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Les Ecriteaux, ou Lesage à la Foire Saint-Germain

Les Écriteaux, ou Lesage à la Foire Saint-Germain, pièce anecdotique en deux actes et en prose, mêlée de vaudevilles, de Radet, Barré et Desfontaines, 7 nivôse an 14 [28 décembre 1805].

Théâtre du Vaudeville.

On donne aussi comme titre Les Écriteaux, ou René Lesage à la Foire Saint-Germain.

Titre :

Ecriteaux (les), ou Lesage à la Foire Saint-Germain

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

7 nivôse an 14 [28 décembre 1805]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Radet, Barré et Desfontaines

Courrier des spectacles, n° 3258 du 8 nivôse an 14 [29 décembre 1805], p. 2 :

[Titre tronqué : le nom de Lesage n'y apparaît pas. Sinon, un compte rendu rapide et qui se limite après le rappel historique, de dire que la pièce a réussi. Il faut dire qu'elle est l'œuvre des maîtres incontestés du vaudeville (le genre comme le théâtre).]

Théâtre du Vaudeville.

Les Écriteaux de la Foire St.-Germain.

On sait qu’autrefois il falloit un privilège pour parler, un privilège pour chanter, un privilège pour danser, un privilège pour penser, un privilège pour écrire.

Dans le tems donc que les privilèges étoient en honneur, les théâtres de la Foire se trouvèrent fort embarrassés. Ils voulurent parler, les Comédiens ordinaires du Roi leur signifièrent de se taire ; ils voulurent chanter, l’Opéra leur signifia son privilège exclusif. Que faire pour des acteurs, quand ou ne peut ni chanter, ni danser, et qu’on n’a pas des poëtes tels que l’auteur de la Muette de Sénés ? Fermer la salle paroît d’abord l'unique parti à prendre. Lesage, qui ne dédaignoit pas de travailler pour le théâtre de la Foire, imagina un autre expédient. Il fit écrire ses couplets sur de larges écriteaux ; on les mit sous les yeux du parterre ; le parterre chantoit, et les acteurs faisoient les gestes. Cette gaîté eut beaucoup de succès. Le Lieutenant de police en rit le premier, et les acteurs de la Foire recouvrèrent le privilège de parler et de chanter.

C’est cette anecdote que l’on vient de mettre en scène à ce théâtre ; elle y a eu beaucoup de succès. L’ouvrage est animé de beaucoup de couplets agréablement tournés, de traits spirituels, de mots enjoués et piquans. Les auteurs sont MM. Radet, Barre et Desfontaines.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome I, p. 425-426 :

[L’intérêt essentiel de ce compte rendu, c’est de faire un bref exposé de l’origine des pièces à écriteaux (sous les auspices de « On sait », mais on fait comme si on ne savait pas) et de l’autorisation donnée aux acteurs de la foire de chanter. La pièce n’a droit qu’à quelques lignes (« de jolis détails et des couplets très-agréables »). Un exemple est chargé de nous en convaincre.

Arlequin roi de Sérendib est une pièce en trois actes de Lesage, représentée par écriteaux sur le Théâtre de la dame Baron, à la Foire Saint-Germain (3 février 1713).]

Les Ecriteaux, ou Lesage à la Foire Saint-Germain.

On sait qu'autrefois les priviléges de l'Opéra et du Théâtre-Français, s'étendoient jusqu'à pouvoir interdire aux acteurs forains le chant, la danse et même la parole. Lesage, brouillé avec le Théâtre-Français, s'étoit associé avec Dorneval et Fuselier, et avoit fait beaucoup d'ouvrages pour la Foire Saint-Germain, où la foule abondoit. Les grands théâtres, jaloux, usèrent de leur privilége ; et le jour où l'on devoit représenter Arlequin Roi de Serendib, arriva une défense de parler et de chanter qui embarrassa fort les acteurs.

Lesage imagina de faire écrire les couplets sur de grands écriteaux qui descendoient du ceintre, et étoient chantés par les spectateurs, tandis que les acteurs jouoient leurs rôles en pantomime. Cette singularité plut, et réussit à ses inventeurs. Le lieutenant de police en rit, et accorda aux acteurs la permission de chanter eux-mêmes dorénavant.

Telle est l'anecdote qu'ont mis en scène MM. BARRÉ, RADET et DESFONTAINES. Leur pièce a réussi par de jolis détails et des couplets très-agréables. On a remarqué entre autres celui où Lesage dit, en parlant de l'invention des écriteaux :

Du moins nous ne serons jugés
Que par des gens qui sachent lire.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome I, janvier1806, p. 287-289 :

[Le sujet de la pièce, c’est le combat des « petits théâtres » contre les « grands » qui leur interdisent paroles et chants sur la scène. Le compte rendu insiste sur la réalité de ces interdictions, et de la manière dont certains ont tenté de les contourner. Ici, c’est le recours à des écriteaux qui est montré. L’intrigue introduit dans une histoire réelle une affaire sentimentale plutôt convenue, et le bilan fait par le critique ne cache pas que la pièce est mal faite et que les scènes de remplissage sont pauvres. L’une d’elles est d’ailleurs bien proche d’une scène semblable d’une autre pièce. Mais le dialogue, « vif et piquant », et le rôle de celui qui joue Arlequin en font « un ouvrage très-agréable » appelé à un grand succès.]

Les Ecriteaux, ou le Sage à la Foire St.-Germain.

Le Sage, auteur de Turcaret et de Gilblas, s'est associé avec Dorneval et Fuselier, pour l'établissement de l'Opéra-Comique à la Foire St.-Germain, et ils sont sur le point d'y faire jouer leur première arlequinade (Arlequin, roi de Serendib). Les comédiens français et le grand opéra, ne pouvant faire fermer la théâtre de ces trois auteurs, prennent le parti de leur interdire le dialogue et le chant. Point de paroles, point de musique ; de quoi se composera la pièce annoncée ?

Nos trois auteurs en délibèrent au cabaret (chez M. Chabli.) Mettre la clef sous la porte, leur paraît d'abord l'unique parti à prendre ; mais Le Sage imagine un meilleur expédient, celui d'écrire tous ses couplets sur des écriteaux ; d'en faire jouer les airs par l'orchestre ; et, au moyen de la pantomime, indiquer le sens du dialogue.

Ici, répétition de l'arlequinade d'après le nouveau procédé.

Le souffleur de la troupe Niaisot, que la réforme des paroles laisse sans emploi, et qui, par suite de ce malheur, est forcé a renoncer à une alliance avantageuse avec la fille du cabaretier, se présente , sous le masque d'arlequin, à la directrice de la troupe, qui agrée ses services sans le reconnaître. Tout va bien ; on joue la pièce ; les écriteaux font leur effet. Tandis que l'acteur gesticule, le public, en bonne humeur, chante les couplets ; on demande l'auteur à grands cris ; Niaisot, pour prix de son zèle, épouse Mlle. Chabli ; et M. le lieutenant de police, dont cette farce a désarmé la sévérité, finit par rendre la parole et le chant aux acteurs de l'Opéra-Comique.

Le fonds de cette pièce n'est point une fable ; Le Sage, Dorneval et Fuselier ont réellement été forcés de recourir aux écriteaux, pour éluder la défense de parler et de chanter qui leur avait été signifiée par huissier ; c'est ainsi qu'en 1786 ou 87, une troupe de jeunes comédiens établie dans le Palais Royal, au théâtre des Beaujolais, reçut la défense de filer un son sur la scène, et n'en monta pas moins avec succès, des opéra de Philidor et de Paësiello. Des officieux chantaient dans la coulisse ; l'acteur se prêtait du mieux possible à l'expression, au mouvement des airs, et l'illusion était complette.

Le vaudeville dont nous rendons compte a obtenu beaucoup de succès ; ce n'est pas une pièce bien faite ; on y découvre trop de vides. Les scènes de remplissage pourraient être conçues et adoptées plus adroitement ; celle où l'acteur Montmény, fils de Le Sage arrive comme ambassadeur de la comédie française, rappelle un peu trop la députation de l'opéra dans la charmante Vallée de Montmorency ; mais, s'il est difficile de nier ces défauts, tout le monde doit s'accorder à dire qu'il y a des scènes originales dans la pièce ; que le dialogue est vif et piquant ; que le rôle de Niaisot, sur-tout, est d'un excellent comique ; en un mot, que c'est un ouvrage très-agréable et fait pour attirer la foule.

Les auteurs sont : MM. Barré, Radet et Desfontaines.

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