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L'Enchanteur Morto-Vivo

L'Enchanteur Morto-Vivo, prologue cabalistique, suivi de l'Isle du silence, ou l'Arlequin malgré lui, féerie mélodramatique, mêlée de pantomimes, en 3 actes, par J.-G.-A. Cuvelier, musique de François, créé à Paris sur le Théâtre des jeunes artistes le 18 juin 1806.

A la date du 17 juin 1806, le Courrier des spectacles, n° 3419, ne signale pas la première de l'Enchanteur Morto-Vivo, pas plus que de l'Isle du silence. Il semble qu'il n'y ait pas eu de numéro le 18, et c'est le 19 juin que le numéro 3420 annonce la deuxième représentation de « l'Isle du silence, précédée de l'Enchanteur Morto-Vivo ».

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maldan, 1806.

L'Enchanteur Morto-Vivo, prologue cabalistique suivi de l'Isle du silence ou l'Arlequin malgré lui, féerie mélodramatique, Mêlée de Scènes Pantomimes, en trois actes, A grand Spectacle, Métamorphoses, Transformations, Changemens de Décorations, Marches, Combats, etc. Par J. G. A. Cuvelier; Associé Correspondant de la Société Philotechnique. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Jeunes - Artistes , rue de Bondy, 17 Juin 1806.

Tuis, prudens, génus elige, viribus aptum...

Courrier des spectacles, n° 3421 du 20 juin 1806, p. 2-3 :

[Une pantomime, où seuls deux personnages sont doués de la parole, une fée et un magicien, on est dans l'univers féerique, qu'on ne sait pas situer dans l'espace, mais qu'importe, « dans une pantomime, s’avise-t-on jamais d’expliquer les pourquoi ? les comment ? ». L'intrigue met aux prises la méchante fée avec la malheureuse famille d'Amato-Arlequin, aidée par l'enchanteur Morto-Vivo. On retrouve la magie habituelle : il faut arracher à la fée la fleur qui orne son front pour lui faire perdre ses pouvoirs. Amato arrive à s'emparer de cette fleur, mais il se retrouve enfermé dans un souterrain enflammé, mais le bon génie intervient au moment crucial (on va marier la belle jeune fille avec celui que la fée veut lui imposer comme époux, mais Morto-Vivo révèle la vérité, les liens familiaux empêchent le mariage que la fée projetait, et tout le monde retrouve sa juste place. Fin heureuse, mais c'est la règle de ce genre de pièce. Le critique souligne que le genre féerique est désormais démodé après la vogue qu'il a connu dix ans auparavant, et que celui-ci manque de la perfection du fonctionnement des machines sans laquelle une pièce de ce genre ne peut réussir. Pour le reste, ballets, combats, travestissements, interprétation, tout est saitsfaisant. Et on a le nom des auteurs, texte et musique, mais pas danse.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

L’Isle du Silence.

L’auteur de cet ouvrage, fidèle à son titre, a rendu muets presque tous ses personnages, il n’a laissé la parole qu’à ceux à qui il ne pouvoit pas raisonnablement la ravir. Un Génie et une Fée sont les seuls qui jouissent de la prérogative de parler dans cette pièce, et la Fée, comme de raison, parle encore plus que le Magicien. Je ne sais pas trop dans quel lieu on a voulu placer cette Isle du Silence : on y voit des Espagnols, des Italiens, des Diables, etc. ; mais dans une pantomime, s’avise-t-on jamais d’expliquer les pourquoi ? les comment ?

Le jeune Amato, l’amant de Colombina, pupille du seigneur Valério, est protégé par un Génie bienfaisant, dont la puissance est cependant inférieure à celle de la Fée Vecchia ; Celle-ci, qui veut brouiller une famille qu’elle déteste, prend les traits de la Gouvernante de Colombina, parvient à éloigner Amato, et décide la jeune fille à épouser Pandolpho (c’est le prétendu qu’on lui offre) Elle cherche en même tems, à rendre Amato infidèle, en lui faisant croire que sa maîtresse le trahit ; mais Colombina est bientôt rassurée sur les sentimens de son Arlequin Amato , et celui-ci guidé par les conseils do l’Enchanteur Morto-Vivo, ennemi de Vecchia, prend tous les moyens propres à déjouer les projets de la Fée. Morto-Vivo lui apprend que cette méchante vieille doit s’offrir à ses yeux, parée de ses plus riches atours, et brillante de jeunesse afin de mieux le séduire.

Il lui révèle aussi que Vecchia possède une fleur dans laquelle réside tout son pouvoir magique. C’est une violette placée sur son front ; il ne s’agit que de l’obtenir pour détruire toute la puissance de Vecchia. Amato se présente au palais, couvert des armes d’un généreux chevalier ; il est admis près de Vecchia, qui se croit au comble de ses vœux, et qui, pour plaire à son nouvel amant, lui permet de demander tout de qu’il désire. Amalo réclame pour premier bienfait, la parole ; car il est bon de savoir que par son pouvoir, la Fée tient enchaînées toutes les langues, dans l’Isle du Silence. Il demande ensuite un gage de l’amour de sa dame, et il désigné la violette. Vecchia n’ose refuser. A peine a-t-il recouvré la parole et obtenu la violette, qu’il l'emporte contre le gré de la perfide beauté qui vouloit le perdre ; mais Vecchia est encore toute puissante dans son palais. Elle appelle à son aide les Démons ; ils saisissent Amalo et le précipitent dans un souterrain enflammé, où il éprouve mille tourmens. Cependant il parvient à s’échapper  ; mais la vieille, plus prompte que lui, a déjà rassemblé pour le mariage de Colombine et Pandolfo, et les gardes, et le peuple, et les prêtres. Au moment de la cérémonie, le tonnerre frappe l'autel, et la voix de l’enchanteur Morto-Vtvo défend de consommer cet horrible hymen ; on découvre alors que Pandolfo est le pere de Colombina, et Amato le fils de Valério ; que la fée Vecchia, par un échange criminel, a soustrait ces enfans à leurs parens, et qu’elle doit recevoir le jour même le prix de ses crimes. Envain elle veut se défendre dans son palais d’airain, où elle a renfermé Valério, Pandolfo et Colombina ; elle est obligée de céder aux armes d’Amato, qui délivre son père, celui de son amante, et qui s’unit à Colombina.

Ce genre de pantomime qui étoit en vogue il y a dix ans, et que Lazzari avoit perfectionné, doit avoir pour premier mérite celui de l’exécution. Il ne paroît pas que le machiniste de ce théâtre soit encore bien familiarisé avec ces sortes d’ouvrages, car il n’a-pas brillé dans sa partie ; mais les ballets, les combats, les travestissemens ont été exécutés d’une manière très-satisfaisante et les rôles rendus avec intelligence par des jeunes gens qui promettent de devenir un jour les soutiens de la pantomime et du mélodrame.

L’auteur de cette production est M. Cuvelier, et celui de la musique M. François.

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