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L'Enfant de l'amour (Caigniez)

L'Enfant de l'amour, mélodrame en trois actes, imité de l'allemand de Kotzebue, de Caigniez, musique de Lanusse, ballets de Millot, 25 septembre 1813.

Théâtre de l'Ambigu Comique.

C'est une nouvelle adaptation de la pièce de Kotzebue, das Kind der Liebe, de 1780, déjà adaptée en 1799.

Titre

Enfant de l’amour (l’)

Genre

mélodrame

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose

Musique :

oui

Date de création :

25 septembre 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Ambigu Comique

Auteur(s) des paroles :

Caigniez

Compositeur(s) :

Lanusse

Chorégraphe(s) :

Millot

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1813 :

L'Enfant de l'Amour, mélodrame en trois actes et en prose, Imité de l'allemand, de Kotzebue, Par M. Caigniez ; Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique, le 25 Septembre 1813. Musique de M. Lanusse. Ballets de M. Millot.

Journal des arts, des sciences, et de littérature, troisième volume (quatorzième de l’ancienne collection), n° 251 (5 octobre 1813), p. 17-18 :

[Le compte rendu s’attache d’abord à montrer que la pièce nouvelle traite aussi de la grande question du mariage et de la légitimité de l’enfant, comme le Faux mariage. L’analyse de la pièce qui suit est précise, et ne craint d’ailleurs pas d’ironiser sur un incident de représentation (l’acteur inversant deux mots). Jugée bien longue, cette analyse est encore incomplète, et bien des éléments n’ont pas été rapportés (il s’agit bien de montrer la surcharge en événements de ce genre de pièce). « La meilleure preuve de l'intérêt qu'inspire la pièce », c’est l’effet qu’elle produit sur les spectatrices, et même les spectateurs, les larmes. Pour assurer le succès de la pièce, il n’y a qu’à supprimer « deux ou trois scènes inutiles » (c’est peu de choses). L’interprétation est d’un niveau variable : deux interprètes « très-pathétiques », deux autres qui méritent des éloges, et un dernier, celui qui a le plus mauvais rôle, et « qui le remplit […] au niveau du rôle ».]

THÉATRE DE L’AMBIGU-COMIQUE.

L'Enfant de l'Amour, mélodrame en trois actes de M. Caigniez, musique de M. Lanusse, ballet de M. Millot.

Il y a, jour pour jour, un mois que le Faux Mariage a été joué au même théâtre. Ce mariage étant simulé, et les prétendus époux, d'accord pour n'opérer entre eux aucun rapprochement, il n'en pouvait résulter aucune suite. Dans la pièce nouvelle, au contraire, il n'y a point eu de mariage, même apparent, mais une liaison passagère a produit des effets assez naturels, sans doute, mais presque toujours fâcheux.

 Le baron de Vellendorf, riche et puissant seigneur, a séduit Elisa, et l'a rendue mère : elle a fui les lieux de son déshonneur. A son retour de l'armée, le baron, qui ignore sa paternité, s'est marié avec une femme qu'il n'aimait pas ; devenu veuf, il s'occupe de donner un époux à sa fille, et il serait parfaitement heureux, si le souvenir d'Elisa n'empoisonnait son bonheur ; cependant cette intrigue d'amour date de vingt ans ; mais les barons de mélodrame ont toujours la mémoire excellente. Le fils d'Elisa (Frédéric) a grandi, il a pris du service, et sa pauvre mère est accablée par la plus affreuse misère. Errante dans une forêt, elle va périr de fatigue et de besoin ; un soldat passe, l'aperçoit, et se dispose à lui faire l'aumône : il s'approche, et reconnaît sa mère, c'est alors qu'il apprend toute l'horreur de la situation de cette infortunée ; c'est alors seulement que Frédéric apprend aussi qu'il est un Enfant de l'Amour. L'épuisement où se trouve Elisa exige de prompts secours, et Frédéric n'a point d'argent. Bannissant toute honte, il se dispose à implorer la charité des passans : la première personne à laquelle il s'adresse, est précisément le baron de Vellendorf, qui, tout occuppé d'un lièvre qu'il poursuit, ne donne qu'une légère aumône. – Ce n'est point assez, dit Frédéric, il me faut une demi-couronne. — Surpris de se voir taxé, le baron s'emporte, son compagnon de chasse menace l'importun ; Frédéric a toute la pétulence d'un soldat, il tire son sabre. On l'arrête, et on le conduit au château, dans une salle dont les barreaux sont garnis de fenétres (l'acteur s'est repris à deux fois, et a fini par bien dire). Le baron acquiert la certitude que Frédéric mendiait pour secourir sa mère, malade de besoin ; cette action le réconcilie avec ce jeune homme, et le détermine à lui rendre la liberté. Un entretien a lieu : Frédéric se fait connaître, la joie du baron est au comble, il veut enrichir Elisa ; mais ce n'est point assez pour Frédéric, qui exige que le baron épouse sa victime. – C'est impossible ! s'écrie le baron. – En ce cas, je refuse vos bienfaits, et je quitte ces lieux..... L'amour paternel l'emporte, Elisa est proclamée baronne de Vellendorf.

Cette analyse est bien longue, et cependant je passe sous silence divers incidens, tels qu'une fête, un mariage projeté, un prétendu, aussi mal-adroit en amour qu'à la chasse, etc., etc.

Au lieu de juger cet ouvrage, qui, comme tous les mélodrames, prête plus ou moins à la critique, je me bornerai à dire, en historien fidèle, que non-seulement les dames, mais aussi les spectateurs, ont pour la plupart versé des larmes pendant les deux derniers actes. C'est là, sans doute, la meilleure preuve de l'intérêt qu'inspire la pièce, et l'on peut parier hardiment que le succès sera durable, surtout si l'on retranche deux ou trois scènes inutiles. – Mlle. Lévêque, dans le rôle de la fille-mère, et Grevin, dans celui de l'Enfant de l'Amour, sont très-pathétiques ; Mlles. Adèle et Frénoy méritent aussi des éloges : le plus mauvais rôle est celui du prétendu, et l'acteur qui le remplit est au niveau du rôle.                   S.

Mémorial dramatique pour l'an 1814, huitième année, p. 197-200 :

L'enfant de L'Amour , mélodrame en 3 actes, à spectacle, imité de l'allemand de Kotzbue, par M. Caignez. ( 15 septembre. )

Le succès que cet ouvrage a obtenu est bien flatteur pour son auteur ; il a fait répandre des larmes, et a mérité l'approbation des gens de goût. Point de niais, point de tyrans, point de meurtre ni d'emprisonnement, mais des scènes pleines d'intérêt et de» situations éminemment dramatiques. Voilà ce qu'on y trouve et ce qui doit lui assurer un grand nombre de représentations.

La jeune Elisa Boëtmer a été remarquée par la baronne de Vellendorf, ses graces enfantines ont fixé son attention ; Elisa appartenait à des parens honnêtes, mais pauvres, la baronne fut chargée de l'élever, elle lui a donné de l'éducation, des talens, elle en a fait sa fille adoptive ; 1a baronne avait un fils au service de Saxe, ce fils vint passer quelques tems au château, il vit Elisa, en devint épris, osat [sic] le lui dire, le cœur de la jeune fille fut ému, bientôt le jeune baron fut payé de retour, nos amans furent imprudens, et des marques certaines annoncèrent d'une manière non équivoque, leur liaison. Adolphe promit de tout réparer un jour, Elisa promit de ne point nommer son séducteur. Le baron retourna à son régiment, Elisa interrogée sur sa situation, garda le silence ; elle fut ignominieusement chassée du château, repoussée par son père ; sans asile, sans moyen d'existence, elle fut enfin accueillie par un pauvre pasteur ; elle mit au jour Frédéric, et s'aidant du travail de ses mains, elle l'éleva jusqu'à l'âge où il fut en état de se mettre au service. Le baron avait oublié ses promesses, ses sermens ; i! s'était marié avec une riche héritière : Elisa lui avait écrit deux fois, ses lettres étaient restées sans réponse. Une maladie cruelle vint replonger Elisa dans la pins affreuse misère, elle est réduite à mendier pour subvenir à son existence et c'est dans ce déplorable état qu'elle s'achemine vers la ville qui l'a vue naître. Pendant ce tems le baron devenu veuf, jouit de son immense fortune. Cependant le souvenir d'Elisa empoisonne par fois son bonheur.

Elisa, exténuée de fatigues et de besoin, erre dans les enviions du château ; elle est prête d'expirer, lorsqu'un jeune militaire arrive en frédonnant la chanson militaire ; il voit la pauvre femme, il veut lui donner la dernière pièce de monnaie qu'il possède, il s'approche... c'est sa mère, c'est Frédéric qu'Elisa presse dans ses bras. Alors elle lui apprend l'état dans lequel elle se trouve, et, pour la première fois, elle lui dit qu'il est un enfant de l'amour. Leur situation est déchirante : Frédéric ne possède rien, Elisa est mourante ; il la confie aux soins d'un bon paysan, et, banissant toute honte, c'est lui qui va demander l'aumône pour secourir sa mère ; la première personne à laquelle il s'adresse, est le baron de Vellendorf, qui chasse dans la foret. Le baron lui donne un léger secours. « Ce n'est point assez, lui dit Frédéric, il me faut une demi-couronne pour arracher ma mère à son affreuse position. » Le baron surpris de se voir taxer par un mendiant, s'emporte; Frédéric est vif, impétueux, il répond ; le baron le traite de lâche, de déserteur ; Frédéric ne se connaît plus, et lève son sabre sur son père; On accourt : Frédéric est arrêté et conduit au château.

Cependant le baron a fait prendre des informations, et acquis la certitude que c'est réellement pour sa mère que ce jeune homme mendiait. Ce dévouement le réconcilie avec lui, il ne veut point donner suite à cette affaire, il veut même rendre la liberté à Frédéric, et le mettre pour quelque temps à l'abri du besoin ; il a une entrevue avec lui. Mais que devient-il, lorsque, dans cette scène, Frédéric se fait connaître pour le fils d'Elisa. Le baron embrasse son fils, le couvre de baisers, veut enrichir Elisa. « Ce n'est point assez, Monsieur, lui dit Frédéric, il faut par un acte solennel réparer vos torts, il faut épouser ma mère. — Cela est impossible. — En ce cas, reprenez vos bienfaits, et oubliez-moi, je pars. » Le baron ne peut résister, il consent à tout. Elisa est dans ses bras, et c'est avec toute l'effusion du cœur qu'il la proclame baronne de Vellendorf.

La musique de cette pièce est de M. Lanusse, et le ballet, qui a été fort applaudi, de M. Millot.

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