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L’Eléphant, ou Jocrisse apprenti cornac

L’Eléphant, ou Jocrisse apprenti cornac, folie-anecdote, de M. de la Trompe, 5 juin 1813.

Théâtre des Variétés.

Titre :

Eléphant (l’), ou Jocrisse apprenti cornac,

Genre

folie-anecdote

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

5 juin 1813

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

M. de la Trompe

Journal des arts, des sciences, et de littérature, Volume 13, n° 228 (10 juin 1813), p. 339-334 :

[Si le compte rendu commence sur un ton amusant, la suite n’en pas moins sévère : la pièce a été sifflée, et c’est mérité. Son principal attrait est justement l’éléphant construit par le machiniste, et le reste ne vaut pas grand chose. Pour tout dire, « l’action est entièrement nulle, le dialogue est fastidieux, et les couplets ressemblent en général au dialogue ». La pièce n’a pas été achevée, et pourtant elle a reparu, contre l’usage, et son sort s’est amélioré, ce qui ne rend pas la pièce meilleure.]

Après avoir été applaudi et fêté au Cirque Olympique, l'Eléphant est venu se faire siffler aux Variétés ; on ne pouvait lui faire un plus vif outrage, car il aime, dit-on, la bonne musique, et le bruit discordant des sifflets n'a rien de flatteur pour lui. Cet Eléphant, d'ailleurs, ne mérite que des éloges : il attire à lui, avec sa trompe, un panier de vin d'Espagne, et il boit dix bouteilles tout d'un trait. Ensuite, échappé de sa niche, et voulant protéger l'entrevue nocturne de deux amans, il remet une lettre à une jeune fille qui est à sa fenêtre, et comme elle ne peut lire, parce qu'il fait nuit,il l'éclaire avec une lanterne; puis il enlève la demoiselle afin de la soustraire aux poursuites de M. Lourdaud, son prétendu. Certes tout cela est vraiment admirable. Ajoutez que cet animal marche et agit comme s'il était vivant. On est redevable d'une pareille merveille au machiniste du théâtre, M. Peget, que plusieurs pièces à spectacle ont fait connaître avantageusement. C'est lui, et non M. De la Trompe (comme l'indique l'affiche), qui est le véritable auteur de l'Eléphant. Maintenant, si on me demande pourquoi on l'a si mal accueilli, je répondrai qu'il faut s'en prendre aux personnages parlans et chantans. Le tuteur, comme tous les tuteurs, est un imbécille obligé, Jocrisse est bête sans être gai, Lourdaut a tout l'esprit qui convient à son nom. L'action est entièrement nulle, le dialogue est fastidieux, et les couplets ressemblent en général au dialogue. En voici cependant un qui a déridé les spectateurs. Le tuteur fait l'éloge de l'Histoire Naturelle :

AIR du Vaudeville de Claudine.

Cette science superbe
Fait distinguer tout à tour
Le grand cèdre, du brin d’herbe,
La colombe, du vautour,
L’huitre, d’avec la syrene,
Le loup d’avec la brebis,
Le goujon, de la baleine,
Le bœuf, d’avec la souris.

La pièce n'ayant pas été achevée, les bonnes gens pensaient qu'on ne la donnerait plus, et tel était en effet l'usage autrefois établi, mais heureusement cet usage a été réformé: l'Eléphant a donc reparu. On dit même que les spectateurs, plus indulgens pour une bluette de circonstance, lui ont fait par la suite un assez bon accueil. Le ciel en soit loué : il est impossible de mieux encourager les talents médiocres.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome III, p. 448 :

[Le compte rendu rapporte de façon humoristique de la chute de l’Eléphant, un vaudeville sans surprise, avec un tuteur voulant épouser sa pupille. La fin du compte rendu laisse planer sur cet échec l’ombre maléfique de la cabale : cette chute résulterait d’un règlement de compte...]

L'Eléphant, ou Jocrisse apprentif cornac, folie-anecdote en un acte, jouée le 5 juin.

Les amateurs de Bêtes, ceux qui ont applaudi l'Esturgeon, ont sifflé l'Eléphant ! Dieu fasse paix à ce colosse. Il ne pouvoit pas faire une chute médiocre. En vain le mannequin a-t-il imité au naturel la forme et tous les talens de son modèle ; en vain, protégeant l'innocence comme un héros de mélodrame, a-t-il enlevé une jeune pupille à un méchant et ridicule tuteur ; en vain Jocrisse lui a-t-il adressé les discours les plus naïfs, rien n'a pu conjurer l'orage. Il est mort après trois jours d'agonie, et n'est pas ressuscité le troisième jour.

Quelques furets, qui sont au fait des intrigues de coulisse, ont prétendu que le véritable éléphant avoit envoyé sa cabale pour siffler son Sosie : comme on voit des auteurs ou acteurs, justement piqués d'être persifflés, se venger par la même voie de leurs malins parodistes.

L'auteur ou les auteurs ont fait nommer M. de la Trompe.

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