infideles. Il lui insinue ensuite adroitement que ce parti, indigne d'un roi, conviendroit assez à la fortune d'un sujet, & qu'un riche héritage le rendroit moins difficile sur le désagrément de la figure. Edgar consent volontiers aux projets de son favori : le mariage se conclut. Le nouvel époux a grand soin de tenir sa femme cachée en province  ; mais ses envieux ou la renommée découvrirent bientôt la perfidie. Le roi, dissimulant sa colere, dit à Athelwold qu'il vouloit lui rendre visite dans son château & faire connoissance avec son épouse. Celui-ci prend les devans, sous prétexte des préparatifs nécessaires, révele tout le secret à Elfrida, & la conjure d'employer son esprit & son adresse à paroître telle qu'il l'avoit dépeinte. C'étoit lui demander un effort des plus héroïques. Elfrida, avec l'envie de plaire & peut-être de se venger, ne manque pas d'étaler toute sa grace. L'amour, la fureur, s'emparent du roi. II engage Athelwold dans une partie de chasse, le poignarde de sa propre main, & épouse sa femme bientôt après. »

Dans la piece françoise, la femme d'Athewold n'est point coquette ; elle aime passionnément son mari, partage toutes ses craintes, & finit par obtenir que le roi lui pardonne. On ne s'intéresse pas très-vivement pour lui : car on ne sait pas s'il le mérite, & le voyant aimé, on prévoit qu'il se tirera du mauvais pas où il est engagé. Il est vrai que le dénouement de l'anecdote pourroit difficilement être transporté tel qu'il est. Mais Elfrida pouvoit conserver un reste de coquetterie, être un peu piquée contre un homme qui lui avoit fait manquer une telle fortune ; étaler tous ses charmes aux yeux du roi ; réussir au-delà de son attente; en être effrayée quand elle en auroit vu les conséquences, & réparer le mal par son ascendant sur l'esprit d'Edgar. Cette maniere d'envisager le sujet auroit jetté plus de diversité dans le ton & la couleur. Quoi qu'il en soit, sans avoir un très-grand succès, la piece a été écoutée favorablement.

La versification est élégante & noble. Pour la musique, on s'est promptement apperçu qu'elle étoit d'un compositeur très-distingué. Plusieurs morceaux ont obtenu de grands applaudissemens, entr'autres un excellent trio au second acte. Madame du Gazon a contribué beaucoup à soutenir l'ouvrage ; elle a joué le principal rôle avec sa supériorité ordinaire ; & les autres ont été bien remplis par MM. Michu, Philippe & Chénard.

César : la pièce a été jouée 6 fois, du 17 décembre 1791 au 12 janvier 1792 (moins d'un mois après sa création...).

La pièce du poète anglais Mason s’intitule aussi Elfrida (1752).

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