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Florestan, ou la Leçon

Florestan, ou la Leçon, comédie vaudeville en deux actes, de Goulard, 19 vendémiaire, an 7 [10 octobre 1798].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Florestan, ou la Leçon

Genre

comédie vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

19 vendémiaire an 7 [10 octobre 1798]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Goulard

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, Frimaire an VII :

Florestan ou la leçon, comédie en deux actes, en prose et en vaudevilles. Par le citoyen Goulard. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Vaudeville, le 19 vendémiaire, an VII.

Les deux comptes rendus ci-dessous ne sont pas en accord sur la nature de la pièce, ou une pièce ayant un fonds historique, ou l'adaptation d'un conte largement connu.

Courrier des spectacles, n° 597 du 20 vendémiaire an 7 [11 octobre 1798], p. 2 :

[Le critique a moins aimé la pièce que le public et il tient à le dire (au début, puis à la fin de l’article). La pièce est censée avoir un fonds historique (les Mémoires de La Palice). Le résumé qui en est fait apparaît assez peu historique : une sorte de pari pour montrer que toutes les femmes sont volages. Bien sûr, le parieur ne réussit pas, et il se fait ridiculiser par celle qu’il prétendait séduire pour gagner son pari, mais il se fait pardonner par son chef, dont il voulait porutant séduire la maîtresse. Jugement : la pièce a bien des défauts : trop sérieuse (on est au Vaudeville !), invraisemblances, longueurs, trivialités (les reproches habituels), quelques couplets peu soignés aussi (alors qu’ils sont ce qu’on attend le plus dans un vaudeville) : le public aurait dû être plus sévère. Quelques qualités tout de même : certains couplets du premier acte, et des costumes « très-brillans ». L’auteur a été nommé.]

Théâtre du Vaudeville.

Le vaudeville , ou pour mieux dire, l’opéra comique donné hier à ce théàtre, sous le titre de Florestan, ou la Leçon, n’a obtenu qu’un demi succès ; quelques coups de sifflet se sont même fait entendre, mais une grande majorité d’applaudissemens les a bientôt comprimés. Voici l’analyse de cet ouvrage, dont le fonds est tiré des mémoires de la Palice. La scène se passe eu 1512, époque à laquelle se donna la fameuse bataille de Ravenne.

Le chevalier Florestan, officier de l’armée de Roger de la Palice, et grand ami de ce capitaine, a fait la gageure de le supplanter dans ses amours, et de lui prouver que toute femme est naturellement portée à l’inconstance. Dix jours sont le terme qu’il s’est fixé lui-même pour cette épreuve. Le tems est prêt d’expirer, et malgré son air fanfaon et la témérité dont il s’est vanté, Florestan n’a pas encore osé déclarer sa flamme. (Petite invraisemblance) Enfin il se décide, et fait à Camille l’aveu de son amour. Celle-ci le reçoit d’abord comme un simple badinage, mais le chevalier persistant dans sa déclaration, Camille lui ordonne de ne pas la revoir jusqu'au retour de Roger de la Palice. Malheureusement pour Florestan, Lahire, son valet, est amoureux de Matilde, suivante de Camille, et fort indiscrètement, il lui a conté la gageure de sou maître. Matilde instruit Camille qui, pour se venger de Florestan, ordonne à sa suivante de le conduire mystérieusement dans une serre fort ténébreuse (espece de vieille chapelle avec tribune) Là Florestan s'imaginant que c’est un boudoir, croit déjà à sa bonne fortune, mais il est successivement détrompé par l’arrivée de son valet, qu’il prend pour Camille, par celle du jardinier déguisé en geôlier, et enfin par celle de Camille qui pousse le persifflage jusqu'à lui faire apporter un rouet, et lui ordonne de filer, s’il veut obtenir sa grace. Cette pièce se termine par le retour de la Palice, victorieux à la bataille de Ravenne. Florestant confus avoue ses torts, et demande sa grace qui lui est accordée.

Tel est le plan de cet ouvrage qui nous a paru d’un genre beaucoup trop sérieux et trop relevé pour le petit vaudeville. Des invraisemblances, des longueurs, quelques trivialités et quelques couplets peu soignés, nous ont semblé ne point mériter l'accueil qu’on a fait à cette pièce. Le premier acte renferme cependant plusieurs couplets bien tournés, des saillies et de la gaîté. Les costumes sont très-brillans.

L’auteur de cet ouvrage est le cit. Goulard.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1798, tome III, p. 546-548 

[Début classique de compte rendu : l’annonce du succès, source (un conte, Filer le parfait amour, de Sénécé), pièce antérieure sur le même sujet (la Nouvelle Omphale, de Beaunoir, musique de Floquet, jouée en 1782). Puis le résumé de l’intrigue, avec des interventions du journaliste (à propos des sifflets provoqués par des « pointes […] fort peu saillantes », dénonciation de longueurs. Le bilan est ensuite équilibré : « quelques longueurs, une situation forcée, mais beaucoup de couplets délicats et fins ». L’interprétation est félicité (« beaucoup d’ensemble », actrices excellentes (noblesse chez la femme du capitaine, finesse et gaieté pour sa soubrette, un acteur qui a fait rire, par son costume et son jeu naturel, un autre moins apprécié (« il auroit dû mettre dans son jeu moins d'affectation »).

Florestan ou la Leçon, comédie en deux actes, a eu au théâtre du Vaudeville assez de succès. Le sujet est tiré d'un conte de Senecé, intitulé la nouvelle Omphale. On a déjà donné sous le même titre, au théâtre italien, un opéra en trois actes, du citoyen Beaunoir, musique de Floquet. Voici comment le nouvel auteur a traité son sujet.

Florestan, jeune étourdi, a parié avec Roger son capitaine, que pendant son absence il saura rendre sa femme sensible en moins de dix jours. En effet, il s'absente de l'armée, et sous prétexte d'une indisposition, il se rend au château de Roger, et entreprend de séduire sa femme ; mais la vertueuse Camille s'apercevant de son projet, et instruite par sa suivante du pari dont elle est l'objet, et que celle-ci a appris de Lahire, valet de Florestan, prend la résolution de le prendre dans son propre piège.

Elle lui donne rendez-vous dans un vieux bâtiment, au fond du jardin, qui jadis a servi de prison. Florestan, croyant son triomphe assuré, s'y rend à l'heure convenue ; mais il se trouve enfermé avec Lahire, à qui la soubrette avoit donné rendez-vous dans le même lieu. Le jardinier,déguisé en geôlier et accompagné de plusieurs gardes, vient leur annoncer qu'ils seront détenus jusqu'à ce que Roger lui-même vienne les délivrer, et il leur apporte à chacun un rouet pour leur apprendre à filer doux. Plusieurs pointes, dont quelques-unes étoient fort peu saillantes, ont excité à cet endroit quelques sifflets ; mais bientôt après ils ont cessé, et le public a continué à accueillir favorablement cette pièce. Camille et sa suivante paroissent à un balcon qui donne sur la prison, et leurs plaisanteries sur la situation des amans ont été fort applaudies ; cette situation dure cependant trop long-temps. Enfin Roger revient, on ouvre les prisons, et Florestan est exposé confus aux yeux de tout le monde ; il convient de sa faute, Roger avoue son imprudence, et Camille leur pardonne cette gageure dangereuse.

La pièce offre quelques longueurs, une situation forcée, mais beaucoup de couplets délicats et fins. Elle a été jouée avec beaucoup d'ensemble. Le rôle de Camille a été rendu avec noblesse par la citoyenne Lescaut, et celui de la soubrette, avec beaucoup de finesse et de gaieté, par la citoyenne Blosseville. Mais le rôle de Florestan, qui est cependant le premier de la pièce, n'a pas été joué, par le citoyen Henri, comme on l'auroit désiré ; il auroit dû mettre dans son jeu moins d'affectation. Le citoyen Carpentier, dans le rôle de Lahire, a beaucoup amusé par son costume plaisant, quoique vrai, et son jeu naturel.

L'auteur est le citoyen Goulard, associé depuis quelque temps aux aimables Dîners du Vaudeville.

D’après la base César, la pièce de Goulard a connu 18 représentations, du 10 octobre 1798 au 7 juin 1799.

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