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Il Finto sordo

Il Finto sordo, opéra buffa en 2 actes, de Farinelli, 28 frimaire an 14 (19 décembre 1805).

Théâtre de l’Opéra-Buffa.

L’opéra est cité par Castil-Blaze dans son livre sur les Théâtres lyriques de Paris, Opéra italien de 1548 à 1856, p. 348 :

Il Finto Sordo (Le Sourd ou l’Auberge pleine), Farinelli ; 20 décembre 1805.

Le Courrier des spectacles donne comme date le 19 décembre (le 28 frimaire an 14).

L’opéra italien serait la traduction en italien de la pièce de Desforges, le Sourd ou l’Auberge pleine.

Titre :

Finto sordo (il)

Genre

opéra buffa

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ,

Musique :

oui

Date de création :

28 frimaire an 14 (19 décembre 1805)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Buffa

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

Farinelli

Sur la page de titre de la brochure, chez Mme Masson, 1805 :

Il Finto Sordo. Le Sourd, ou l'auberge pleine. Opéra buffon en deux actes, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de l'Impératrice, le 14 frimaire an 14 (5 décembre 1805).

La première del Finto sordo s’est fait longuement attendre, puisqu’elle n’a eu lieu que le 28 frimaire, le 19 décembre.

Courrier des spectacles, n° 3251, du samedi 30 frimaire an 14, 21 décembre 1805, p. 2-3 :

[Ce « sourd supposé » est en fait l’adaptation à l’opéra buffa italien d’une pièce française qui a eu bien du succès. Ainsi, il échappe au reproche qu’un fait à ces opéras d’être « de misérables cannevas dénués de raison, d’intérêt, d’intrigue et d’esprit comique ». Même s’il a fallu couper dans certaines situations comiques, difficiles à transposer, le résultat est jugé satisfaisant. Après ces préliminaires, c’est au chanteur du rôle principal que le critique s’attache, pour souligner la qualité de son jeu. Le musicien est ensuite présenté : c’est le fameux Farinelli (que nous connaissons comme chanteur). Son opéra a été jugé pauvre en musique, mais ce défaut est expliqué par le fait que l’opéra, normalement en un acte, a été « étiré » en deux actes. La musique fait l’objet d’un examen minutieux (et globalement positif), d’abord l’ouverture (qui est d’un autre compositeur : habitude courante de mêler des morceaux empruntés ici et là dans un opéra), puis les principaux airs, pour lesquels le critique donne son sentiment à la fois sur la musique et son l’interprète. On peut ainsi percevoir comment le public (et le critique) perçoit un morceau de musique. Le dernier paragraphe est réservé à un jugement général, qui manque d’enthousiasme : « cette pièce peut faire plaisir », et il faut attendre avant de la juger, ce qui semble indiquer que le résultat n’est pas satisfaisant : il faut laisser le temps aux artistes de donner leur pleine mesure pour découvrir « des beautés qui ont échappé la première fois ». En quelque sorte, « peut mieux faire »...]

Théâtre de l’Opéra-Buffa.

Il Finto Sordo (le Sourd supposé).

Cet opéra est une imitation, ou plutôt un abrégé de l'Auberge pleine, espèce de farce jouée si long-tems et avec tant de succès sur la plûpart de nos théâtres subalternes. On a si souvent reproché aux Italiens de n’offrir à leurs auditeurs que de misérables cannevas dénués de raison, d’intérêt, d’intrigue et d’esprit comique, que leurs compositeurs ont enfin pensé à s’emparer de quelques sujets français.

L’Auberge pleine étoit un ouvrage très-propre à être transporté sur la scène italienne. On l’a donc adaptée à l’opéra, en lui donnant un récitatif, des airs, etc., et tout ce qui constitue ce genre de compositions. On y a conservé l’intrigue et les deux caractères principaux ; mais on a été forcé de sacrifier quelques situations et des traits comiques dont la musique n’auroit pu s’accommoder. Malgré ces mutilations, on peut regarder cette pièce et celle du Mélomane comme les deux meilleures que l’on nous ait encore données.

Le rôle principal est joué d’une manière très originale par M. Barilli. Cet acteur a un fonds de verve comique extrêmement fertile et va rié, et s’il n’eut poussé trop loin la gaîté dans la scène du chapeau, quand il le place sous son lit, on auroit vu en lui un digne rival de notre célèbre Dasnières ; à cela près, tous les mots français qu’il a mêlés à son dialogue ont beaucoup amusé les auditeurs. M. Barilli fait toujours plaisir, soit qu’il chante, soit qu’il joue. C’est un des meilleurs bouffes que nous ayons eus encore à Paris. Beaucoup de personnes le comparent à Rafanelli. Sa figure, quoique belle et régulière, prend les formes les plus variées et les plus bizarres ; tous ses mouvemens sont ceux d’un acteur Sa gaîté n’est point en superficie, comme celle d’un de nos valets du Théâtre Français, qui s’est imaginé que l’effet comique dépendoit des grimaces de son visage. Ce n’est point un Crispin s’agitant inutilement dans une petite sphère d’activité ridicule ; mais sa verve vient de son ame et de son esprit, seule véritable source du talent.

Farinelli, auteur de la musique du Sourd, est un compositeur estimé ; le caractère de sa musique est la légèreté, la grâce et l’élégance. La Locandiera a déjà donne une idée avantageuse de son talent ; mais il est moins riche que Cilmarosa, Paësiello, Guglielmi, Mayer, Paer, etc., en grands effets et en morceaux d’ensemble. Si la Locandiera fait plus de plaisir que le Sourd, c’est que la Locandierd est restée telle qu’il l’avoit composée, tandis que l’on a distribué en deux actes la Farsa du Sourd, qu’il n’avoit composée qu’en un seul acte ; il en est résulté en apparence une parcimonie de musique, dont le public n’a pas semblé satisfait.

L’ouverture est de M. Mayer ; elle est d’un style agréable et gai et convient très-bien au sujet ; elle n’a rien laissé à désirer du côté de l’exécution, et l’on a sur-tout remarqué le talent de MM. Tulot et Gille ; le premier, dans les solo de flûte y le second, dans le hautbois.

L’opéra commence par tin air d’un style frais et léger, que M. Tarulli a très-bien chanté ; ce virtuose est un musicien. très-distingué. Sa voix-est étendue, souple, moelleuse et féconde en beaux effets.

Le duo du premier acte ::Ritorna don Pagnacca, chanté par Mlle. Crespi et M. Barilli n’a rien. de saillant. L’auteur auroit pu rendre d’une manière beaucoup plus piquante les traits comiques que lui offroit le dialogue. On a remarqué dans la voix de Mlle. Crespi quelques légers signes de timidité. Quoique la modestie soit un des plus beaux ornemens de son sexe et de son âge, le sentiment de ses talens peut suffire néanmoins pour lui inspirer plus de confiance.

L’air chanté par Nozari : Proverà chel’alma audace, etc. est d’une belle et riche composition ; il auroit donné beaucoup d’éclat à la pièce, si l’acteur chargé de son exécution eût joui de tous ses moyens. C’est un instrument bien délicat et bien frêle que la voix ! Un organe formé sous le beau ciel d’Italie se trouve un peu dépaysé dans nos contrées septentrionales ; il faudroit, pour la conservation de ces instrumens précieux, prier M. Chevalier de ne pas laisser descendre le mercure de son thermomètre jusqu’à huit degrés au-dessous de glace.

Le rôle du Sourd étoit destiné à M. Zardi, qui n’a pu le jouer par-cause d’indisposition. M. Nozari s’en est chargé avec beaucoup de zèle et d’obligeance, et l’a appris en cinq jours. Malgré ce court intervalle, et la difficulté du rôle, il l’a rempli avec facilité et intelligence ; ce qui prouve qu’il peut devenir acteur, s’il veut se livrer aux études nécessaires pour acquérir ce talent.

Les paroles et la musique de l’air que chante; Barilli avant son souper ambulante, sont d’un style très-gai ; et ont produit de l'effet. Ce morceau n’est point de Farinelli, mais de M. Mosca.

Le quintetto qui termine le premier acte : Tutto è cheto etc. est d’une excellente facture, et rend bien la situation qui est très-comique. C’est le plus beau morceau de la pièce ; il a été exécuté par Mlles. Crespi et Salucci, par MM Nozari, Barilli et Tarulli, de manière à exciter de vifs applaudissemens. On s’est beaucoup amusé du jeu d’il signor Barilli, et l’on a remarqué l’art avec lequel il a rendu les détails plaisans de son coucher et de son réveil.

Le second acte est peu fertile en morceaux de musique. Il commence par un petit air que Mlle Salucci a bien chanté. Le duo ; Son chi sono cospettonne est d’une composition dramatique ; cependant il a produit peu d’effet. L’air : Senti ô caro, chanté par Mlle. Crespi est très-agréable. Cette intéressante virtuose y a fait admirer la flexibilité et la douceur de son gosier.

Le morceau : Allorchè avrete in mano, dont les paroles sont fort gaies, a été exécuté avec beaucoup de succès par il signor Tarulli qu’on a vivement applaudi. Le finale est pauvre en musique ; tout ce que l’on a pu y remarquer, c est la manière plaisante avec laquelle M. Barilli a estropié le nom du grand fabricateur de son épée magique : Fifi ciccia-mammà.

En général, cette pièce peut faire plaisir ; elle est très-gaie, et ne doit pas être jugée sévèrement après cette première représentation. Quand les acteurs chargés des principaux rôles pourront donner à leurs moyens tous les développemens dont ils sont susceptibles, peut-être sera-t-on étonné d’y trouver des beautés qui ont échappé la première fois.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome I, janvier1806, p. 278-279 :

[Il Finto sordo joué sur le théâtre de Picard, dans le cadre de l’Opéra Buffa n’a pas rencontré le succès : bien sûr rien à dire sur le livret, mais même la musique est jugée « d'une extrême faiblesse ». Elle n’est ni originale, ni expressive, ni comique, ni bouffonne. Il faut s’adresser à de meilleurs compositeurs.]

L'Opéra-Buffa a fait long-temps attendre Il Finto sordo, et jamais attente ne fut plus complettement frustrée. Comme bouffonnerie, la pièce est bien loin de celle qui lui a servi de modèle ; comme production musicale, elle est d'une extrême faiblesse : on peut la nommer légère, parce qu'elle est d'une nudité absolue ; agréable, parce qu'en effet on peut l'entendre sans fatigue, et la suivre sans effort ; mais pour originale, pour expressive, pour comique ou pour bouffonne, il est impossible de lui appliquer une seule de ces épithètes : la Locandiera avait fait juger le genre de talens de Farinelli ; c'était donc un mauvais choix qu'il Finto sordo, et il est instant que, mieux conseillée, l'administration n'ouvre plus que des partitions estimées. Il est difficile de croire qu'Anfossi, Guglielmi, Sarti, Piccini, Paësiello, Cimarosa laissent cette administration dans l'embarras du choix.

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