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Françoise de Foix

Françoise de Foix, opéra comique en trois actes, paroles de Bouilly et Dupaty, musique de Berton : 28 janvier 1809.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Françoise de Foix

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

28 janvier 1809

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Bouilly et Dupaty

Compositeur(s) :

Berton

Almanach des Muses 1810.

François Ier a voulu rassembler à sa cour les femmes de tous les seigneurs qui sont attachés à sa personne. Le comte de Châteaubriant, époux de la belle Françoise de Foix, la tient renfermée dans un château-fort au fond de la Bretagne, et, dominé par son excessive jalousie, cherche à persuader au roi que sa femme est tellement disgraciée de la nature, qu'elle ne peut se décider à se montrer ; mais un des pages du comte apprend au roi qu'il est défendu à madame de Châteaubriant de paraître à la cour, à moins qu'une lettre de son mari ne renferme un anneau rpécieux qu'il porte toujours au doigt. On profite du sommeil du comte pour détacher l'anneau et en faire un semblable. Le roi glisse cet anneau dans une lettre du comte écrite à la belle Françoise. La comtesse arrive ; elle est rencontrée par son mari, qui se doute du tour que le roi lui a joué. Il recommande à la comtesse de cacher son nom, et la présente à François Ier sous le nom d'une baronne, jeune et veuve,, qu'on attend à la cour pour embellir la fête. Le roi, pour se venger de cette petite ruse du jaloux, feint de croire la dame libre, de sentir pour elle une vive passion, et prend son mari pour confident ; mais, ayant éprouvé la vertu de la comtesse, et la trouvant fidèle à ses devoirs, il oarvient à convaincre son époux de toutes ses belles qualités, lui fait abjurer ses erreurs, et lui fait sentir que c'est sur-tout par la confiance qu'on parvient à s'assurer le cœur d'une femme.

Nouveau succès obtenu par des auteurs qui y sont habitués.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1809 :

Françoise de Foix, opéra-comique en trois actes ; Paroles de MM. J.-N. Bouilly et Em. Dupaty ; Musique de M. H. Berton, Membre du Conservatoire, et Directeur de l'Opéra-Buffa. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre impérial de l'Opéra-Comique, par les Comédiens ordinaires de Sa Majesté l'Empereur et Roi, le 28 Janvier 1809.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome I; p. 179 :

[L’opéra-comique repose sur des faits historiques que les auteurs racontent à partir d’une version peu fiable : ils transforment une histoire d’amour de François Ier en échec amoureux : sa belle se refuse à lui, le mari échappe au déshonneur, et François Ier devient un amant respectueux : plus de maîtresse pour le roi, plus de mari trompé. Visiblement, le critique ne cautionne pas cette entorse à la vérité historique, mais on est au théâtre... Ce qui sauve la pièce, dont le fonds est peu convaincant, ce sont les détails (les auteurs connaissent leur métier et ont de l’esprit), mais aussi la musique, elle aussi oeuvre d’un homme d’expérience. Et « la pièce a été jouée par les premiers acteurs ».

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE.

Françoise de Foix, opéra comique en trois actes, joué le 28 janvier.

Il est aussi certain que Françoise de Foix, comtesse de Chateaubriand, fut maîtresse de François I, qu'il est connu que Madame d'Estampes lui succéda, ou que Diane de Poitiers fut la maîtresse de Henri II. La mettre au théâtre comme une femme qui a refusé l'hommage de son souverain, c'est donner un démenti à l'histoire ; c'est comme si on faisoit soupirer infructueusement Henri IV pour Gabrielle : mais les auteurs dramatiques ne sont pas scrupuleux sur la fidélité historique, ils prêtent à leurs héros les vertus dont ils ont besoin pour les rendre intéressans. Les auteurs du nouvel opéra ont adopté une fable racontée par Varillas, l'auteur dont les histoires ressemblent le plus à des romans. Pour que leur sujet convînt au théâtre, ils ont fait de la comtesse de Chateaubriand, une innocente, de son mari un jaloux qui se croit trompé, de François I un amant respectueux qui a seulement voulu inquiéter un mari, que le dénouement assure de la fidélité de son épouse. Les détails de cette pièce sont bien au dessus du fonds : on voit que les auteurs sont des gens d'esprit et qui connoissent la scène. La musique de M. Berton n'a pas peu contribué au succès ; cet aimable compositeur sait diversifier son talent et le plier à tous les genres. La pièce a été jouée par les premiers acteurs, MM. Elleviou, Gayaudan, Mesdames Crétu , Bellemont et Gavaudan.
Les auteurs sont MM. Bouilli et Dupaty.

L'Esprit des journaux, année 1809, tome II (Février 1809), p. 288-293 :

[L’auteur de ce compte rendu tient à faire le point sur la vérité historique que, selon lui, la pièce maltraite. Il cite longuement des gens qu’il estime des historiens pour raconter la façon dont François Ier va se trouver empêché de séduite Françoise de Foix. L’examen de la pièce n’arrive qu’après ces considérations intéressantes pour nous (l’image du roi aux yeux d’un homme d’après la Révolution, la façon dont on conçoit ses relations avec son entourage, la conception de l’histoire, tout de même très anecdotique), mais qui éclairent peu sur la pièce. Cet examen aboutit à un jugement positif : « Il y a des situations bien traitées dans cette pièce ; le dialogue en est de bon goût, et le dénouement a fait grand plaisir », même si on peut reprocher un peu de froideur, une conception contestable de certains personnages, dont celui du roi, et une certaine immoralité (« une leçon donnée aux maris jaloux », mais « une leçon très-peu morale ». « La pièce a obtenu un brillant succès », et la musique plaît beaucoup au critique parce qu’elle est d’un musicien qui a « le caractère qu'il doit avoir parmi nous, sans trop sacrifier à l'une ou à l'autre des écoles étrangères », « M. Berton veut faire sur des paroles françaises, de la musique française », en réalisant une musique parfaitement adaptée à la pièce, à ses paroles, à la situation, etc.]

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Françoise de Foix, opéra comique, paroles de MM. Bouilly et Dupaty, musique de M. Leberton.

Il paraît à-peu-près certain que Françoise de Foix, comtesse de Châteaubriant, fut une des maîtresses de François Ier. ; mais ce que Varillas, et après lui, l'auteur des Galanteries des rois de France, disent des moyens employés par le mari de cette femme célèbre, pour la soustraire aux recherches du roi, a été révoqué en doute, et même démenti formellement par les historiens les plus dignes de foi.

Quoi qu'il en soit, voici de quelle manière MM. Bouilly et Dupaty ont arrangé ce roman pour la scène comi-lyrique.

François Ier., d'accord avec sa mère, Louise de Savoie, et sa sœur la belle Marguerite de Navarre, qui aimait passionnément les plaisirs, réunit au château de Saint-Germain tout ce que la France a de plus galant et de plus magnifique. C'est sur-tout de femmes séduisantes, que le monarque aime à s'entourer, et comme il est l'homme le mieux fait de son royaume, les nobles dames de ses vassaux ne répugnent pas trop à lui procurer les agrémens de leur société.

Il est une beauté pourtant que le roi désire vainement attirer dans sa cour, c'est la comtesse de Châteaubriant (Françoise de Foix, vraie merveille de la nature). Le mari de cette illustre et trop adorable femme, craint avec raison de la faire paraître aux yeux de son maître, et invente chaque jour de nouvelles excuses pour se dispenser de satisfaire la dangereuse curiosité du roi. « M. de Châteaubriant, dit Varillas, donnait des défaites si galantes qu'elles ne laissaient aucun lieu de le soupçonner de la faiblesse qui vient de trop d'amour ; il rejettait toute la faute sur l'humeur particulière de sa femme, et la faisait passer pour une beauté farouche qu'il était impossible d'apprivoiser ».

« Le comte, disent d'autres écrivains, dont MM. Bouilly et Dupaty ont adopté les fables, s'avisa d'un moyen tout-à-fait digne des romans de la Calprenède ; il fit faire une bague fendue en deux parties égales, qui se joignaient, s'enchassaient l'une dans l'autre, et pria sa femme de ne déférer à aucune de ses lettres , quelque pressantes qu'elles pussent être, si elle n'y trouvait enfermée la partie de la bague de laquelle il lui laissait une moitié ».

« Cependant la persécution augmenta, et comme si le roi n'avait dans l'esprit que cette affaire, il s'obstine à vaincre la répugnance du comte, par toutes sortes de moyens ; on cherche à séduire les domestiques de ce malheureux mari, et on en vient facilement à bout ; il avait eu l'imprudence de confier l'important secret de la bague à un valet-de-chambre infidèle ; celui- ci la donne aux émissaires du roi, qui en font aussi-tôt faire une pareille, et au grand étonnement du comte, la comtesse paraît à la cour ».

C'est ici que les deux auteurs commencent à s'écarter du texte. S'il faut en croire Varillas, « le comte reconnut qu'il avait été trahi, mais il ne se souvint pas qu'il avait lui-même donné occasion à la perfidie ; il accusa le ciel de sa propre faute, et partit sur-le-champ pour retourner en Bretagne, de peur d'être témoin de sa honte ». Le Châteaubriant de ces messieurs fait une plus belle défense, ou, pour mieux dire, montre moins de résignation. Sûr que le monarque n'a point encore vu la comtesse, il engage celle-ci à prendre le nom d'une baronne de Bretagne, et à feindre de ne s'être trouvée sur le passage du roi que par un effet du hasard. La comtesse veut bien se prêter à cette petite supercherie, mais en présence de son souverain elle ment avec si peu d'assurance, que ce prince n'aurait pas besoin d'être instruit de la vérité, comme il vient de l'être par un page, pour s'appercevoir de l'imposture. Cependant, en prince d'esprit, il paraît ne rien soupçonner, et la situation du pauvre mari n'en devient bientôt que plus embarrassante. Epris tout-à-coup des charmes de la fausse baronne, le roi ne craint pas de faire éclater son amour ; de son côté la fausse baronne reçoit tous les hommages du roi avec une complaisance très-allarmante pour le comte. Des fêtes brillantes se succèdent ; elles se terminent par un tournois dans lequel un vaillant chevalier paraît avec la devise et les couleurs de la belle étrangère ; ce chevalier inconnu terrasse tous ses rivaux, et veut recevoir des mains de sa dame le prix destiné au vainqueur. Le comte, frémissant de rage, se dispose à faire un éclat ; il est bientôt forcé de se taire en voyant qu'il aurait affaire au roi, car c'est François Ier., c'est le roi de France, qui vient de faire ainsi mordre la poussière aux plus braves chevaliers de sa cour.

Tout ceci n'est, au surplus, qu'un jeu ; le monarque, qui a voulu se divertir aux dépens d'un mari jaloux, est bien un moment tenté de poursuivre ses avantages, et il se procure même dans ce dessein une entrevue nocturne avec la comtesse ; mais celle-ci, quoique très-disposée à le trouver aimable, croit devoir lui opposer de la résistance, et il se sent aussitôt des scrupules qui garantissent fort à propos le fragile honneur du mari.

Il y a des situations bien traitées dans cette pièce ; le dialogue en est de bon goût, et le dénouement a fait grand plaisir. On ne peut toutefois cacher aux auteurs que l'ensemble de l'ouvrage est un peu froid. Le comte de Châteaubriant y joue trop facilement le rôle d'un sot pour que le roi de France ait grand mérite à le mystifier ; et l'abus que celui-ci fait de ses immenses avantages sur un de ses sujets, c'est-à-dire sur un homme à qui tout moyen de défense est interdit, ne s'accorde guères avec l'idée qu'on aime à se faire de la générosité de François Ier. Enfin, si l'on veut considérer l'action du monarque comme une leçon donnée aux maris jaloux, ce ne sera encore qu'une leçon très-peu morale ; le comte de Châteaubriant pouvait très-légitimement s'opposer à ce que son épouse vînt figurer au milieu d'une cour, la plus galante et la plus licencieuse qu'il y eût alors en Europe, car il ne nous est pas parfaitement démontré que ce soit une vertu de dire à l'homme de haut rang, qui veut bien s'humaniser avec nos femmes :

     Vous nous faites, seigneur,
En les aimant, beaucoup d'honneur.

La pièce, au surplus, a obtenu un brillant succès.

La musique est de l'un de nos compositeurs les plus justement estimés, et l'un de ceux qui, dans l'état actuel de la musique en France, nous paraît le plus conserver à cet art le caractère qu'il doit avoir parmi nous, sans trop sacrifier à l'une ou à l'autre des écoles étrangères, sur lesquelles on recommence à disserter beaucoup depuis quelque temps. A l'exemple de Grétry, M. Berton veut faire sur des paroles françaises, de la musique française ; c'est-à-dire une musique qui, d'accord avec les paroles, avec la situation, chantante quoique dramatique et bien dialoguée, ait le plus possible le ton du sujet et la couleur du temps ; et dans cette circonstance, l'auteur de Montano, du Délire et d'Aline nous paraît encore une fois avoir suivi un bon systême, et l'avoir heureusement exécuté.

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