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Les Époux divorcés

Les Époux divorcés, comédie en 3 actes, en vers, par le C. Desforges. 7 Fructidor an 7 [24 août 1799].

Théâtre de l'Odéon transféré à la Cité

Titre :

Époux divorcés (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

7 fructidor an 7 [24 août 1799]

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon transféré à la Cité

Auteur(s) des paroles :

Desforges

Almanach des Muses 1800

Madame de Melcour, égarée par les conseils perfides de ces gens qui se plaisent à brouiller les ménages, a demandé le divorce ; et son mari, en l'acceptant, a consenti qu'Auguste son fils restât auprès de sa mère. Auguste a été mis en pension. Le père, qui sait où il est, vient se proposer au maître de la pension pour être l'instituteur d'un enfant. Le maître, qui le devine, lui confie Auguste. La mère vient pour reprendre son fils, mais elle demande au maître un instituteur pour Auguste. M. Lesage, c'est le nom du maître de pension, fait passer madame Melcour dans un cabinet, où elle pourra entendre la leçon de l'instituteur auquel il l'a confié. Elle reconnaît son époux dans cet instituteur ; elle est enchantée de ses discours, de ses leçons, et finit par se jeter dans ses bras.

Style diffus et négligé, peu d'intérêt, quelques situations ; pièce qui ne répond pas à l'opinion qu'on a du talent de l'auteur.

Courrier des spectacles, n° 915 du 8 fructidor an 7 [25 août 1799], p. 2 :

[Pour le critique du Courrier des spectacles, pas de doute, c’est un drame dont il doit rendre compte, ce qu’il fait visiblement sans enthousiasme, son premier paragraphe accumulant les réticences envers ce genre de pièce. S’il a eu succès, pour lui, c’est parce qu’on a su mettre à la porte les adversaires de la pièce (la claque ?). Il entame ensuite le récit d’une intrigue pleine de bons sentiments, qui oppose un bon père, prêt à tout pour faire le bonheur de son enfant que sa femme, dont il est divorcé a mis en pension (dont elle s’est débarrassée...). La pièce a une fin heureuse : les époux se réconcilient. Le jugement porté sur la pièce est sévère : absence d’intérêt, parce qu’on ne sait pourquoi les époux ont divorcé, et parce que leur réconciliation, prévue d’emblée, se fait sans obstacle. Les lettres lues par madame Melcour sont le signe d’une grande inconvenance : comment une femme peut-elle lire les lettres (mises là pour qu’elle les lise) peut se permettre de lire ce qui ne lui est pas adressé ? On est bien dans le respect le plus strict des bienséances. Que la pièce soit de Desforges surprend beaucoup le critique, qui y verrait volontiers un travail de débutant, pour « la marche de la pièce », comme pour le style. Par contre, les interprètes ont droit à des félicitations, en particulier l’acteur jouant le maître de pension, le rôle le mieux écrit de la pièce (ce qui a dû l’aider !).

La Femme jalouse est une comédie en cinq actes et en vers de Desforges, « représentée pour la première fois, par les Comédiens italiens ordinaires du roi, le mardi 15 février 1785 ; & à Versailles, le 11 mars suivant, devant leurs majestés ».]

Comédiens-Sociétaire de l’Odéon, réunis à la Cité.

Encore un drame ! Les trois derniers nous étoient venus de l’Allemagne ; on auroit pu croire à nombre de vers de celui donné hier sous le titre des Epoux Divorcés, qu’il avoit la même origine ; mais il est du citoyen Desforges, auteur de la Femme Jalouse. Il a été demandé, et a paru au milieu des applaudissemens. Etoient-ils bien sincères ? Cela est possible, car nous avons vu en sortant une citoyenne qui nous a assuré que la pièce lui avoit fait plaisir. Il est vrai que quelques personnes avoient souvent éclaté de rire aux endroits les plus sérieux de l'ouvrage ; que d’autres avoient sifflé ; mais les uns et les autres ont cédé à la menace très-décente de les mettre à la porte. De cette manière, les Epoux Divorcés ont fini par avoir un plein succès.

Melcour et sa femme sont séparés depuis huit jours. Des méchans, est-il dit, ont perdu le mari dans l’esprit de la femme. On ignore quels moyens ils ont employés. La froideur présumée de Melcour est le seul reproche que sa femme paroît avoir eu à lui faire pour demander un divorce qu’il a consenti. Elle a voulu avoir aupeès d’elle Auguste, son fils, âgé de 14 ans, et qui , jusqu’alors , n’a eu d’autre maître que son père. Celui-ci toujours complaisant, sans se prévaloir de la loi, a cédé jusqu’à son fils. Il revient un matin chez lui pour embrasser ce cher enfant ; mais Mad. a jugé à-propos de le mettre en pension. Nouvelle approbation de la part de Melcour, qui se hâte de sortir quand il il apprend que sa femme est levée et va paroître. L’ennui, ou plutôt les remords tourmentent Mad. Melcour : elle veut voir son fils, et envoie prévenir le maitre de pension de sa visite.

Ce premier acte se passe dans le jardin de Mad. Melcour. Pendant le second , la scène est dans le jardin de M. Lesage, naître de pension. Auguste s’afflige d’être séparé de son père et de sa mère. Il reçoit la visite de Gérard, intendant de son père. Bientôt après, son père vient même chez M. Lesage : il lui demande une place de précepteur, dans le dessein de continuer l’éducation de son fils. Fort heureusement Auguste est celui qu’on lui donne à élever. La reconnoissance du père et du fils produit un bel effet, on les conduit dans la maison pour y choisir un appartement à leur goût. C’est la que se passe le troisième acte. Tandis que M. Lesage cause avec le père de son élève, on lui vient «lire qu’une dame le demande. Melcour sort, et son épouse vient en tremblant (dit-elle, et l’un ne sait trop pourquoi elle tremble) elle vient retirer son fils, de qui elle ne peut vivre séparée. Elle prie M. Lesage de lui choisir un instituteur qui puisse soigner son éducation. M. Lesage offre celui qui est depuis peu auprès d'Auguste, et engage Madame Melcour à se retirer dans un cabinet pour entendre les leçons que ce précepteur donne à son élève. Melcour revient avec son fils : on se doute bien qu’il lui parle avec tendresse de sa mère ; celle-ci, après avoir eu le tems d’être bien assurée de la façon de penser de son mari, vient se jetter dans ses bras , et la reconciliation a lieu.

Il est sans doute inutile d’observer que cette pièce ne présente aucun intérêt, d'abord, parce qu'on ne voit pas de motif à la séparation des deux époux ; ensuite, parce qu’on prévoit leur raccommodement, et qu’il n’éprouve aucun obstacle. Nous n’avons pas parlé de plusieurs lettres qui passent fréquemment de main en main dans cet ouvrage, et qui nous semblent donner lieu à de grandes fautes. Gérard, l’intendant , a reçu une lettre d’Auguste ; il la laisse sur un banc pour que, vue de Mad. Melcour, elle serve à réveiller sa tendresse pour son fils. En effet, Mad. Melcour la voit et la déploye pour la lire. Croit-on que Mad. Melcour doive se permettre de déployer une lettre écrite à Gérard ?

Si l’on n’eût pas nommé le cit. Desforges, on eût pu croire que cet ouvrage étoit l’essai d’un écolier, tant par la marche de la pièce , que par le style. On a dû être étonné d'apprendre qu’il est de l’auteur de la Femme Jalouse.

Cette pièce a été bien jouée par les citoyens Dorsan, Degligny, Marsy et Picard, et par les citoyennes Desroziers, Moliere et Beffroi. Le citoyen Deligny, chargé du rôle de maître d pension, le mieux fait de l’ouvrage, y a été très-justement applaudi.

Lepan.

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome XII (Fructidor, an 7 de la République française), p. 216-217 :

[Ce ce qui est présenté comme une comédie (et que d’autres verront comme un drame), le compte rendu fait une présentation plutôt favorable : elle a connu le succès, et le résumé de l’intrigue en explique bien le sujet. Puis les compliments : » de beaux vers & des pensées fortes », « quelques scènes remplies d'intérêt », l’auteur se voit créditer de « louables intentions » (l’adjectif est un peu suspect !), d’« un talent des plus prononcé ». Mais les défauts ne sont pas moindres : « l’action en est trop lente », trop de discussion, qualifiée de « scholastique » au lieu de sentiments, des situations « pas toutes assez neuves »  on a là « un excellent plaidoyer contre le divorce, mais ce n'est pas une bonne pièce de théâtre ». De façon curieuse, l’auteur est présenté avec un titre en apparence contradictoire avec la leçon de sa pièce : il est, outre sa qualité d’auteur à succès, « époux divorcé ». Et il a reçu un vif hommage du public.]

Les Époux divorcés.

La comédie en 3 actes & en vers, jouée à ce théâtre sous le titre des Epoux divorcés, y a obtenu toutes les marques apparentes d'un succès. Le sujet en est extrêmement simple.

Monsieur & madame de Melcourt, mal conseillés par une perfide amie, ont fait la sottise de de rompre leurs nœuds, & s'en repentent peu de temps après ; mais leur enfant, qu'ils ont mis dans une maison d'éducation & qu'ils chérissent également, devient bientôt un sujet de reconciliation. Le père se présente à la pension de son fils & obtient la permission de lui servir de précepteur. La mère s'y présente aussi de son côté, &, cachée dans un cabinet, y est témoin des leçons de morale que Melcourt donne à son élève ; ce qu'elle entend émeut tellement sa sensibilité, qu'elle va tomber aux genoux de son mari ; celui-ci non moins ému, presse sa femme contre son cœur ; une explication franche & amicale détermine alors le raccommodement, & les flambeaux d'hymen se rallument. pour ces deux époux.

Il y a de beaux vers & des pensées fortes dans cette pièce, qui annonce d'ailleurs les plus louables intentions & un talent des plus prononcé ; il y a même quelques scènes remplies d'intérêt, mais l'action en est trop lente ; la discussion scholastique y tient trop souvent la place du sentiment, & les situations n'en sont pas toutes assez neuves ; en un mot, c'est un excellent plaidoyer contre le divorce, mais ce n'est pas une bonne pièce de théâtre.

L'auteur a été demandé, & a paru sur la scène au milieu des plus vifs applaudissemens. C'est le C. Desforges, époux divorcé, & auteur de la Femme jalouse, l'une des pièces les plus pathétiques & les mieux conduites de la scène française.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome III, p. 246-247 :

[Le compte rendu commence par un cri du cœur : « encore un drame », mais contrairement à Misanthropie et Repentir, il n’a pas eu de succès. Il est pourtant d’un auteur de qualité (un succès précédent en témoigne). L’intrigue telle qu’elle est racontée paraît en effet sans surprise, et le jugement final se limite à constater l’absence d’intérêt, « faute de contrastes » (il n’y a que de bonnes gens, et donc pas de conflit). L’interprétation a été remarquée, et un acteur est mis en avant.]

ACTEURS DE L'ODÉON.

Les Epoux divorcés, drame.

Encore un drame! On ne voit plus que cela, depuis le prodigieux succès de Misanthropie et Repentir. Celui-ci, joué le 7 fructidor, est en trois actes et en vers ; mais il n'a pas eu autant de succès que ceux qui l'ont précédé, et les applaudissemens ont été mêlés de sifflets. Cependant on a demandé l'auteur , et on a été bien surpris d apprendre que ce foible ouvrage est du C. Desforges, auteur de la Femme jalouse.

Melcour et sa femme sont séparés depuis huit jours. Des méchans ont perdu le mari dans l'esprit de la femme. Elle a voulu avoir près d'elle Auguste, son fils, âgé de 14 ans. Melcour revient un matin chez lui pour embrasser son fils, mais Madame l'a mis en pension. Il se rend chez M. Le Sage, instituteur, et lui demande une place de précepteur, dans le dessein de continuer l'éducation de son fils. Fort heureusement on lui donne Auguste à élever.

M.me Melcour vient retirer son fils, de qui elle ne peut vivre séparée, et prie M. Le Sage de lui choisir un maître qui puisse soigner son éducation M. Le Sage offre celui qui est depuis peu auprès d'Auguste, et engage M.me Melcour à se retirer dans un cabinet, pour entendre les leçons qu'il donne à son élève. Melcour revient avec son fils, lui parle avec tendresse de sa mère ; celle-ci, bien assurée par cet entretien, de la façon de penser de son mari, vient se jeter dans ses bras, et ils se réconcilient.

Ce drame, comme on voit, n'offre aucun intérêt ; tout est prévu, et les situations sont sans effet , faute de contrastes. Le jeu des acteurs, l'a fait beaucoup valoir. Le C. Degligny a surtout très-bien rempli le rôle du maître de pension , rôle le mieux fait de la pièce.

Dans la base César, auteur inconnu, et 4 représentations, du 24 août au 1er septembre 1799.

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