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L'Enlevement des Sabines (Picard, Devienne, 1793)

L'Enlevement des Sabines, piece en vaudevilles en deux actes, de Picard, musique de Devienne, 31 octobre 1792.

Théâtre de la rue Feydeau.

Titre :

Enlèvement des Sabines (l’)

Genre

pièce en vaudevilles

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles et musique originale de Devienne

Date de création :

31 octobre 1792

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Picard

Compositeur(s) :

Devienne

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 1 (janvier 1793), p. 377-380 :

[Le compte rendu souligne l’originalité du sujet, jamais mis au théâtre, et qui correspond bien à l’esprit du vaudeville. Bien sûr, il reproche encore de la longueur ! Le résumé montre en quoi la pièce a innové : tout s’y déroule sous l’influence du vin, que les Romains utilisent généreusement pour arriver à leurs fins. Félicitations à M. Juliet pour la façon magistrale dont il incarne le rôle d’un ivrogne. A la longueur près, le bilan est positif : « En général, il y a de la gaieté, de l'originalité & beaucoup d'esprit dans cet ouvrage ; mais il demande à être resserré, & sur-tout à être joué avec plus d'ensemble & de chaleur. » Compliments pour l’ouverture et pour les couplets.]

THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.

L'enlevement des Sabines est un sujet très-heureux pour le vaudeville, mais qui n'avoit pas encore été joué sur aucun théatre. Quelques auteurs l'ont traité, mais ou ils l'ont gardé en porte-feuille, ou ils l'ont fait jouer sur des théatres de société. Ce trait d'histoire est connu de tout le monde sans doute ; cependant l'auteur de l'ouvrage s'y est permis des changemens assez piquans, & qui auroient produit plus d'effet si sa piece eût été moins longue. Voici comment il a conçu son plan. Les Romains viennent- de fonder leur empire ; mais ils n'ont point de femmes pour perpétuer leur nom, & brûlent du désir d'obtenir en mariage les filles des Sabins leurs voisins. Ceux-ci, de leur côté, voient des vignes cultivées sur les coteaux de la ville naissante de Rome, & comme ils n'ont jamais goûté de cette liqueur bachique, ils se proposent d'en demander à leurs voisins les Romains. Les deux peuples se visitent : Romulus, d'une part, & Tatius de l'autre, se font des propositions réciproques : les Sabins demandent du vin ; mais quand ils apprennent qu'ils n'en obtiendront qu'à condition qu'ils donneront leurs filles, ils se refusent à tout accommodement. Les Romains alors se décident à un enlevement : ils invitent les Sabins à la fête de Mars, & se proposent de les faire boire de maniere à ce qu'ils s'endorment & ne s'apperçoivent point de l'absence de leurs filles. Cependant Romulus, comme prince, veut avoir la princesse Cassie, qu'il ne connoît pas, mais dont le rang flatte sa vanité : ceci contrarie un peu Tullus, qui est aimé en secret de Cassie. Tullus témoigne ses inquiétudes à son amante, qui en rit, & n'en est pas moins décidée à venir à la fête avec sa confidente, mais toutes deux voilées. Les Sabins se rendent en effet dans le cirque. On leur verse des flots de vin ; ils s'endorment pendant la fête : dès qu'elle est finie, les Romains enlevent toutes les filles, & ne laissent que les vieilles femmes. Les Sabins se réveillent, s'apperçoivent du tour qu'on leur a joué, s'arment, & veulent déclarer la guerre à leurs perfides voisins ; mais on leur promet de leur fournir autant de vin qu'ils en désireront, & tout s'arrange. Cassie, au-lieu de se jetter dans les bras de Romulus, s'est précipitée dans ceux de Tullus. Romulus se contente de la confidente, & les deux amans ne sont point séparés.

Il y a dans cette piece un rôle d'ivrogne, Pompilius, premier ministre de Tatius, qui est parfaitement rendu par M. Juliet : cet acteur sait varier tous ses rôles avec beaucoup d'art, & leur donner à chacun un caractere différent : il a été singuliérement applaudi. En général, il y a de la gaieté, de l'originalité & beaucoup d'esprit dans cet ouvrage ; mais il demande à être resserré, & sur-tout à être joué avec plus d'ensemble & de chaleur. L'ouverture est faite avec beaucoup d'esprit : elle a excité de nombreux applaudissemens : on a redemandé plusieurs couplets, entr'autres celui-ci, chanté avec infiniment de comique, par M. Juliet. Pompilius se flatte que sa femme, qui est vieille, laide & acariâtre, a été enlevée avec les autres : en conséquence il boit tant qu'il peut, & chante très-gaiement :

Air: Regards vifs & joli maintien.

Ciel ! j'apperçois encor du vin :
Je ne puis m'empêcher d'en prendre.
Je veux un peu me mettre en train,
Pour savoir si j'ai le vin tendre.
Je ne vois plus ma femme : eh mais !
De la liqueur enchanteresse
C'est sans doute un des bons effets :
Or, pour ne la revoir jamais,
Conservons toujours (bis) notre ivresse. (bis)

César : pièce en 2 actes. L'auteur des paroles est donné comme inconnu (le musicien est bien François Devienne). Première représentation le 31 octobre 1792. 7 représentations au Théâtre Feydeau jusqu'au 28 novembre 1792. Puis une représentation au Théâtre de la rue de Louvois, le 10 mars 1796.

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