L'Esclave

L'Esclave, opéra en un acte, de Gosse, musique de Bruni, 25 ventôse an 8 [16 mars 1800].

Théâtre Feydeau

Titre :

Esclave (l’)

Genre

opéra (comique)

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

25 ventôse an 8 (16 mars 1800)

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Gosse

Compositeur(s) :

Bruni

Almanach des Muses 1801

Don Henriquez veut que Valesco, son fils, embrasse l'état ecclésiastique ; mais Valesco montre d'autant plus d'opposition qu'il aime Rosalba dont il est aimé. Le père, instruit de cette intrigue amoureuse, a le projet de déshériter son fils, et d'acheter une esclave qu'il fera donataire de tous ses biens. Ce projet s'accomplit ; mais c'est Rosalba que don Henriquez achète comme esclave. De-là des scènes piquantes, qui amènent un dénouement heureux pour les amans.

Des idées ingénieuses, de jolis détails ; sujet qui pouvait être plus développé et fournir plus de situations agréables et comiques.

Jolie musique.

Courrier des spectacles, n° 1108 du 26 ventôse an 8 [17 mars 1800], p. 2 :

[Le compte rendu commence plutôt mal : des détails qui rachètent le fonds, cela veut dire plus une ébauche qu’une pièce achevée : il y avait mieux à tirer du sujet, selon le critique. Le résumé de l’intrigue occupe l’essentiel de l’article, une histoire un peu romanesque, située dans une Espagne de convention, et qui finit bien entendu par le mariage attendu. Le jugement final est plutôt gentil : « Des idées très-heureuses, un dialogue facile, plusieurs morceaux de musique très-agréables », mise en avant d’une chanteuse. La pièce a eu du succès malgré sa froideur, l’invraisemblance d’un des rôles principaux, l’insignifiance d’un autre personnage, et les auteurs, nommés, ont été très applaudis.]

Théâtre Feydeau.

Encore un ouvrage dont les détails rachètent le fonds. L’Esclave n’est en effet qu’une ébauche heureuse, et l’auteur de cette petite pièce pouvoit la rendre bien autrement intéressante, en tirant plus de parti de différentes situations qui, pour ainsi dire, ne sont qu’indiquées. Le sujet en lui-même est fort simple.

Dom Henrriques, riche habitant de Cadix, destine Valesco, son fils, à l’état ecclésiastique, et lui a obtenu un canonicat. Valesco n’a aucune disposition à entrer dans cet état : il aime Rosalba et en est aimé ; mais Rosalba n’a point de fortune, et cette inclination déplaît à Henriques, qui pour punir son fils, veut acheter d’un Arabe nouvellement débarqué une Esclave à laquelle il donnera tout son bien.

La généreuse Rosalba est instruite des intentions d’Henriques ; elle va trouver le chef d’Esclaves, le met (on ne sait trop comment) dans ses intérêts, et se fait présenter par lui à Henriques, comme Esclave géorgienne conquise sur un corsaire français.

Elle fixe le choix d’Henriques, qui s’informe de ses qualités personnelles : l’Esclave annonce au vieillard qu’elle s’appliquera sur-tout à le consoler ; car un père est malheureux quand il est privé de la présence d’un fils dont les caresses sont bien plus douces que les prévenances et la soumission d’une Esclave. Fabio, valet d’Henriques, est venu effectivement annoncer à ce dernier que son fils désespéré alloit s’embarquer pour une expédition lointaine et périlleuse ; le canon donne le signal du départ de la flotte ; l’Esclave profite de l’impression que cette circonstance fait sur Henriques, et le presse d’aller, s’il en est tems encore, empêcher le départ de Valesco. Henriques vole au port.

Fabio, d’abord prévenu contre l’Esclave qui doit envahir tous les droits de Valesco, connoît mieux les senti mens délicats dont elle est animée, et lui conseille, pour gagner davantage l’attachement du père, de dire à Valesco beaucoup de mal de Rosalba, de la peindre, en un mot, comme la plus coquette des femmes.

Henriques a ramené son fils, et. le laisse seul avec l’Esclave, dans l’espérance qu’elle emploiera ses soins à lui faire abandonner le projet d’épouser Rosalba. Valesco lui demande de quel droit elle prétend lui donner des conseils ; Rosalba se découvre . . . Mais les charmes de cette reconnoissance sont mêlés d’amertume : chacun veut fuir de Cadix pour assurer le bonheur de l’autre ; le père qui survient est témoin de ce combat ; l’Esclave s’avoue Rosalba, et le père l’unit à son fils.

Des idées très-heureuses, un dialogue facile, plusieurs morceaux de musique très-agréables, notamment celui que madame Scio chante dans la scène de l’Esclave avec Henriques, le jeu parfait, l’expression touchante et la voix délicieuse de cette excellente actrice ont contribué au succès de cette pièce, un peu froide, on le répète, et qui pêche principalement par l’invraisemblance du rôle. d’Henrique , et par l’insignifiance de celui d’Uscar, chef d’esclaves. Les auteurs ont été demandés, les noms des citoyens Gosse et Bruni ont été entendus avec plaisir, et reçus par beaucoup d’applaudissernens.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome VI, pluviôse an VIII [février-mars 1800], p. 218-220 :

[Il faudra attendre la deuxième moitié de l’article pour savoir le véritable nom de la pièce (l'Esclave, et non Henriquez), dont le critique nous fait le résumé de l’intrigue, intrigue dans laquelle on reconnaît bien des traits rebattus (la femme cachée sous un pseudonyme et un voile, par exemple). Après le mariage qui « finit [la pièce] comme tant d’autres », la pièce est nommée, son succès est reconnu, avec des qualités importantes (« Le style nous a paru soigné ; la marche de la pièce est assez rapide ; les scènes principales sont filées avec art », mais aussi des défauts (invraisemblance des situations, et aussi faible nouveauté). Elle a de l’intérêt, et la musique « est à la fois forte & gracieuse, chantante & dramatique ». Les auteurs ont été nommés. Aucune information sur les interprètes.]

THÉATRE LYRIQUE DE LA RUE FEYDEAU.

Henriquez, opéra en un acte.

Henriquez, riche habitant de Cadix, veut déshériter son fils Varescot, parce que celui-ci éperduement amoureux d'une jeune femme, nommée Rosalba, refuse d'embrasser l'état ecclésiastique. Rosalba n'est point connue d'Henriquez ; c'est pourquoi apprenant qu'il veut acheter une esclave, elle se présente à lui, sous le nom de Laure, & conduite avec d'autres femmes par un marchand arménien. Ce premier moyen réussit ; la prétendue Laure, honorablement distinguée de ses compagnes, est aussitôt admise dans la maison de l'Espagnol, où elle doit être traitée en servante maîtresse. Cependant Varescot, disgracié par son père, est sur le point de s'embarquer pour fuir à jamais sa patrie. L'esclave, à qui l'on supposoit d'abord le dessein de nuire à ce jeune homme, pour s'approprier son héritage, s'empresse au contraire de plaider sa cause, & parvient même à émouvoir le cœur du père. Un coup de canon se fait entendre. Il annonce le départ d'un vaisseau. Henriquez, au désespoir, se précipite vers le port, & a le bonheur d'y trouver encore son fils. Il le ramène, & le présente à Laure, en lui conseillant d'écouter les avis de la jeune étrangère. Celle-ci reste voilée, & n'est point reconnue de son amant ; mais dans un tête à tête où Varescot la traite assez mal, elle découvre son visage, & la reconnoissance se fait aussitôt avec toute la chaleur requise en pareil cas. Henriquez survient alors, écoute leur entretien, & en est tellement édifié ; qu'il veut sur le champ les unir. Rosalba profite d'une si bonne disposition pour faire connoître son vrai nom ; on lui pardonne sa ruse, & la pièce finit comme tant d'autres, par le mariage des deux amans.

Tel est le sujet de l'opéra en un acte (l'Esclave), joué dernièrement pour la première fois sur ce théâtre avec beaucoup de succès. Le style nous a paru soigné ; la marche de la pièce est assez rapide ; les scènes principales sont filées avec art, mais il nous semble qu'il y a de l'invraisemblance dans les événemens, & que la plupart des situations n'ont pas le mérite de la nouveauté. Quoi qu'il en soit, cette production ne manque pas d'intérêt, & ne peut qu'être vue avec plaisir. On ne doit pas moins d'applaudissemens à la partie musicale ; elle est à la fois forte & gracieuse, chantante & dramatique.

Les auteurs ont été demandés & nommés. Ce sont les CC. Gosse pour le poëme, & Bruni pour la musique.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, volume VI, p. 414 :

Cette bluette, jouée le 25 ventôse an 8, offre le germe de plusieurs situations comiques, mais qui ne sont qu'indiquées. Elle annonce du talent, un dialogue facile, mais un plan trop peu travaillé. La musique a fait le succès de cet opéra ; elle et du C. Bruni, et les paroles du C. Gosse.

Porte-feuille français Pour l'An IX (1801), p. 207 :

L'Esclave, opéra en un acte, paroles de Gosse, musique de Bruni, représenté le 25 Ventôse.

Des idées heureuses, un dialogue facile, un style pur et soigné. Mais point de succès.

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