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Être et paroître, ou les Deux voisins

Être et Paroître, ou les Deux voisins, comédie en 5 actes, en vers, de Collin d’Harleville. 21 Brumaire an 5 (11 novembre 1796).

Théâtre de la rue Feydeau

Titre :

Être et Paroître, ou les Deux voisins

Genre

comédie

Nombre d'actes :

5

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

21 Brumaire an 5 [11 novembre 1796]

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Collin d’Harleville

Almanach des Muses 1798.

Pièce retirée le lendemain de la première représentation.

La Décade philosophique, littéraire et politique, cinquième année de la République, premier trimestre (n° 7 du 10 frimaire an 7), p. 422-424 :

[Article repris dans l’Esprit des journaux français et étrangers, année 1797, volume 2 (mars-avril), p. 275-276.

La pièce est construite sur le contraste de deux personnages, l’un qui, riche, veut faire le bien en cachette, l’autre, presque ruiné, qui veut exploiter à son profit la générosité du premier. L’un veut être généreux, l’autre le paraître. Mais les moyens utilisés par celui que l’auteur désigne comme « un avare fastueux » sont pour le critique « révoltans, et ne sont pas comiques ». La pièce porte un titre qui promet trop : le public, face à un titre qui ouvre de si vastes horizons, ne peut être que déçu par ce que la pièce montre. Quant aux caractères, ils sont trop « contrastans » : « c'est une erreur de confondre les contrastes avec les oppositions », et le critique rappelle les théoriciens du théâtre pour qui « l’art de faire rire ou d'intéresser, est de mettre les caractères en opposition avec leur situation, ou les situations en opposition avec l'intérêt des personnages », ce que l’auteur n’a pas su faire : il veut trop vite «  tirer ses spectateurs d'embarras et de peine, et [...] peindre des gens heureux ». Le compte rendu s’achève par l’évocation des pièces ayant traité ce thème de l’avare fastueux (Goldoni, Desfaucherets, Collin) et qui n’ont pas réussi : le sujet n’est peut-être pas si heureux qu’il paraît.]

La pièce intitulée : Etre et paraître, ou les Deux Voisins, n'a point eu de succès.

Ces deux voisins sont Péters et Dorbelle. Le premier est un armateur célèbre et riche, mais qui, fatigué des orages de la célébrité, trouve plus doux de quitter son pays, d'afficher un extérieur pauvre, de se cacher à Paris dans un modeste entresol, où il vit obscurément, et de faire, sous le nom supposé de Bonval, beaucoup de bien, sans qu'on puisse le soupçonner d'être bienfaisant.

Le second est un égoïste très-jaloux de briller et de paraître riche, tandis qu'il est presque ruiné, qu'il laisse sa sœur et sa famille dans la misère ; il ajoute à ce vice assez bas celui de vouloir passer pour l'auteur das bienfaits cachés de Péters.

L'auteur de cette pièce s'est trompé sur l'effet de ce caractère, qu'il a mal-à-propos désigné dans son exposition comme un avare fastueux. Les moyens qu'il a fait développer à ce personnage pour satisfaire son envie de briller, sont révoltans, et ne sont pas comiques.

Nous disions dernièrement qu'on ne calcule pas assez l'influence du titre. Cette pièce en est une nouvelle preuve. Est-il rien de plus vaste que le champ annoncé par le titre d'Etre et paraître ? Molière n'eût peut-être pas osé le choisir, tant il promet de situations, de développemens, et tant il fait d'avance promener l'imagination des spectateurs, qui ensuite ne vous pardonnent pas de ne leur avoir point fait voir tout ce qu'ils attendaient.

Peut-être une faute reelle contre l'art dramatique est aussi d'avoir choisi deux caractères contrastans ; rarement ils réussissent, et c'est une erreur de confondre les contrastes avec les oppositions. On peut lire à cet égard ce qu'ont écrit Riccoboni, Diderot, et Cailhava. L'art de faire rire ou d'intéresser, est de mettre les caractères en opposition avec leur situation, ou les situations en opposition avec l'intérêt des personnages.

L'auteur ne s'est pas assez servi de ce moyen ; il est toujours trop pressé de tirer ses spectateurs d'embarras et de peine, et de peindre des gens heureux. Ce qui ôte à ses actions tout leur effet, et à ses dénouemens tout intérêt de curiosité.

Le personnage de l'Avare fastueux a déjà été reproduit plusieurs fois sans succès sur notre théâtre ; celui de Goldoni, celui de Desfaucherets, celui de Collin, sont un préjugé fâcheux pour le choix d'un sujet si heureux en apparence. Ce n'est pas ici le moment d'examiner si ce combat de deux vices dans un même personnage peut produire plus d'une scène à l'auteur qui s'en empare : cela seul ferait la manière d'un traité.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 2e année, 1796, tome IV, p. 397.

[Compte rendu qui suit celui consacré à une autre pièce de Collin-d’Harleville, les Artistes. Constat d’échec, sur lequel la critique préfère glisser discrètement : Colin (puisque son nom est réduit à ce seul nom) saura rebondir !

L'autre ouvrage du citoyen. Colin, donné au théâtre de la rue Feydeau, également en cinq actes, intitulé Etre-et-Paroître, n'a eu aucun succès. On se doute que l’auteur a mis en opposition deux personnages, dont l'un est en effet ce que l'autre veut paroître.

Nous ne nous arrêterons pas sur un ouvrage que l’auteur a retiré : c'est la première fois qu'il se voit forcé à un semblable sacrifice. Le citoyen Colin est capable de s'en venger par des succès plus éclatans encore que les premiers.

La base César connaît un Être et Paraître sans sous-titre, c’est la pièce de Collin d’Harleville, jouée seulement le 22 novembre1796 au Théâtre Feydeau. Et c’est donc bien un échec.

 

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