Fleurette et Pompon

Fleurette & Pompon, mélo-coq-à-l'âne en trois actes, de Dancourt, musique emprunte à Grétry, 1793.

Théâtre Comique et Lyrique.

Titre :

Fleurette et Pompon

Genre

mémo-coq-à-l’âne (parodie de Zémire et Azor)

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

1793

Théâtre :

Théâtre Comique et Lyrique

Auteur(s) des paroles :

Dancourt

Compositeur(s) :

Grétry

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 5 (mai 1794), p. 278-280 :

[La pièce dont il s’agit de rendre compte est une parodie sans l’avouer : le critique lui conteste le titre de « mélo-coq-à-l’âne », parce qu’elle a « la même suite que nous trouvons dans Zémire & Azor », l'œuvre parodiée, due à Marmontel sur une musique de Grétry (1771). Inutile de faire l’extrait dans la mesure où tout le monde (ou presque) connaît l’opéra parodié. Les critiques qu’elle porte visent surtout les invraisemblances, difficiles à éviter dans une féerie si l’auteur veut flatter le public. Elle est assez bien faite, et comporte d ejolis couplets. Mais la pièce manque un peu de gaieté, et les plaisanteries, rarement fines, sont parfois bien triviales : comme souvent, le souci des convenances. Si les paroles de l’opéra parodié est critiquées, la musique de Grétry est jugée de qualité, et la parodie cite même le nom du compositeur. Sans porter de jugement, le critique raconte le dénouement de la parodie, qui « est absolument le même que celui de l'opéra ».]

THÉATRE COMIQUE ET LYRIQUE.

Fleurette & Pompon , mélo-coq-à-l'âne en trois actes; par M. Dancourt.

Ce mélo-coq-à-l'âne n'est autre chose qu'une parodie à-peu-près, scene par scene, du bel opéra de Zémire & Azqt, qui, comme chacun sait, fut représenté pour la premiere fois en 1771. Or, M. Dancourt n'a mis à-peu-près que 12 ans pour composer ou faire jouer sa piece. Nous n'entreprendrons pas d'en faire l'extrait ; ceux qui connoissent Zémire & Azor, & c'est presque toute l'Europe, n'ont pas besoin de cette analyse. Nous nous bornerons donc à dire que les critiques de M. Dancourt, portent principalement sur des invraisemblances qu'il n'est guere possible d'éviter dans une féerie où l’auteur doit opérer des prodiges, s'il ne veut encourir la disgrace du public, toujours prompt à blâmer ceux qui ne font pas des miracles quand ils ont la baguette à la main. A la vérité, ces miracles sont la plupart du genre de ceux que les escamoteurs doivent à leur Baguette de Jacob ; mais il n'en est pas moins vrai que quand ils font bien amenés, ils produisent une agréable surprise, que bien des gens préferent par fois à l'íntérêt, & qui en a souvent tenu lieu dans les opéras françois.

Le mélo-coq-à-l’âne de M. Dancourt est d'ailleurs assez bien fait, & présente quelques jolis couplets ; mais si l'on appelle un coq-à-l'âne un discours qui n'a ni suite, ni liaison, ni raison, la piece dont il s'agit n'auroit pas dû avoir ce titre, puisqu'elle a la même suite que nous trouvons dans Zémire & Azor, la même liaison qui existe entre les scenes de cet opéra, & la raison que peut offrir une parodie dont le but de l'auteur a seulement été manqué, parce qu'il a mal choisi son sujet.

Au reste,quoiqu'il y ait de la gaieté dans Fleurette & Pompon, on y trouve que très-peu de fines plaisanteries, & l'on peut y en remarquer quelques autres, qui ont un caractere trop prononcé de trivialité.

En critiquant les paroles de Marmontel, l'auteur de cette parodie a rendu justice à la musique de Grétry, & il a trouvé le moyen de faire même à cet excellent compositeur un compliment fort agréable. Dans la scene du troisieme acte, où Ali-Pierrot vient apprendre à Sander- Cassandre qu'il a vu dans les airs, au milieu d éclairs qui brilloient comme des chandelles, un char traîné par des griffons, dans lequel étoit Zémire- Fleurette ; Cassandre impatienté par la longueur du récit amphigourique de Pierrot, lui ordonne de mettre fin à ses sottises ; des sottises ! s'écrie celui-ci. Ah ! si Grétry avoit mis mon discours en musique, vous le trouveriez plein d'esprit.

Le dénouement de la parodie est absolument le même que celui de l'opéra. Azor-Pompon vient se désoler sur 1a scene de ce que Fleurette ne revient pas ; & comme l'heure fatale est près d'expirer, il dit qu'il quitte le théatre pour aller rendre l’ame par ordre du machiniste, dans la caverne qu'il lui a désignée. Fleurette arrive ; elle appelle Pompon ; l'écko des bois répond seul à sa voix, la toile du fond se leve, Pompon paroît sur un trône entouré de Negres & de Négresses ; & après avoir fait remarquer qu'il a changé du blanc au noir, c'est-à-dire, qu'il a troqué son masque de monstre pour le masque d'un arlequin, dont il a la culotte, la piece finit par un vaudeville, dont tontaine & tonton , & tonton & tontaine est le refrain.

(Journal des spectacles.)

La pièce ne figure pas dans la base César.

D’après André Tissier, les Spectacles à Paris pendant la Révolution, tome 2, p. 427, elle a connu 9 représentations.

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