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Eponine et Sabinus

Eponine et Sabinus, opéra en 3 actes, livret de Vial, musique de Antoine-Frédéric Gresnick 5 Pluviôse an 4 [25 janvier 1796].

Théâtre des Amis de la Patrie, rue de Louvois.

Almanach des Muses 1797.

Les biographies et bibliographiques ultérieures attribuent généralement deux actes à Eponine et Sabinus.

 

La Décade philosophique, littéraire et politique, an IV, 2e trimestre, n° 65 (20 Pluviôse, 9 Fév. 1796. v. s.), p. 300-302 :

Eponine et Sabinus, Opéra en 3 actes.

Sans doute de pompeuses décorations, des costumes neufs, des foules nombreuses de personnages muets, ou chantans, ou dansans, enfin ce qu'on appelle un beau spectacle, sont des secours qu'un auteur ne doit point dédaigner ;; mais s'il compose une pièce dans la vue d'y encadrer toutes ces choses, s'il se repose sur elles de la fortune de son drame, et ne regarde les douces émotions, les sentimens forts et vrais, que comme des accessoires, qu'il ne compte pas sur un succès véritable : il aura beau être demandé lorsque la toile tombera (honneur qu'il partage quelquefois avec le machiniste) ; sa pièce n'en sera pas meilleure pour cela ; ce n'est pas ainsi que sont faits les ouvrages qui restent,

Et qui toujours plus beaux plus ils sont regardés,
Sont au bout de vingt ans cncor redemandés.

Au surplus je laisse aux personnes qui iront voir représenter la pièce nouvelle d'Eponine et Sabinus, le soin de décider jusqu'à quel point ces réflexions lui sont applicables. «

Mais d'où vient n'y reconnait-on point [sic] l'histoire si intéressante de Sabinus et le dévouement si touchant d'Eponine ? Sabinus qui était chef d'une province de la Gaule, se révolta contre la domination des Romains, et fut vaincu ; il s'enfuit dans sa maison de campagne, y mit le feu, laissa courir le bruit qu'il avait perdu la vie dans les flammes, et se retira dans un souterrain. Eponine, sa femme, crut elle-même qu'elle l'avait perdu ; elle resta trois jours sans prendre de nourriture, lorsqu'enfin son époux parvint à lui faire connaître le lieu de sa retraite : elle s'y rendit ; elle lui consacra, neuf ans de suite, tous ses soins dans cette espèce de tombeau ; elle y mit au monde deux enfans. Mais enfin leur asyle fut découvert : on les traîna à Rome chargés de chaines ; le reste est trop affligeant.

On ne peut disconvenir que ce ne soit-là un très-beau sujet pour le pinceau du peintre et de l'auteur dramatique ; aussi en a-t-on fait plusieurs tableaux et deux tragédies ; 1'une de Passerat , l'autre de Richer, donnée en 1734. Je n'ai pas lu leurs pièces, ainsi je n'en dirai rien ; mais j'ai vu celle du théâtre des Amis de la patrie ; et loin d'y avoir recueilli des impressions profondes, je n'en ai remporté que le souvenir confus de quelques tableaux, où l'on voit trop d'art et d'apprêt ; ce sont des gens qui s'aiment et qu'on sépare, des enfans qui tendent les bras, des cavernes enfoncées, des batailles de théâtre, un tyran qu'on implore, un peuple qui se soulève. Ce drame ressemble à tout, excepté au trait d'histoire annoncé par son titre ; car ici Sabinus bien loin de rester neuf ans dans son souterrain, y reste au plus neuf quart-d'heures, ce qui est bien suffisant sans doute pour ennuyer le spectateur, mais pas pour exciter sa compassion. Encore que se passe-t-il dans ce souterrain ? Il semble qu'on devrait y voir les tendres et douloureux épanchemens des deux époux, le tableau de leur situation pénible adoucie par des soins mutuels.... Point du tout; on ne voit d'abord que les évolutions et les chants de personnages subalternes ; Sabinus ensuite, on ne sait à quel propos, sans doute pour passer le tems, donne la liberté à ses esclaves, avec toutes les circonstances de la manumission, cérémonie purement romaine, fort ridicule dans un pareil moment et dans un pareil lieu, quand même elle ne serait pas contraire aux mœurs du tems : les Gaulois n'avaient point d'esclaves.

La musique, comme le poème, rappelle ces lieux communs qu'on trouve dans tous les opéras. Point de ces motifs neufs qui étonnent, secouent l'ame du spectateur ; mais quelques beaux effets d'harmonie. Il y a un morceau d'ensemble très-estimable dans le premier acte ; mais il paraît malheureusement calqué sur un morceau assez connu d'un maître italien (de Paësiello je crois). – Le compositeur entremêle trop souvent dans ses symphonies, des solo d'instrumens ; ce qui ne sert qu'à faire briller le talent des musiciens qui les exécutent. Partout ailleurs que dans un concert, ces solo sont presque toujours déplacés : au moins faut-il les employer avec plus d'économie.

Le site César ne donne pas de nom d'auteur pour le livret, mais précise que la musique est de Antoine-Frédéric Gresnick (02 mars 1755 - 16 octobre 1799). La première serait du 25 janvier 1796 (ce qui coïncide avec l'indication de l'Almanach des Muses, mais elle aurait eu lieu au Théâtre du Lycée des Arts. Y aurait-il confusion avec le Sabinus de Chabanon, musique de Gossec, joué en 1773 et 1774, et repris en février 1796 au Théâtre des Amis de la Patrie ?

Nombre de représentations : 36 représentations, du 25 janvier 1796 au 18 septembre 1796.

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