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Filoli et Mioco ou le Triomphe de l'Humanité

Filoli et Mioco ou le Triomphe de l'Humanité, pantomime en deux actes, 10 floréal an 5 [29 avril 1797].

Théâtre de la Cité.

Courrier des spectacles, n° 114 du 11 floréal an 5 [30 avril 1797], p. 2-3 :

[La pièce est une vraie pantomime, sans paroles : c'est loin d'être toujours le cas. L'article se réduit largement au résumé d'une intrigue exotique, des Indiens en lutte contre « le barbare Espagnol ». On se bat beaucoup, on menace de tuer un enfant, d'enlever sa mère, mais tout finit par la victoire des Indiens sur les Espagnols. La pièce est jugée plaisante, et le critique y a vu « plusieurs tableaux agréables », dont la liste peut laisser songeur (un enfant qu'on va immoler, une cabane incendiée, un naufrage). Tout est de qualité : danses et combats, décors, interprètes.]

Théâtre de la Cité.

La pièce donnée hier à ce théâtre sous le titre de Filoli et Mioco, est une vraie pantomime, puisque l’on n’y parle pas, à la différence des pièces que l’on donne depuis long-temps sous ce titre, qui sont pour la plupart très-longuement dialoguées.

Mioco, chef d’une caste d’Indiens, est sur le point d’épouser Filoli, qui a pour père un vieillard considéré dans le pays. Le mariage se célèbre avec cérémonie et au milieu des danses ; .elles sont interrompues par un Indien qui accourt avec sa femme et son enfant. Les Espagnols sont arrivés dans leur île, et détruisent les habitations. On se dispose au combat ; Filoli veut y accompagner son époux : on la retient avec son père.

On voit de loin des Espagnols ; Filoli et son père se retirent dans leur hute ; d’autres de leurs voisins gagnent également la leur. Le chef des Espagnols arrive avec sa troupe ; il fait entrer plusieurs de ses soldats dans la cabane où est entrée Filoli : on l’arrache avec son père ; elle supplie en vain, on l’entraîne avec violence. A peine les Espagnols sont-ils en allés, que l’Indien qui s’étoit retiré dans l’autre cabane, en sort avec sa femme et son enfant ; les Espagnols reviennent et le combattent  : il se défend long-temps ; obligé de céder à la force, il est lié à un arbre avec sa femme. On prend l’enfant que l’on suspend la tète en bas ; un sabre est près de le frapper, lorsqu’une flèche atteint l’Espagnol ; cette flèche a été décochée par un indien de dessus un vaisseau qui paroît près du rivage. Les Espagnols fuient après avoir mis le feu à la cabane. Les Indiens les poursuivent ; le petit enfant, dégagé des mains de son meurtrier, prend un fer, et s’en sert pour détacher son père, qui, lui-même, détache son épouse. Le farouche Espagnol a été vaincu : on l’amène prisonnier ; il est lié à un arbre, et doit être mis à mort. Mioco arrive ; il exprime, par sa douleur, la perte de son épouse qui lui a été enlevée. On la voit paroître sur un vaisseau espagnol ; mais l’orage gronde, et tombe sur le vaisseau qui est submergé. Mioco se plonge dans la mer pour secourir son épouse : il la ramène demi-morte ; les soins la rendent à la vie. On n’a plus qu’à satisfaire la vengeance contre le barbare Espagnol ; les flèches sont dirigées sur lui : l'enfant va le garantir de son corps ; le père et la mère en font autant. Les armes tombent des mains des Indiens : on s’embrasse, et la réconciliation se célèbre par des danses.

Cette pantomime a généralement fait plaisir; elle offre plusieurs tableaux agréables : tels sont le moment où les Espagnols vont immoler l’enfant ; celui où ils mettent le feu à la cabane, et enfin, celui où le vaisseau, frappé de la foudre, périt au milieu des eaux. Les combats et les danses sont bien exécutés ; les décorations sont fraîches.

Les acteurs ont bien rempli leurs rôles. M.lle Simonet a été applaudie dans celui de Filoli.

L. P.          

D'après la base César, la pièce, d'auteur inconnu, a été jouée 6 fois au Théâtre de la Cité, du 29 avril au 23 mai 1797.

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