Les Epouseurs, ou le Médecin des Fous

Les Épouseurs, ou le Médecin des Fous, comédie en un acte, en vers, de Mimaut. 27 frimaire an 8.

Comédie représentée par les Acteurs-Sociétaires du théâtre de l'Odéon sur le Théâtre Feydeau.

Almanach des Muses 1801

Le docteur Lisimon tient une maison de santé dans laquelle il traite des fous. Parmi ceux-ci se trouvent Dormeuil qui se croit un médecin très-habile, Galantin, poète ridicule, Madame Dufard, espèce de duègne qui croit que les jeunes gens raffolent d'elle, &c. Le docteur a une fille à marier, elle lui est demandée par un ancien ami pour son fils. Ce fils doit arriver dans le jour, et se présente chez le docteur lorsqu'on attend un jeune homme dont la tête est timbrée et qui a la manie d'aimer toutes les femmes, les vieilles sur-tout, et de s'en croire aimé. Dusolage, c'est le nom du prétendu de la fille du docteur, est pris pour le jeune homme dont l'état de folie nécessite les soins du docteur, et cette méprise est suivie de plusieurs quiproquo amenés par la présence successive des fous, et de la folle désignée plus haut. Enfin tout s'éclaircit, et le docteur unit sa fille au fils de son ami.

Des scènes plaisantes, de la gaîté, style naturel et souvent agréable, à quelques négligences près. Début qui promet beaucoup.

 

Sur la page de titre de la brochure, Avignon, chez Alphonse Berneguier, an dix :

Les Épouseurs, ou le médecin des fous, comédie en un acte et en vers, Par le Cit. Mimaut. Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre Feydeau, par les comédiens sociétaires de l'Odéon, le 27 frimaire an 8.

 

Courrier des spectacles, n° 1030 du 28 frimaire an 8 [19 décembre 1799], p. 2 :

[La pièce nouvelle, a réussi : l’auteur a été demandé (même si son nom a été déformé : il s’appellera Mimaut dans la brochure, et Mimant dans un autre article. Ses qualités : pas son plan, ni l’intérêt qu’elle suscite, mais des quiproquos amusants et une versification facile. L’intrigue fait l'objet d’un résumé précis qui fait découvrir dans l’univers particulier d’une « maison de fous » une intrigue amoureuse sans surprise, sinon le comportement de certains personnages fous, jusqu’au dénouement attendu. Pas de jugement, sinon sur les interprètes, qui ont bien joué.]

Théâtre Feydeau.

La comédie en un acte et en vers, donnée hier pour la première fois sous le titre des Epouseurs, ou le Médecin des fous, a eu du succès. L’auteur a été demandé : .c’est le cit. Mimeaut, dont cette pièce est le premier ouvrage. A ce titre il mérite des encouragemens, peut-être même des éloges. En effet, si la comédie dont nous rendons compte ne présente pas un plan tracé avec art, si elle n’excite pas un vif intérêt, du moins est-elle amusante et offre-t-elle des scènes assez plaisantes par les quiproquo qui la remplissent : elle est d’ailleurs versifiée facilement.

Le docteur Lisimon vient de former un établissement dans lequel il reçoit des fous de toute espèce. Déjà plusieurs originaux occupent ses appartemens ; l’un est M. Dubreuil, médecin lui-même, qui se croit le maitre de la maison, et qui avec un suc de pomme de sa composition se flatte de guérir tous les maux possibles ; une vieille coquette qui croit n’avoir encore que quinze ans, n’est pas une des plus raisonnables pensionnaires du docteur ; mais le plus fou c’est sans contredit le poëte Galantin, qui indépendamment d’une tragédie, a fait une jolie comédie composée de .quinze cents madrigaux, et nombre d’autres jolis ouvrages, dont une chanson sur la ville de Pontoise, qu’on lui a fait répéter. Ce poëte universel aime éperduement Augustine, fille de Lisimon, et s’en croit aimé de même. Mais cette jeune personne a été élevée avec Tussolage, fils d’un ami de son père, et quoiqu’il y ait fort longtems qu’elle ne l’ait vu, c’est avec un vrai plaisir qu’elle a appris de son père l’intention où il est de les unir. On attend Tussolage. Dans l’entrefaite un étranger nommé Monval vient demander un logement pour Verville, son ami, dont la folie est d’aimer toutes les femmes ; mais, folie rare, il préfère les grand-mamans à leurs petites filles. Avant que ce fou d’un nouveau genre n’arrive, on voit paroitre un jeune homme, c’est Tussolage, mais Charles, valet de la maison, prevenu qu’il doit venir un fou, ne doute pas que ce ne soit lui et lui parle en conséquence. M. Dubreuil, qui succède à Charles, passe aisément pour le maître de la maison devant le nouveau venu, et quand Lisimon arrive, Tussilage, d’après les récits de Dubreuil, le prend pour un fou. Lisimon et sa fille s’imaginent que c’est ce jeune Verville qui leur a été annoncé. Le quiproquo dure jusqu’à ce que Monval, de retour, ait reconnu son ami et expliqué la méprise. Nos jeunes gens sont unis.

Cette pièce est agréablement jouée par les cit. Déligny, Dorsan, Picard, Vigny, Barbier ; les cit. Auvray, Delille.

Courrier des spectacles, n° 1257 du 21 fructidor an 8 [8 septembre 1800], p. 2 :

[Lors de la publication de la brochure, le Courrier des spectacles revient sur la pièce, pour confirmer le jugement positif porté sur elle, quiproquos plaisants et versification facile. La scène 12 donne un bon exemple de quiproquo plaisant, et une tirade du poète Galantin sert à montrer la qualité de la versification de la pièce.]

Les Épouseurs ou le Médecin des Fous, comédie en un acte et en vers, par le citoyen Mimant, représentée pour la première fois sur le théâtre Feydeau, par les comédiens sociétaires de l’Odéon, le 27 frimaire an 8. Prix : 1 franc, à Paris, chez Huet, libraire, rue Vivienne no. 8, et Charron, libraire, passage Feydeau.

En rendant compte de cette petite pièce, le lendemain de sa première représentation, dans notre No. 1020, nous avons dit qu'elle offroit des quiproquos plaisans, et qu’elle étoit versifiée facilement. En la lisant nous nous sommes confirmés dans le jugement que nous en avions porté.

La scène 12me, dans laquelle Duvolage, qui vient pour épouser Augustine, fille du Docteur, prend ce dernier pour un fou, et est lui-même pris pour Verville, jeune fou que l’on attend ; cette scène, dis-je, est très-plaisante,et produit, avec celle qui la précède et quelques-unes des suivantes, des situations comiques et qui font honneur à l’auteur, dont cette comédie est le premier ouvrage.

Quant au style , nous choisirons pour citation la tirade suivante, qui prouvera en même-tems que le cit. Mimant, fidèle au bon goût, n’est point l’ami, ni des novateurs, ni du marivaudage.

Galantin , poëte fou, parle de sa tragédie d’Arsène :

C’est un sujet hardi. Vous verrez sur la scène,
Des bourreaux, des pendus : cela vaudra sans peine
Les drames d’Allemagne et les romans anglais.
Je veux vous lire avant mes chef-d’æuvres lyriques :
Ce sont-là des morceaux plus qu’anacréontiques.
Strophes aux papillons , odes à l’éventail,
Par vous , chers et doux fruits d’un penible travail,
Je me vis applaudir dans mon petit lycée,
Où, tous les duodis, nos abonnés présents,
Ma Muse complaisante à son tour caressée,
Donnoit et recevoit un mutuel encens.
Ce tems n'est plus : la salle aujourd’hui délaissée . .
J’en pleure encor. . . Mon fort, ce sont les vers galants :
J’ai de mes madrigaux une malle remplie ;
Un jour j’en rassemblai quatorze-à quinze cents,
Et j’ai de ce recueil fait une comédie.

Porte-feuille français Pour l'An IX (1801), p. 186 :

Les Épouseurs, ou le médecin des fous, comédie en un acte et en vers, de Mimeaut, représentée le 27 frimaire.

Cet ouvrage n'excite pas un vif intérêt, et ne présente pas un plan tracé avec art ; mais c'est le début d'un jeune auteur. On lui doit des encouragemens.

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