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L'Enfant du Mystère, ou les Amans du quinzième siècle

L'Enfant du Mystère, ou les Amans du quinzième siècle, pantomime en 3 actes, à grand spectacle, marches, combats, évolutions militaires, de Hapdé, musique de Guebaur, ballets de Blondin, 13 germinal an 8 [3 avril 1800].

Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale

Le Courrier des spectacles du 13 germinal an 8, qui annonce la première représentation, précise qu’il s’agit d’une « pantomime en 3 actes, avec des costumes, décors et ballets nouveaux ».

Almanach des Muses 1801

Sur la page de titre de la brochure, Paris, Au théâtre de la Cité, an VIII :

L'Enfant du mystère, ou les amans du XV siècle, pantomime En trois actes, à grand spectacle, marches, combats, évolutions militaires ; musique nouvelle du C. Guebaur, balets nouveaux du C. Blondin, décors du C. Mœnk, costumes du temps, incendie, explosion, démolitions, etc. Représentée sur le théâtre de la Cité-Variétés, le 13 Germinal, an VIII. Par J.-B. Hapdé.

 

Après la liste des personnages, le lieu et le temps :

La scène se passe vers le commencement du XVe siècle, aux environs de la ville d'Aix en Provence.

La pièce a reparu en octobre 1800 sur le même théâtre, sous le titre nouveau du Troubadour ou l'Enfant de l'amour, avec peu de modifications si on en croit Louis-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris : le Théâtre de la Cité, 1792-1807, p. 215.

Courrier des spectacles n° 1126 du 14 germinal an 8 [4 avril 1800], p. 2 :

[On note seulement la nouveauté de l’explication de « quelques improbations » : la longueur excessive des entractes. « La médiocrité de l'ouvrage » est hors de cause.]

Théâtre de la Cité-Variétés.

La pantomime donnée hier à ce théâtre, sous le titre de l’Enfant du Mystère, obtint beaucoup de succès, malgré quelques improbations que nous avons attribuées plûtôt à la longueur des entr’actes qu’à la médiocrité de l’ouvrage. A demain l’analyse.

Courrier des spectacles n° 1127 du 15 germinal an 8 [5 avril 1800], p. 2 :

[L’analyse promise la veille commence directement par le résumé de l’intrigue, pleine de rebondissements, comme il se doit. Le suspens est entretenu à grands coups de retournements de situation, parfois un peu répétitifs. Le jugement du critique est plutôt favorable (« des situations bien ménagées, un intérêt soutenu »), mais le critique a tout de même une objection : comment Mirthil peut-il descendre avant Zilia, la laissant seule au milieu des ennemis ? Il y voit un manque de délicatesse. Sinon, bravo pour les acteurs, qui ont joué avec ensemble. Une seule actrice est nommée (le rôle de Zilia était mal joué ?). Et l’auteur, qui est aussi l’administrateur du théâtre a tout fait pour que sa pièce réussisse, costumes et décorations.

Théâtre de la Cité-Variétés.

Voici l’analyse de la pantomime de l’Enfant, du Mystère :

Mirthil, jeune Troubadour, élève secrètement Emma, fruit de ses amours avec Zilia, pastourelle qui demeure près du château du seigneur Mongoldi. Ce dernier, épris des charmes de Zilia, cherche à la séduire par les offres les plus éblouissantes ; mais elle oppose à ses désirs son titre de mère et présente son enfant. A cette vue, Mon goldi furieux fait enlever et la mère et le fils, que l’on entraîne dans le château. Mirthil, instruit du sort malheureux de son amante, cherche à la délivrer, et suivi du fidèle Léon, son serviteur, il pénètre dans le château de Mongoldi, sous l’habit de Troubadour. Zilia à sa vue se trahit, et son tyran, qui l’observe et qui a entre les mains le portrait de son amant, donne l’ordre secret de l’empoisonner lui et son serviteur. Déjà les coupes sont prêtes, on boit, on chante. Tandis que Myrthil et Léon fixent l’attention des écuyers du château, un de ces derniers se détache et verse secrettement dans les verres des Troubadours un poison subtil et violent. Son crime n’a pas échappé à tous les yeux. Zilia, du haut de la terrasse, le voit, et tremblant pour les jours de son amant, elle descend précipitamment, fait tourner le guéridon sur son pivot, et par ce moyen change les verres de place. Les Ecuyers boivent et tombent roides morts par l’effet du poison. Myrthil et Léon, secondés de quelques Ménétriers, enlèvent Zilia et son fils : mais bientôt arrêtés de nouveau, on les enferme dans une prison, où Léon parvient encore à briser leurs fers et à en charger Mongoldi, qui y pénètre pour faire consentir Zilia à ses désirs. La porte s’ouvre devant eux, les voilà hors de la prison et sur les remparts. Les Ménétriers avertis par un signal convenu, leur jettent une échelle de cordes. Léon descend avec Emma, Myrthil le suit ; Zilia seule est restée et va échapper lorsque l’échelle casse. Mongoldi furieux rassemble ses soldats, la mêlée s’engage, le tyran vaincu, qui est parvenu à se rendre une seconde fois maître de l’enfant, embrâse lui-même son château ; Myrthil sauve Zilia du milieu des flammes ; Léon retire l’enfant du précipice ou l’a jetté Mongoldi, qui reçoit le châtiment de ses crimes.

Il y a dans cette pantomime des situations bien ménagées, un intérêt soutenu, mais nous n’approuvons pas le moyen qu’a pris l’auteur pour son dénouement. Il n’étoit pas naturel que Léon et Myrthil descendissent avant Zilia, et la laissassent ainsi exposée au péril. Myrthil sur-tout devoit avoir assez de délicatesse pour voir sa femme hors de tout danger plutôt que lui-même.

Cette pantomime est rendue avec beaucoup d’ensemble par les citoyens Tautin, St-Aubin, et sur-tout par le citoyen Gougibus , qui a fait preuve de talent et d’intelligence.

Mademoiselle Dumouchel, chargée du rôle de Pastourelle, y a recueilli des applaudissemens bien mérités.

L’auteur est le citoyen Hapdé, administrateur de ce théâtre, qui n’a rien négligé pour mettre toute la fraîcheur et tout le soin possibles dans les costumes et les décorations.

F. J. B. G***.

Louis-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris : le Théâtre de la Cité, 1792-1807, p. 201-202 :

[On sent tout de même un peu de réticence dans le résumé que Lecomte, qu'il est difficile d'étonner, livre d'une intrigue assez étonnante.]

13 germinal (3 avril) : L'Enfant du mystère, ou les Amants du XVe siècle, pantomime en 3 actes, par J.-B. Hapdé. musique de Guébaur, ballets de Blondin. décors de Mœnk.

Myrthil

CC.  

Tautin.

Léon

GouGiBus.

Mongoldi

Cammaille.

1er écuyer

Dominique,

Le Bailli

Saint-Martin.

Un geôlier

Barotteau.

Zilia

Cnes  

A. Dumouchel.

Georgine

Hainault.

Emma

Barre (début).

Un fils est né des amours secrètes du troubadour Myrthil avec la pastourelle Zilia, fils qui a reçu le nom bizarre d'Emma. Zilia est une beauté dont Mongoldi, seigneur des environs d'Aix, s'éprend violemment. Il la demande à sa mère Georgine, qui consent avec joie à l'avoir pour gendre ; mais, fidèle à son amant, la pastourelle refuse l'honneur qu'on veut lui faire en révélant à tous la naissance d'Emma. Furieux, Mongoldi sépare l'enfant de la mère et entraîne celle-ci dans son castel où il lui donne une fête brillante. Profitant de la circonstance, Myrthil et son serviteur Léon pénètrent chez le seigneur. Mongoldi reconnaît son rival et lui fait offrir une coupe empoisonnée ; Zilia sauve son amant et s'enfuit avec lui. On la rattrape pour la jeter dans une prison où elle devra finir ses jours ; Myrthil parvient auprès d'elle avec Emma, et tous deux liment ses fers dont ils chargent ensuite Mongoldi venu pour insulter sa victime. Nouvelle fuite des amants, qu'on reprend encore et qu'on enferme dans une tourelle. Les partisans du troubadour et ceux du seigneur en viennent aux mains. Mongoldi, qui peut s'emparer d'Emma, le jette dans un fossé, met le feu à son château et se brûle la cervelle. Le château s'écroulant laisse apercevoir Zilia enchaînée ; Myrthil la délivre et met entre ses bras Emma que Léon a sauvé. Tout le monde s'embrasse et bénit alors une journée déplorable pour le crime, fortunée pour l'amour.

On retrouve dans cette pantomime les combinaisons essentielles du genre ; ayant maintes fois réussi, rien ne les empêchait d'obtenir encore un accueil favorable.

 

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