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L'Enchanteur Azolin, ou le Vizir imaginaire

L'Enchanteur Azolin, ou le Vizir imaginaire, mélodrame-féerie en 3 actes, à grand spectacle, de Duperche, musique de Taix, ballets de Hus le jeune, mise en scène de Ribié, 21 frimaire an 14 [12 décembre 1805].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1806 :

L'Enchanteur Azolin, ou le Visir imaginaire, mélodrame-féerie en trois actes, à grand spectacle, Par J. J. M. Duperche ; Musique de M. Taix ; ballets de M. Hus, le jeune ; Mis en scène par M. Ribié ; Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 21 frimaire an 14 (12 décembre 1805.

On trouve aussi le titre inversé : le Vizir imaginaire, ou l'Enchanteur Azolin.

Courrier des spectacles, n° 3244 du 23 frimaire an 14 [14 décembre 1805] :

[Le Vizir imaginaire prend la suite du Triomphe de David, mélodrame de Caigniez, musique de Leblanc et ballets de Hus, mais le critique invite son lecteur de ne pas s'en réjouir. Après des danses et des combats bien réalisés, il a fallu déchanter en raison d'un texte « froid et mesquin » accueilli par des sifflets. L'intrigue est une histoire orientale bien compliquée, une rivalité amoureuse entre deux hommes pour obtenir la main de la belle Zaïde. L'un des deux, voyant sa belle lui échapper, fait appel à un enchanteur, et il a la bonne fortune de sauver le sultan. Il gagne un concours pour le poste de vizir, mais il abuse de son pouvoir et néglige sa maîtresse. L'enchanteur le punit en faisant s'écrouler « tout l'échaffaudage de gloire et de bonheur » lié à son titre de vizir, et il voit sa belle épouser son rival. Ce genre de pièces, dont le critique nous donne quelques exemples, a besoin « des effets de théâtre et [de] la pompe du spectacle » pour réussir, et ici, ils sont assez mal utilisés : un beau combat au deuxième acte, mais des ballets qui auraient pu être « plus agréables ». Dans la distribution, le critique met en exergue les qualités de gaîté et de naturel de l'acteur principal. Il énumère ensuite, sans les valoriser, les auteurs des paroles, de la musique, des ballets.]

Théâtre de la Gaîté.

Le Visir imaginaire, ou l'Enchanteur Azolin.

David est si fatigué de son triomphe journalier, qu’il paroit qu’on a voulu lui ménager quelque repos, en lui donnant une espèce dt substitut ; c’est un Visir, qui n’a point fait oublier, ou plutôt qui a fait regretter son prédécesseur. Il s’est d’abord présenté avec une certaine pompe qui a pu éblouir les yeux de la multitude. Des danses et des combats bien exécutés, lui ont mérité quelques applaudissemens ; mais il lui manque, pour réussir, deux qualités essentielles, l’art de plaire et de toucher. On pourroit lui dire, comme le renard dit au corbeau :

            Sans mentir, si votre ramage
            Répondoit à votre plumage,
Vous seriez le phénix des hôtes de ces lieux

Mais le langage n’a point répondu au plumage. Le Visir a paru froid et mesquin, et tout le prestige de son premier triomphe s’est évanoui au bruit de quelques sifflets.

Un riche fermier, nommé Achmet, est sur le point d’épouser la belle Zaïde. Il a pour rival Abdala, qui, désolé de ce projet d’hymen, va invoquer le secours d’un Enchanteur, son ami. L’Enchanteur leur fournit l’occasion de se faire connoître du sultan d’Ormus. Abdala est assez heureux pour le sauver du trépas. Le Sultan reconnoissant, ouvre en leur faveur un concours pour la place de visir, et les désigne candidats; mais il leur impose des conditions. Ils doivent, avant de remplir ce poste éminent ; résoudre des questions qui seront proposées par le collége des lettrés, et sur-tout emporter de vive force une place défendue par une armée formidable. Abdala a recours à son Enchanteur; mais la science du magicien échoue ici. Abdala ne sait ni répondre, ni se battre. Achmet, au contraire, quoiqu’ignorant et poltron, parvient a résoudre les questions et à battre l’ennemi, tant les miracles sont une chose commune dans les mélodrames ! On le proclame visir, et tel qu’un nouveau Sancho, il prend possession de son palais et de son gouvernement.

Mais la prospérité lui corrompt le cœur et lui tourne la tête ; l’éclat de sa nouvelle dignité l’éblouit au point de méconnoître sa maîtresse. La belle Zaïde irritée de ses dédains, veut le fuir ; mais l’Enchanteur a retrouvé toute sa puissance. Il arrive, frappe d’un coup de baguette tout l’échaffaudage de gloire et de bonheur dont Achmet étoit si fier, et dissipe en un instant toute la pompe qui l’environne. Le bon paysan se retrouve sous sa chaumière, et pour comble de malheur, a le dépit de voir Zaïde couronner les vœux de son rival.

Ces sortes de pièces ne se soutiennent que par le prestige des effets de théâtre et la pompe du spectacle. C’est ainsi que le Pied-de-nez et Pervonte ont réussi à l’aide d’incidens multipliés ; ici cette ressource est déployée beaucoup moins habilement. Cependant le combat du second acte est très-beau, et chacun des guerriers qui l’ont exécuté ont lutté d’adresse et de précision. Ce théâtre possède des ballets plus agréables que ceux de la nouvelle pièce. Le rôle d’Achmet a été joué d’une manière très-plaisante par M. Dumenil. Cet acteur plaît par sa gaîté et son naturel.

Les auteurs du Visir imaginaire sont, pour les paroles, M. Duperche; pour la musique, M. Taix, et pour les ballets, M. Hus le jeune.

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