Évélina

Évélina, drame en trois actes, par M. Rigaud, musique de M. Quinnebault ; 27 juillet 1813.

Théâtre de l'Impératrice.

Almanach des Muses 1814.

Évélina, jeune orpheline, est aimée d'un riche lord qui lui fait des propositions qu'elle rejette avec fierté. le grand seigneur l'accuse alors d'un vol qu'elle n'a point commis. Après une foule d'événemens romanesques, Évélina est arrêtée et conduite devant un juge qui est près de la condamner, lorsqu'il reconnaît dans Évélina une nièce qu'il cherchait depuis long-temps. Le lord s'asccuse de sa perfidie, et il la répare en unissant Évélina à un jeune colonel dont elle est aimée.

Beaucoup d'invraisemblance et peu d'intérêt ; demi-succès.

Quel lien avec le roman homonyme de Fanny Burney ? Ce que j’en sais ne rend pas la filiation improbable.

Titre :

Euphrosine ou le Tyran corrigéEvélina

Genre

drame

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose (au moins une romance en vers)

Musique :

oui

Date de création :

27 juillet 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Rigaud

Compositeur(s) :

Quinnebault

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1813 :

Évélina, drame en trois actes, en prose, Par MM. Rigaud. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de S. M. l'Impératrice, le 27 juillet 1813.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1813, tome IV, p. 423-426 :

[Le compte rendu s’ouvre sur une longue explication de l’avant-scène, une histoire fort sombre. L’intrigue qui est résumée ensuite est très romanesque et d’un degré de vraisemblance faible (travestissement, amours contrariées, reconnaissance finale qui entraîne la métamorphose du persécuteur d’Evélina...). La pièce a pourtant réussi, « par l'intérêt que cette bizarre [notons l’adjectif !] aventure a inspiré, ensuite par le bon goût, la sagesse, et la correction du style », tous éléments à porter au crédit de l’auteur, « mais principalement par le charme que Mademoiselle Desbordes », l’interprète principale, qui a chanté une superbe romance qui « est de l'effet le plus touchant ». Musique de M. Quinnebault, Clozel dans le rôle du méchant, Girand dans celui de l’auteur.]

ODÉON. THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Evélina, drame en trois actes, joué le 27 juillet.

Evélina, après la mort de son père et de sa mère, est partie pour l'Irlande, afin d'y chercher le seul parent qui lui reste, et qu'elle ne peut retrouver. L'orpheline, recueillie par une charitable Lady, inspire bientôt au frère de cette Dame une grande passion. Mais Milord Murray ne veut faire d'Evélina que sa maîtresse. Ses propositions sont rejetées ; par une basse vengeance, il cache le riche écrin de sa sœur dans le secrétaire d'Evélina, et la fait accuser de vol. Elle est emprisonnée ; elle va périr : mais la bonne Lady, sans la croire innocente, favorise son évasion. Un guide, après lui avoir fait faire bien du chemin, lui remet une bourse, et lui souhaite le bonsoir. La modeste Evélina, dans cette situation , revêt des habits d'homme, et sollicite une place de garçon jardinier au château voisin. Sa bonne mine la fait bien accueillir d'un certain Franckmann, valet de chambre du seigneur du lieu. Evélina, par sa protection, est installée dans les jardins sous le nom de James : elle travaille, pendant trois ans, chez le Milord Simplon ; mais elle y joue aussi quelquefois de la guitare, et ce talent a éveillé l'attention du fils de Milord, du jeune colonel Sir Edouard, il a conçu pour le petit James un genre d'amitié qu'il ne peut définir, tandis qu'Evélina se livre au vif amour que ce jeune homme lui a inspiré.

Edouard a manqué d'être la victime d'un animal furieux ; mais Evélina s'est élancée au devant du monstre et l'a abattu. — Ici commence la pièce.

Franckmann, amoureux de Caroline, la fille du fermier voisin, reproche au petit James, c'est-à-dire à Evélina, d'oublier les services qu'il lui a rendus, et d'offrir trop de fleurs à sa jeune fermière. Ils sont interrompus par Milord. Voilà cent guinées, dit-il à James, pour prix de votre belle action : mais vous êtes une fille ; découvrez-moi votre secret, ou je vous chasse. — James aime mieux être chassé que de parler : mais la vue de la guitare lui donne l'envie de chanter encore une fois. Sa romance, roulant sur l'objet secret de son amour, attire, comme de coutume, le jeune colonel ; Evélina résiste un peu moins à ses instances qu'à celles de son père. Elle finit par lui avouer qui elle est, et s'enfuit. Cependant Milord Simplon a changé d'idée ; il veut faire conduire Evélina en Ecosse, pour que son fils ne puisse plus la voir ; mais ce projet entendu par Franckmann, qui est ravi d'apprendre que James ne peut être son rival, inspire à cet honnête valet l'idée de sauver la pauvre fille. Il lui propose de la cacher dans la ferme de Caroline, et même de lui servir de guide, pour la garantir, dit-il, d'une espèce de sauvage qui rôde depuis quelque temps autour du château.

Cette espèce de sauvage n'est autre que Milord Murray, qui, n'ayant pu vaincre sa passion pour Evélina, l'a cherchée pendant trois ans. L'aventure du sanglier la lui a fait reconnoître ; mais en même temps il a deviné qu'Evélina aimoit Sir Edouard, et sa rage s'en est accrue ; il vient renouveler ses menaces dans la ferme où Evélina s'est réfugiée. Si la pauvre fille n'accepte pas sa main, elle va retomber dans celles des archers : Murray a tout disposé pour cela ; il a écrit un billet anonyme au président des assises, qui doivent se tenir dans le château même de Milord Simplon, et la pauvre fille sera pendue le lendemain. Que faire ? Evélina fuit, et tombe dans les mains des archers qui l'attendoient.

Le président des assises d'Irlande et son laquais s'entretiennent familièrement de l'infortunée Evélina, qui dort dans une chambre voisine. Ce président annonce beaucoup de compassion pour les malheureux ; cependant il a fait arrêter Evélina sur un billet anonyme ; heureusement ce billet est accompagné d'un porte-feuille que le juge lui ordonne d'ouvrir : — Ciel ! le portrait de mon père ! s'écrie Evélina. – Ciel ! le portrait de mon frère ! s'écrie le juge. Ce bonhomme est l'oncle dont nous avons parlé. Ici tout s'éclaircit ; mais l'intérêt s'affoiblit un peu ; les habitans du château viennent se mêler à l'interrogatoire. Murray se présente pour soutenir son accusation ; sa scélératesse fait place à l'attendrissement ; il avoue ses noirceurs, demande un pardon qu'on lui accorde libéralement ; et, pour n'être pas en reste de générosité, il tire de sa poche un testament de sa sœur qui a nommé Evélina sa légataire universelle. Ce dernier trait détermine le mariage avec Sir Edouard.

La pièce a réussi, par l'intérêt que cette bizarre aventure a inspiré, ensuite par le bon goût, la sagesse, et la correction du style, mais principalement par le charme que Mademoiselle Desbordes a répandu sur toutes les parties de son rôle. La romance qu'elle chante au premier acte, est de l'effet le plus touchant. On en doit la musique à M. QUINNEBAULT, musicien de l'Opéra.

Clozel joue, à grand effet, le rôle du mauvais sujet.

L'auteur de la pièce est M. RIGAUD.

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