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Flora

Flora, opéra en trois actes, de Dubuisson, musique de Fay, 4 février 1792.

Théâtre de la rue de Louvois.

Titre :

Flora

Genre

opéra

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

4 février 1792

Théâtre :

Théâtre de la rue de Louvois

Auteur(s) des paroles :

Dubuisson

Compositeur(s) :

Fay

Mercure universel, tome XII, n° 339 du Dimanche 5 Février 1792, p. 79-80 :

[Compte rendu un peu ironique : « il faut trois actes pour remplir le spectacle », « Cet opéra amusant ne fatigue point l'esprit ». Le musicien n’est pas épargné : outre le travestissement de son nom, peut-être involontaire, «  nous espérons qu’il ne devra bientôt qu'à la justice du public ce qu'il a obtenu en partie de son indulgence ». Et les acteurs peuvent méditer ce qui est dit d’une d’entre eux : « Mademoiselle Maillard avoit presque l’air d’une ingénuité ».]

THEATRE DE LA RUE DE LOUVOIS.

Tout l'échafaudage de l'opéra donné hier avec succès, sous le titre de Flora, porte sur une base, bien fragile, l'innocence d'une jeune fille.

Une fee, nommée Urgande, a condamné le prince de l'isle Verte à être métamorphosé toutes les nuits en feux follets, jusqu'à ce qu'il trouve une jeune fille qui ait conservé toute son innocence. L'on croira aisément qu'il cherche depuis long-temps, lorsqu'à la fin il rencontre une jeune fille dont il se fait aimer sous l'habit de berger ; enchanté de voir ses vœux remplis, il l'envoie chercher pour subir les épreuves dans le temple de la sagesse. Mais comme tout seroit fini là, et qu'il faut trois actes pour remplir le spectacle, les parens prétendus de Flora forment un projet : celle qui passe pour sa mère, séduite par l'appas de la richesse, prend, malgré son mari, qui sait apprécier sa vertu, la place de la jeune fille, et ne sort qu'avec confusion des épreuves ; enfin la fraude est reconnue, et Flora, que le prince envoie chercher, vient le délivrer de son enchantement et le replonger dans un autre, en lui accordant les prémices de sa beauté.

Cet opéra amusant ne fatigue point l'esprit ; on a fait répéter ce quatrain sur le hazard de la naissance :

« Quand une fleur me fait plaisir,
Et que ma vue en est flattée,
Faut-il, avant de la cueillir,
Savoir la main qui l'a plantée ? »

Le poëme est de M. Dubuisson.

La musique est fort agréable : nous avons distingué un trio au premier acte, un duo au second, et plusieurs morceaux qui annoncent une touche délicate et moëlleuse. l’auteur est M. Fée, jeune chanteur de ce théâtre. Il mérite des encouragemens, et nous espérons qu’il ne devra bientôt qu'à la justice du public ce qu'il a obtenu en partie de son indulgnce.

La pièce est montée avec soin ; les costumes font honneur à l’administration de ce spectacle.

Mademoiselle Maillard avoit presque l’air d’une ingénuité dans Flora. M. Valville et madame la Caille ont très-bien rendu les rôles du Pêcheur et de sa femme, et M. Ducaire a bien chanté celui du Prince de l’île verte.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 4 (avril 1792), p. 363-365 :

[Compte rendu d’un succès : le critique dit beaucoup de bien de la pièce, qui entre dans la catégorie des féeries, dont le succès repose sur les effets et sur la gaieté. La pièce nouvelle a toutes les qualités nécessaires dans ce domaine : « Beaucoup de spectacle, de cérémonies, de décorations piquantes, d'habits riches, de chœurs de prêtres, &c. &c. ». Comique et gaieté de surcroît. La musique a été confiée à un débutant, qui a très bien réussi. Même impression favorable pour l’interprétation.]

THÉATRE DE LA RUE DE LOUVOIS.

Le samedi 4 février, on a donné la premiere représentation de Flora, opéra en trois actes ; paroles de M. Dubuisson , musique de M. Fay.

Cet opéra est un sujet de féerie, & entiérement d'imagination. Comme ces sortes de pieces n'exigent que des effets, de la gaieté, & que celle-ci remplit parfaitement ce but, nous nous contenterons d'en extraire les principales données. Le prince de l'Isle-verte est condamné ; par la fée Urgande, à devenir toutes les nuits feu-follet, jusqu'à ce qu'il ait rencontré une jeune personne qui aime sans intérêt, qui ait la candeur & l'innocence, &c. &c. Le prince, après avoir long-tems cherché inutilement, se déguise en berger, &, sous cet habit, rencontre Flora, fille de Bertold, simple pêcheur, & de Béatrix. Le prince parle d'amour à Flora, qu'il parvient à attendrir : il est question de l'emmener à sa cour, & de lui faire subir les épreuves du temple de l'innocence. Son confident, chargé de ce soin, en communique l'ordre à Bertold, qui, dans le moment, se plaignoit de son état, attendu que les gros poissons dénichoient tous les jours, & qu'il ne restoit plus que le fretin...... Bertold promet de partir avec Flora ; mais Béatrix, sa femme, conçoit le projet d'aller à la cour, voilée, & d'y passer pour Flora. Bertold essaie en vain de l'en détourner ; ils partent tous les deux avec le confident du prince..... On se doute que les épreuves du temple de l'innocence, découvrent le stratagème de la vieille. Le feu sacré s'éteint, la flamme sort des urnes, &c. &c. Béatrix est reconnue, chargée de chaînes, ainsi que Bertold ; mais Flora, qu'on amene, obtient la grace de ces imprudens : Flora même n'est point leur fille; son pere est un grand seigneur de la cour du prince. Celui-ci épouse Flora, & la fée Urgande vient le désenchanter.

Beaucoup de spectacle, de cérémonies, de décorations piquantes, d'habits riches, de chœurs de prêtres, &c. &c. voilà ce qui donne du charme à cette piece, dont le fond est comique, & qui offre au moins le merite d'être très-gaie. On doit louer M. Dubuisson d'avoir confié la musique de son poëme à un très-jeune acteur de ce théatre, M. Fay, qui, pour son coup d'essai, a très-bien réussi. Le public lui a trouvé du chant, des intentions neuves, du mérite de dialogue, &, ce qui est bien rare dans un aussi jeune compositeur, de la facture vraiment dramatique. Sa finale du second acte est sur-tout un morceau digne de l'estime générale. On a fait aussi répéter une romance d'un chant très-gracieux, & qui offre ces quatre vers piquans sur Flora, dont on ignore la naissance : c'est le prince qui parle:

Quand une fleur me fait plaisir,
Et que ma vue en est flattée,
Faut-il, avant de la cueillir,
Savoir la main qui l'a plantée ?

On a demandé M. Fay, qui a paru, & que le public a beaucoup encouragé. Melle. Serigny, Mad. Lacaille, & MM. Valville & Ducaire jouent très-bien dans cet ouvrage agréable.

D’après la base César, la pièce a été souvent jouée jusqu'au 5 mars 1796 : 13 fois en 1792, 27 fois en 1793, 37 fois en 1794, 4 fois en 1795, 5 fois en 1796.

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