L’Espiègle (Patrat, 1797)

L’Espiègle, comédie en deux actes, mêlée de vaudevilles, de Joseph Patrat. 28 brumaire an 6 [18 novembre 1797].

Théâtre de l’Odéon

Almanach des Muses 1799.

Un enfant très-malin a découvert que sa sœur est éprise d’un jeune homme aimable qui n’ose se déclarer. Il voit en même temps que son père la destine à un fat qui la rendrait malheureuse. Il veut écarter ce dernier, et, pour y réussir, il encourage les aveux de l’amant timide et se déguise en femme. C’est une jeune et riche héritière qui vient offrir sa fortune et sa main au protégé du père. Le fat est pris au piège ; le père, éclairé sur son compte, consent au mariage de sa fille avec l’amant que son cœur préférait.

Pièce agréable. Quelques longueurs. Du succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Fauvel, an 6 de la République :

L'Espiègle, comédie en deux actes, mêlée de vaudevilles ; Par J. Patrat ; Représentée pour la première fois au Théâtre de l'Odéon, le 28 brumaire an 6.

Courrier des spectacles, n° 271 du 29 brumaire an 6 (Dimanche 19 Novembre 1797), p. 2 :

[La nouvelle pièce est une « bleuette », et elle a eu « le plus grand succès ». L’intrigue est résumée avec précision (à condition de comprendre que le rôle d’Eugène est un rôle travesti, joué par une femme), et permet d’anticiper sur le paragraphe final : certes, des applaudissements enthousiastes, mais le critique ne trouve à sauver que quelques couplets. Sinon, longueurs et froideur à l’acte un, trivialités au second. Intrigue rebattue, rôle de l’espiègle inadapté à l’âge du personnage d’Eugène, par ailleurs indécent, tout comme le rôle d’Armantine, une « demoiselle bien née » qui fait des avances à son amant. L’actrice qui joue Eugène a bien joué, mais les autres acteurs chantent bien mal. L’auteur a été appelé « à grands cris ».]

Théâtre de l'Odéon.

L’on a donné hier à ce théâtre une petite bleuette intitulée l’Espiègle, vaudeville en deux actes ; elle a eu le plus grand succès. En voici l’analyse :

Valcourt aime secrettement Armantine, dont il est vivement aimé ; le père de celle-ci a promis sa fille à un nommé Poulo de Betizet, jeune homme provincial, et d’un naturel fort sot. Il, y a un dédit de 10,000 liv. ; le père d’Armantine prie Valcourt d’employer toute son éloquence pour décider sa fille à cet heureux mariage ; mais Eugène son frère, jeune espiègle, et qui a étudié avec Poulo de Betizet, s’oppose fortement à cet hymen, et desire faire épouser sa sœur à Valcourt.

Il se ressouvient qu’étant au collège, il lui écrivoit des lettres d’amour, sous le nom supposé d’une riche héritière, et que Poulo de Betizet couroit par toute la ville, afin de découvrir sa conquête. Eugène forme là-dessus son projet ; en conséquence, il lui écrit une lettre sous le même nom de la riche héritière, et vient bientôt lui-même sous ce déguisement, il lui vante son amour, ses biens, Poulo est ébloui, il abandonne volontiers Armantine pour épouser une femme aussi fortunée ; Eugène exige que Poulo lui sacrifie le dédit, il y consent. Le père d’Armantine arrive avec sa fille et Valcourt, qui avoit pris le parti de la fuite, plutôt que de déclarer sa passion à la fille de son bienfaiteur. Poulo annonce à Armantine qu’il se soucie fort peu de l’épouser, et qu’il a trouvé un parti beau coup plus avantageux que le sien ; il se retourne pour montrer sa riche héritière, mais il ne voit plus que l’espiègle Eugène qui a quitté sond éguisement ; Eugène déchire le dédit, et Valcourt est uni à Armantine.

Ce vaudeville a été applaudi avec transports, cependant à l’exception de quelques jolis couplets, cette pièce est remplie de longueurs et de froideur au premier acte, et de trivialités au second. L’intrigue n’a rien de nouveau ; le rôle de l’espiègle est infiniment trop au-dessus de l’âge d’Eugène ; il n’est pas seulement espiègle, il est très-leste en propos, intrigant en amour ; enfin ce rôle est trop forcé, celui d’Armantine ne l’est guères moins ; c’est elle qui fait toutes les avances vis-a-vis de Valcourt, et on avouera que ce n’est pas ainsi que doit agir une demoiselle bien née. Le rôle de l’Espiègle a été bien joué par la cit. Dorsonville ; les autres rôles ont été assez bien remplis, mais faiblement ou faussement chantés. L’auteur a été demandé à grands cris, c’est le cit. Patrat.

Tableau historique, littéraire et politique de l'an VI de la République française, p. 213 :

L'espiègle, opéra-comique, en deux actes, du citoyen Patrat. — Cette pièce appartient plutôt au Vaudeville qu'au grand théâtre où elle a été représentée ; nonobstant cela, elle a parfaitement réussie, grâce à la correction de son style et à la beauté de son dialogue. Elle est ornée de très-jolis couplets ; presque tous les rôles ont été chantés très-agréable-ment par les acteurs.

Dans la base César : succès remarquable : la pièce a été jouée, dans divers théâtres, 9 fois en 1797 à partir du 18 novembre à l'Odéon), 45 fois en 1798 (d'abord à l'Odéon, puis au Théâtre des Amis de la aptrie et au Théâtre d’Émulation (salle Louvois), et 1 seule fois au Théâtre du Marais) et 2 fois en 1799 (les 14 et 19 janvier, au Théâtre de Mareux.

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