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La Femme innocente, malheureuse et persécutée, ou l’Epoux crédule et barbare

La Femme innocente, malheureuse et persécutée, ou l’Epoux crédule et barbare, pantomime en quatre actes et en prose, 21 février 1811.

Odéon. Théâtre de l’Impératrice.

Titre :

Femme innocente, malheureuse et persécutée (la), ou l’Epoux crédule et barbare

Genre

pantomime en prose

Nombre d'actes :

4

Vers / prose

en prose

Musique :

 

Date de création :

21 février 1811

Théâtre :

Odéon. Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Rougemont

Almanach des Muses 1812.

Parodie des mélodrames, que l'on peut regarder eux-mêmes comme la parodie de la tragédie.

Dans l’Almanach des Muses, le titre est réduit à La Femme malheureuse, innocente et persécutée.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Martinet, 1811 :

La Femme innocente, malheureuse et persécutée, ou l’Epoux crédule et barbare, pantomime en quatre actes et en prose. 21 février 1811. Tirée des meilleurs auteurs, jouée avec le plus grand succès sur le théâtre de Pontoise, le mardi-gras de l’année dernière, et précédée d’un dialogue en prose ; Par M. B. de R.**. Représentée pour la première fois sur le théâtre de S. M. l’Impératrice, le 21 février 1811.

M. B. de R.**, c’est bien entendu Michel Nicolas Balisson de Rougemont.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1811, tome III (mars 1811), p. 282-286

[La pièce est une parodie, et le critique fait semblant de ne s’en apercevoir qu’à la fin de son article. La pièce est amusante, même si certains (des amateurs de mélodrames ?) ont cru bon de siffler. La pièce est censée avoir été jouée au carnaval de l’année précédente, à Pontoise, et être l'œuvre d’un certain Gilles de Pontoise. Le prologue insiste beaucoup sur la réalité de ces deux points. Le critique fait semblant de croire tout cela, avant de lever le voile et d’employer enfin le mot de parodie.]

La Femme innocente, malheureuse et persécutée ou le Mari crédule et barbare. Le carnaval est une époque de réjouissances pour tout le monde ; le plaisir ne se borne pas seulement à courir les rues : il fait sentir jusques sur nos théâtres sa joyeuse influence ; et, dans ce bon temps consacré à la licence et à la débauche, Thalie, elle-même, ne croit pas se compromettre en dépassant un peu les bornes qu'elle respecte ordinairement dans le cours de l'année. Les auteurs et les spectateurs les plus décens et les plus graves n'hésitent pas alors à se dérider ; les uns font provision de gaieté, les autres d'indulgence, et de cette réunion d'heureuses dispositions, il résulte ordinairement des pièces franchement gaies, et des succès qui n'ont rien à démêler avec la sévérité du parterre.

L'Odéon s'était déjà distingué l'année dernière par un tableau rapide et piquant des principales combinaisons qui font la gloire du mélodrame, et cette invasion sur les terres du tyran des Boulevarts avait été suivie d'un si heureux succès, qu'il est assez naturel que les corsaires aient eu la fantaisie de recommencer ; l'on peut dire que, pour cette fois, ils ont fait main-basse sur tout ce que le genre noir conserve dans ses archives de plus pathétique et de plus respectable. Une femme infortunée, victime de la passion criminelle d'un scélérat, et de la crédulité d'un mari tout débonnaire, condamnée à perdre la vue, et n'y voyant que mieux après l'opération ; tour-à-tour fugitive et victorieuse, échappant à ses ennemis, et gagnant des batailles ; un brigand , qui passe pour le plus honnête homme du monde ; un geolier, modèle de grandeur d'ame et d'humanité ; des voleurs, que l'on tue avec des fusils, qui ratent ; des lions et des ours qui causent tranquillement et qui s'offrent du tabac en attendant l'heure de la chasse ; enfin, la punition du crime et le triomphe de l'innocence : voilà une faible partie de ce que l'on voit dans la Femme malheureuse, innocente et persécutée, et ce que l'on a pu voir déjà dans quelques autres mélodrames, car l'auteur de celui-ci convient franchement dans un prologue rempli d'esprit et de gaieté, qu'il n'a pas eu d'autre prétention que celle de faire une pièce nouvelle, comme on les fait maintenant, avec une douzaine de vieilles. On conçoit qu'il s'est vu forcé pour faire entrer tant de belles choses dans son ouvrage, d'avoir recours à des transitions un peu forcées, à des préparations un peu brusques ; mais voilà précisément ce qui en fait le mérite , et ce qui doit le rendre recommandable aux yeux des connaisseurs.

Ce qu'il y a de sûr, au moins, c'est que M. Gilles, de Pontoise, à qui l'on assure que nous sommes redevables de cette nouvelle production, a surpris tous les secrets du genre ; qu'il en a merveilleusement développé tous les ressorts ; et les spectateurs sans préventions conviendront sans doute, qu'ils ont ri de bon cœur à l'Odéon, de ce qui les a fait pleurer plus d'une fois à la Gaîté, ou à l'Ambigu-Comique. A qui faut-il s'en prendre ? Est-ce à la nature même du mélodrame, qui se prête avec si peu d'effort à exciter la joie, ou à faire verser des larmes ? Est-ce au talent de M. Gilles de Pontoise , qui a su présenter avec une merveilleuse adresse le côté plaisant des scènes les plus sombres et les plus pathétiques ? Si je ne craignais les poignards de nos mélodramaturges, je m'expliquerais avec franchise sur les avantages du genre qu'ils cultivent ; mais je puis, au moins, faire honneur à M. Gilles de l'art avec lequel il en a saisi tous les contrastes ; il n'a laissé échapper aucune nuance, et son mélodrame peut passer à lui tout seul pour une poétique complette du genre tout entier. J'aurais bien voulu en donner une idée plus juste, mais je craindrais, en les déplaçant, d'enlever une partie de leur sel aux traits malins et piquans semés avec profusion dans cet ouvrage. C'est dans leur cadre qu'il faut voir tous ces petits tableaux, où la sensibilité est peinte dans toute sa niaiserie, l héroïsme étalé dans toute son extravagance, le naturel retracé dans toute sa trivialité. S'il était possible de dégoûter certains amateurs du pathos, du galimatias et de l'invraisemblance, certes, une telle parodie devrait opérer cette cure merveilleuse ; et la leçon devrait obtenir un succès d'autant plus sûr, qu'elle se présente avec tout le charme d'un aimable badinage.

Cependant, lorsque la majorité des spectateurs donnait des signes constans de bienveillance, quelques sifflets se sont fait entendre avec obstination, et l'on pourrait parier que ceux qui ont si mal entendu la plaisanterie sont les premiers à prodiguer les applaudissemens aux mélodrames dans toute la force du terme. Les marques d'improbation n'ont point empêché, d'ailleurs, des juges moins exercés, ou moins difficiles , de deviner un auteur ingénieux et piquant sous le voile dont il a jugé à propos de se couvrir, et de rire franchement à la représentation de son ouvrage.                                   A...... E.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 16e année, 1811, tome II, p. 155-156 :

[Une parodie des mélodrames : le compte rendu énumère les éléments du mélodrame que la parodie ridiculise (le lion et l’ours discutent et s’offrent du tabac). Le dialogue, burlesque, est en opposition avec « les situations tragiques ». Prologue amusant, mais l’auteur n’a pas cru bon de se faire connaître.

ODÉON. THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

La Femme innocente, malheureuse et persécutée, ou l'Époux crédule et barbare, pantomime dialoguée en quatre actes, et en prose, jouée le 21 février.

Cette plaisanterie étoit annoncée comme tirée des meilleurs auteurs, et jouée avec le plus grand succès sur le grand théâtre de Pontoise, pendant le carnaval de 1810. C'est encore une parodie des mélodrames qui a beaucoup fait rire. L'auteur a eu en vue de présenter d'une manière plaisante les situations de quelques mélodrames où l'on voit un prince crédule, une princesse persécutée, un traître amoureux, un geôlier humain, un niais, un lion, un ours, etc.

Le duc Bonacini a pour ami Férocios, chef de brigands, dont il ne connoît ni le nom ni la qualité. Ce Férocios, par amour pour la duchesse, l'accuse d'avoir voulu empoisonner son mari, et Bonacini croit tout. La duchesse, enfermée dans un cachot, condamnée à avoir les yeux brûlés, trouve un geôlier humain qui la fait échapper. Le duc est chargé de poursuivre les brigands qui ravagent la contrée, et reconnoît parmi eux son ami Férocios, qu'il tue. La duchesse erre dans les bois, où figurent un ours et un lion qui causent en attendant leur réplique, et qui s'offrent du tabac ; le prince qui est à la chasse reçoit un message qui lui annonce qu'il est chassé de ses états. Il ne sait à quel Saint se vouer, lorsqu'un guerrier vient le rassurer et lui rendre sa puissance. Ce généreux libérateur ôte son casque, Bonacini reconnoît sa femme et se réconcilie avec elle.

Le dialogue burlesque de cette pièce contraste d'une façon très-plaisante avec les situations tragiques.

Le prologue a paru fort amusant. On a demandé l'auteur, et un acteur est venu dire que c'étoit M. Gilles qui désiroit garder l'incognito.

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