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Florian

Florian, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, de Bouilly et Pain, 27 nivôse an 9 [17 janvier 1801].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Florian

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

 

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

27 nivôse an 9 [17 janvier 1801]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Bouilly et Joseph Pain

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Lepetit et chez Barba, an IX – 1801 :

Florian, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, Représentée pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 27 Frimaire an 9 ; par J. N. Bouilly et Joseph Pain.

    Ce n’est pas en les déchirant,
Que l’on peut corriger les hommes.

Florian, scène XV.

[La date donnée par la brochure n’est pas la bonne, à un mois près.]

Courrier des spectacles, n° 1420 du 28 nivôse an 9 [18 janvier 1801], p. 2 :

[Succès pour une pièce qui met en scène deux poètes du 18e siècle : les auteurs ont été nommés et vivement applaudis. L’intrigue telle que le critique la résume paraît assez compliquée. Elle se passe à la campagne, aux Carrières, dans le parc du château du duc de Penthièvre, grand chasseur, et tourne autour de divers braconniers qui poursuivent l’un le lièvre; l’autre la fille du chasseur de lièvres, et des deux poètes Florian et Gilbert. Les braconniers sont recherchés par le garde-chasse. La fille du braconnier vient au secours de Gilbert perdu dans la forêt, en proie au mal-être. Le garde-chasse part à la recherche des braconniers, et ne trouve que les deux poètes. Dénouement : la jeune fille épouse son amant, avec une dot. Le critique ne fait pas de commentaire sur cette intrigue, et se limite à annoncer qu’il donnera des couplets redemandés, et que la pièce a été bien jouée.

Numa Pompilius et Estelle sont des romans de Florian (1786 et 1788).]

Théâtre du Vaudeville.

Un succès des plus complets a couronné les efforts des deux auteurs qui se sont réunis pour présenter Florian sur la scène. Les citoyens Joseph Pain et Bouilly ont été nommés au milieu des plus vifs applaudissemens.

Florian s’occupe à Sceaux à composer son Estelle. Gilbert, ce poëte enlevé trop jeune aux 1ettres, cherche une retraite dans les Carrières. Lafût, garde-chasse du duc de Penthievre, fait la guerre aux braconniers : Rocques, chef des Carrières, la fait aux lièvres, et Justin, dont les occupations sont plus douces, fait sa cour à Gabrielle, fille de Rocques. Cette aimable personne n’est pas insensible aux vœux de son amant ; mais un intérêt plus pressant suspend l’expression de son amour. Elle a vu un infortuné rôder dans les Carrières ; le besoin l’assiège, et Gabrielle néglige un peu son amant pour lui porter des secours. C’est Gilbert, qui après avoir démasqué le vice est obligé de fuir pour se dérober à la vengeance de ceux qu’il a gourmandés. Le plus actif de tous ces personnages c’est Lafût ; il est à-la-fois bon chasseur et amoureux de Gabrielle, mais ne pouvant lui inspirer de l’amour il tente un autre moyen pour obtenir sa main. Rocques a déjà été pris trois fois en contrebande, et s’il ne détermine sa fille à épouser le garde-chasse, celui-ci fera sa déclaration. Le père et la fille ne balancent point dans leur refus, et Lafût entame ses poursuites. Rocques et Gabrielle implorent l’appui de Florian. Une ordonnance est rendue, elle porte que Rocques a mérité une punition exemplaire ; mais que sur l’observation que Florian a faite que c’est un bon père de famille ; et par la crainte qu’il ne désobéisse encore aux défenses, on lui accorde le droit de chasse. Lafût se console comme il peut de ce contretems, qui contrarie ses projets, mais il voit par-tout des braconniers, il engage plusieurs paysans à l’accompagner dans les Carrières, où il a vu se réfugier quelqu’un. Ils en ramènent Florian et Gilbert. Celui-ci vaincu par le chantre de Numa, consent à faire la paix avec les hommes ; et Florian fait même celle de Justin avec Gabrielle, à qui il donne une dot.

Nombre de couplets ont été redemandés. Nous en donnerons quelques uns. Un ouvrage agréable veut encore être bien rendu : les auteurs du nouveau vaudeville n’ont eu rien à désirer., Les cit. Carpentier, Vertpré, Duchaurne et Henry, et madame Henry ont donné un nouveau charme à cette pièce.

Courrier des spectacles, n° 1423 du 1er pluviôse an 9 [21 janvier 1801], p. 2 :

[Les couplets promis deux jours avant. Le succès de la deuxième représentation a été encore plus grand, grâce aux acteurs. Le critique insiste beaucoup sur la qualité de ce succès : les couplets en question ont été redemandés « sans effort, sans cabale […] parce qu'ils firent plaisir ».]

Théâtre du Vaudeville.

La seconde représentation de Florian eut hier plus de succès encore que la première. Plus d’ensemble dans les rôles, a contribué à faire ressortir davantage les beautés de ce petit ouvrage.

Les citoyens Vertpré, Duchaume, Carpentier et Henry ont rendu avec toute l’intelligence qu’on leur connoit les différents personnages de la piece, dans laquelle madame Henry, joue le rôle de Gabrielle avec beaucoup de grâces et de sensibilité.

Sans effort, sans cabale on redemanda deux couplets, parce qu'ils firent plaisir. Qu’il nous soit permis de soumettre à nos lecteurs les suivans, que nous ne pûmes insérer à la suite de l’analyse, dans notre numéro d’avant-hier.

Air : Femmes , voulez-vous éprouver ?

Molière attaqua nos travers
Avec l’arme du ridicule,
Boileau l’imita dans ses vers,
Mais fit trop sentir sa férule ;
C’est en vain que d’un vers sanglant
Vous frappez le siècle où nous sommes ;
Ce n’est pas en les déchirant
Que l’on peut corriger les hommes.

Ai  : J'ai vu partout dans mes voyages.

Sur la plus légère apparence
Doit-on sévir imprudemment ?
Souvent on trouve l'innocence
Même sous les traits d’un méchant.
Celui qui fait une victime
Peut-il jamais se pardonner ?
Soyons prompts à punir le crime,
Soyons lents à le soupçonner.

Florian.

      Air : Dans ce sallon où, etc.

Chaque âge à la femme a recours ;
Enfans, c’est elle qui nous prête ;
Nous savons au tems des amours
Lui payer comptant notre dette.
Vieux, nous empruntons ses faveurs,
Ses soins et sa bonté première ;
Mais nous restons ses débiteurs
En finissant notre carrière.

F. J. B. P. G * * *.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1801, tome V, p. 274-275 :

[La pièce met en scène l’écrivain Florian. Elle montre une anecdote qui est racontée dans le compte rendu d’une manière peu claire (on ne sait même pas si Gabrielle épouse Justin). Le succès est au rendez-vous : dialogue soigné, couplets « bien écrits et pleins d'idées fortes », « contraste des caractères de Florian et de Gilbert […] parfaitement tracé ». Une seule réserve sur certaines entrées et sorties « peu motivées », mais « rachetées par des situations heureuses ». L’interprétation est excellente.]

Florian.

Florian s'occupe, à Sceaux, de son Estelle. Il prend pour modèle de sa bergère une jeune fille du village, Gabrielle, dont la naïveté et la candeur lui ont plu. Cette jeune personne est fille de Roch, chef des carrières; elle aime Justin, dont elle est aimée, et qui a pour rival Laffut, vieux garde-chasse.

Gabrielle a caché dans une carrière un infortuné à qui chaque jour elle prodigue ses soins ; il n'existe que par ses secours, fuit les hommes et se plaint de leur ingratitude. Florian l'observe, il l'entend parler de ses ouvrages, de ses satyres, et aussitôt il reconnoit Gilbert, qu'il entreprend de rendre à la société, et qu'il suit dans sa retraite.

Roch, surpris trois fois en braconnage, est dénoncé par Laffut, qui voudroit épouser sa fille ; obtient sa grâce par l'entremise du bon, du sensible Florian ; alors on descend dans la carrière pour prendre des gens suspects, que Laffut y a vu rôder ; on en ramène Florian et Gilbert, qui consent enfin à rentrer dans la société.

Le succès le plus brillant a couronné cet ouvrage, dont la première représentation a eu lieu, le 28 nivose. Le dialogue est soigné, les couplets bien écrits et pleins d'idées fortes. Le contraste des caractères de Florian et de Gilbert est parfaitement tracé ; en un mot, la pièce a mérité son succès. Quelques entrées et sorties sont cependant peu motivées, mais elles sont rachetées par des situations très-heureuses.

Les auteurs sont les CC. Bouilly et Joseph Pain.

La pièce a été parfaitement jouée. On peut nommer principalement les CC. Verpré, Carpentier, Duchaume, Henri, et M.me Belmont, femme Henri.

L’Esprit des journaux français et étrangers, trentième année, tome VI, ventôse an IX [février-mars 1801], p. 218-220 :

[Le critique n’a pas trouvé la pièce à son goût ; elle s’inscrit pour lui dans une série interminable de pièces de vaudevilles sur « les hommes qui se sont acquis de la célébrité » et il souligne les difficultés de ce genre d’entreprise : choisir des auteurs presque contemporains, c’est risquer de devoir parler de gens à la réputation encore mal reconnue, ou de gens dont « la physionomie physique » l’emporte pour le public sur leur « physionomie morale qu'on est tenu de leur donner, en raison de leurs ouvrages. D’autre part la pièce oppose deux poètes très différents, mais les relations qu’on leur prête ici sont éloignées de « la vérité historique ». L’article fait d’ailleurs une large place à la rectification de l’image des deux poètes, avant de critiquer, outre l’« incohérence dans le choix et la peinture des personnages », « le peu de liaison qu’on trouve entre les incidens qui forment l’ensemble de l’ouvrage ». Mais il y a aussi « des couplets saillans répandus çà et là » qui expliquent « le succès de ce petit vaudeville ».]

THEATRE DU VAUDEVILLE.

Florian , vaudeville.

La mode de faire passer, en revue sur ce théâtre tous les hommes qui se sont acquis de la célébrité, & le succès assez constant de cette entreprise, ont sans doute déterminé les CC. Joseph Pain & Bouilli à nous présenter aujourd'hui deux portraits dans le même cadre. Ces deux portraits sont ceux de Florian & de Gilbert ; mais il nous semble que le choix des personnages est ici, probablement, ce qui nuit à 1'intérêt de la pièce. D'abord il est très-difficile de mettre avantageusement sur la scène des hommes presque contemporains, soit parce que leur célébrité n’a pas encore reçu cette sanction pure & irréfragable, que le temps peut seul imprimer aux réputations; soit parce que la physionomie physique des individus, trop près encore de notre souvenir, nuit à la physionomie morale qu'on est tenu de leur donner, en raison de leurs ouvrages. Florian & Gilbert sont dans ce cas. Tous deux enlevés à la littérature avant le temps ordinaire, avoient à peine parcouru la moitié de leur carrière littéraire ; tous deux étoient peut-être meilleurs à connoître par leurs ouvrages que par leur caractère individuel. Leur vie privée n'avoit encore fourni aucun de ces traits caractéristiques qui rendent quelquefois le souvenir des hommes célèbres si intéressant.

L'opposition d'un poëte érotique on pastoral avec le censeur énergique des vices & des travers, étoit ingénieusement conçue ; mais l’application n'étoit pas heureuse à Florian & à Gilbert, qui n'avoient d'abord ensemble aucune des relations qu'on leur prête dans la pièce, & dont les portraits blessent tous deux trop évidemment la vérité historique.

Florian, si délicat dans ses écrits, si sentimental avec la plume, étoit aussi quelquefois très-caustique & très-malin dans la société. Plus ami de la ville que des champs, plus courtisan que villageois, il n'eût pas protégé les braconniers de la terre de M. de Pinthièvre, & encore moins pris le modèle de son Estelle sur les mœurs de nos paysannes de Sceaux.

Gilbert, né avec du talent, avoit d'abord caressé & courtisé les philosophes, & ce n'est qu'après s'être cru blessé par eux qu'il a pris le parti de vendre sa plume à l'archevêque de Paris, pour déclarer la guerre à la philosophie. Cette conduite ôte nécessairement quelque prix à cette prétendue énergie qu'il a signalée, & la misanthropie, quelquefois si respectable, cesse de l'être quand elle est le fruit de l'humeur plutôt que de la vertu, & du calcul plutôt que du sentiment. D'ailleurs il paroît aussi que les auteurs de la pièce rendent à sa mémoire un hommage un peu exagéré, en lui donnant un brevet de génie. Il seroit bien injuste, sans doute, de ne pas reconnoître dans le Juvénal moderne un talent très-prononcé, mais le génie est un bien grand mot pour caractériser un écrivain satyrique, qui à des talens de verve & de chaleur, mêle dans presque tous ses ouvrages une grande injustice, de fréquentes incorrections, un désordre d'idées intolérable & des déclamalions hyperboliques ou triviales.

Malgré cette petite incohérence dans le choix & dans la peinture des personnages, malgré le peu de liaison qu'on trouve entre les incidens qui forment l'ensemble de l'ouvrage, il faut rendre justice á la grâce des couplets saillans répandus çà & là, & qui, en attirant de justes applaudissemens, ont déterminé le succès de ce petit vaudeville.

Annales dramatiques: ou, Dictionnaire général des théâtres, tome quatrième (Paris, 1809), p. 134-136 :

[Le principal mérite de cet article est de résumer clairement ou presque une intrigue qui tourne autour de deux histoires, celle de Florian aidant Roch et Gabrielle, et celle qui lui fait donner son aide à Gilbert (le poète). Le jugement critique est rapide : « Cet acte offre des scènes très-agréables, et des couplets fort bien tournés », et la démonstration est faite par la citation d’un de ces couplets, «aussi justement que généralement applaudi ».]

FLORIAN, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles ; par MM. Bouilly et Pain, au vaudeville, 1800.

Le Théocrite de notre nation, Florian travaille à son Estelle, pastorale charmante, que l'on regarde à juste titre comme un modèle exquis de sensibilité et de goût. Deux jeunes villageois, deux amans, Victor et Gabrielle lui servent de modèles, et Gabrielle surtout, qui réunit aux grâces de la figure et aux charmes piquans de la vivacité, une âme noble et franche, et un cœur délicat, sensible et généreux; elle habite les environs de Sceaux, et vient tous les jours apporter le repas de son père et celui de ses ouvriers, qui travaillent à une carrière attenante au parc du duc de Penthièvre ; c'est-là que le chantre d'Estelle vient épier la nature, et la prendre sur le fait. Il sort du parc, et arrive à la carrière sur le déclin du jour ; il y trouve le père de Gabrielle dans une inquiétude d'autant plus grande, que c'est pour la troisième fois qu'il est pris en braconnant. Laffut, vieux mais intrépide garde-chasse., l'a surpris sur un terrein abondamment garni de gibier ; mais comme Laffut, en dépit de sa vieillesse et de ses infirmités, s'est avisé d'aimer Gabrielle, il a proposé d'arranger l'affaire, et de. retirer le procès-verbal des mains du bailli de Sceaux, moyennant qu'on lui accordât la main de Gabrielle. Mais cette jeune personne est un gibier trop friand pour le vieux chasseur ; et Laffut, irrité du refus de Gabrielle et de son père, a juré de se venger. Voilà ce que le père s'empresse d'apprendre à Florian ; il lui promet, malgré la gravité du cas, de parler au duc en sa faveur, et tout le monde se retire satisfait. Cependant Gabrielle est occupée d'un autre soin. Un malheureux, qui paraît fuir les hommes et les craindre, et qui s'est retiré dans une vieille carrière abandonnée, a besoin de ses consolations. Elle ne le connaît pas ; mais il est malheureux. Elle lui apporte chaque jour de quoi soutenir sa déplorable existence. Occupée d'un soin si généreux, Gabrielle va pour entrer dans la carrière ; mais l'inconnu en sort ; il paraît agité de quelque sinistre projet. D’abord il ne veut plus rien accepter de Gabrielle. Enfin sa douceur irrésistible, ses tendres reproches l'y déterminent : il lui promet de rester dans la carrière jusqu'à son retour. Cependant Florian, témoin invisible de cette scène, est resté jusqu'au départ de Gabrielle. Il prête l'oreille aux discours de cet homme, au sort duquel il s'intéresse vivement; mais quelle est sa surprise, lorsqu'il l'entend s'écrier : « comme ils se sont ligués contre moi ! ils ne m'ont pas pardonné de les avoir démasqués dans mes satires, de les avoir peints comme des pervers , dans l'ode sur le jugement dernier. A ces mots, Florian a reconnu Gilbert. Il veut l'aborder ; mais le poëte se retire. Florian toutefois ne perd pas courage ; il essaye de ramener Gilbert dans le sein de la société : ce n'est que par degrés qu'il peut y parvenir ; mais de quoi ne sont pas capables la vertu et la douceur, unies aux talens ? Enfin, Gilbert cède aux conseils et aux efforts de l'amitié ; et Florian devient son protecteur. On sent bien que les amours des jeunes gens n'est qu'épisodique, et que le délit du père de Gabrielle n'est amené ici, que pour jetter de la gaieté sur le sujet, et faire ressortir la bienfaisance de Florian. Il suffit donc de dire que les amans sont mariés et dotés par Florian, et que c'est encore Florian qui fait obtenir au braconnier, non seulement sa grâce, mais encore la permission de chasser la plus étendue; le tout au grand déplaisir de M. Laffut, qui voit avorter par-là ses projets d'amour et de vengeance.

Cet acte offre des scènes très-agréables, et des couplets fort bien tournés. Il en est un surtout que nous allons citer, et qui a été aussi justement que généralement applaudi.

J’étais bon chasseur autrefois ;
Et savais prendre avec adresse
Gibier d'amour, gibier des bois :
Mais qu'on change avec la vieillesse !
Adieu, colombes et perdreaux ?
Je n'ai plus la main meurtrière ;
On tire sa poudre aux moineaux,
Lorsque l'on finit sa carrière.

Tirer sa poudre aux moineaux, c'est faire des efforts inutiles, se dépenser pour rien.

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