La Fête du village, ou l'Heureux militaire

La Fête du Village, ou l’Heureux militaire, divertissement en un acte, paroles d'Étienne, musique de M. Nicolo Isouard, 31 mars 1811.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Fête du village (la), ou l'Heureux militaire

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

31 mars 1811

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Étienne

Compositeur(s) :

Nicolo Isouard

Almanach des Muses 1812.

Autre hommage qui, grâce au talent des auteurs, a été encore mieux accueilli que le premier [Le Berceau, de M. Guilbert-Pixérecourt].

Pièce de circonstance, jouée à une fête de Saint-Cloud, quelques jours après le baptême du roi de Rome. Mlgré son succès, elle ne fut pas imprimée d’après L.-Henry Lecomte, Napoléon et l’Empire racontés par le théâtre, 1797-1899, p. 239-240.

Journal de l’Empire, 4 avril 1811, p. 1-2 :

[La pièce a une intrigue, mais elle est plutôt convenue, et le critique renonce à la juger, puisqu’elle ne sert qu’à introduire le divertissement final, où tous les acteurs apparaissent travestis. Dans l’esprit du sous-titre, le chanteur vedette a été déguisé en général, et le critique en profite pour filer joyeusement la métaphore militaire. Les couplets de la fin ont été très applaudis, et auteur et compositeur ont été demandés.]

OPÉRA-COMIQUE IMPÉRIAL.

La Fête du Village, ou l’Heureux Militaire.

Le premier titre est le plus convenable : c'est en effet une fête où les habitans d'un village font éclater leur joie. L'épouse de leur seigneur, général distingué, vient de lui donner un fils ; l’allégresse redouble, parce que dans le même moment on reçoit la nouvelle de la naissance du Rot de Rome.Il y a pour la forme une amourette. une petite intrigue : le fils du garde-chasse aime la fille du concierge ; le concierge, brave militaire, ne veut point pour gendre fils d’un homme que son maître a chassé. L'amant a recours à la clémence du seigneur, et lui demande en même temps l’honneur de servir la patrie ; le seigneur ne refuse rien à un si bon fils, à un si brave jeune homme : il lui promet en outre la main de sa maîtresse, après la première campagne. La fille craint qu'elle ne soit longue ; on la rassure en lui disant qu'on la fera courte et bonne.

Il est convenu que ces intrigues dont le fond est presque toujours le même dans toutes les pièces de ce genre, sont au-dessous de la critique. Le mérite de l'intrigue dont il s'agit ici est d'amener un divertissement,.ou plutôt une espèce de bal masqué où tous les acteurs paroissent déguisés et forment une mascarade plaisante. On a cependant eu quelqu’égard à la dignité d'Elleviou et de Martin, en leur donnant un travestissement plus noble, quoique Martin déroge souvent à cette noblesse dans la plupart de ses rôles. où il est fort comique. On a fait d'Elleviou un général. et de Martin son aide-de-camp ; ce qui est assez analogue à leur position respective au théâtre : Elleviou est vraiment le général de l’Opéra-Comique, et Martin son aide-de-camp, mais un aide-de-camp faisant quelquefois les fonctions de général. Les autres déguisemens sont plus gais : Gavaudan montre la lanterne magique ; Mad. Gavaudan est un petit écolier du Lycée, en uniforme de caporal ; il a levé une petite troupe et lui fait faire l'exercice : Mad. Haubert est un fifre, Mad. Duret une marchande de chansons ; Lesage un bedeau ou suisse de paroisse ; Juliet un invalide : Despéramons un mauvais racleur de violon, affublé d’une mauvaise perrique, et faisant beaucoup de grimaces ; Huet est un capitaine, ce qui devient plus sérieux.

Ce divertissement lui-même, quoique joli, n'est qu'une introduction aux couplets, et ne vaut que par les couplets ; tout est fait pour le vaudeville final ; c’est à cela qu’on vouloit venir ; c’est là que les applaudissemens attendaient l’auteur : il en a fait une ample récolte. Presque tous !es couplets ont été redemandés ; ils ont pour refrain le berceau. L'auteur est M. Etienne. lequel a été demandé avec transport, ainsi que M. Nicolo son aide-de-camp, auteur de la musique.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome V, mai 1811, p. 270-276 :

[Pièce dont l’intrigue n’est que le prétexte à manifester un enthousiasme spontané ou non à la nouvelle de la naissance du Roi de Rome. « L'intrigue est à-peu-prés nulle ; mais c'est un cadre charmant pour placer des couplets, et il y en a de spirituels et bien tournés. » Mais « La musique est un peu bruyante ; il y a peut-être un peu trop de tymballes et de trompettes ; ce qui empêche d'entendre les paroles. ». Les auteurs ont été nommés. Longue série de couplets, cités sans doute pour montrer tout ce qu’il faut d’enthousiasme en ces circonstances.]

La Fête du Village, divertissement en un acte.

Cette pièce de circonstance ne pouvait manquer de réussir. L'intrigue est à-peu-prés nulle ; mais c'est un cadre charmant pour placer des couplets, et il y en a de spirituels et bien tournés. Un général de division, le bienfaiteur du canton, donne une fête au village, parce que son épouse vient d'accoucher d'un fils. Tous les paysans sont réunis et dans la joie. Il arrive de la capitale une marchande de chansons (madame Duret) ; le grimacier par excellence (Despéramons); un homme à lanterne magique (Gavaudan). Tous ces personnages doivent animer la fête. Un jeune homme du Lycée, qui a déjà les chevrons de caporal (M.me Gavaudan), se trouve à la tête de quatre camarades, et les fait manœuvrer. L'aide de-camp du général (Martin) ordonne tous les préparatifs. Le seul fils du garde-chasse (Paul) n'est pas heureux ; il aime la fille du concierge du château (Juliet), qui est un vieux invalide, et qui s'oppose au mariage, parce que le garde chasse a été renvoyé du château. L'amant va .trouver le général, l'intéresse, s'engage et part, avec la promesse d'obtenir la main de sa maîtresse après la campagne. Le suisse de la paroisse (Lesage) est aussi fort épris. Il est enchanté du départ de son rival ; mais on rit de son amour et de ses espérances. Il est cependant protégé par le maître d'école de la paroisse (Solié). Ces deux rôles sont chargés, mais fort plaisans. Lorsque la fête va commencer, arrive la division du général. Huet joue le rôle d'un capitaine de grenadiers. Madame Haubert est fifre du régiment. Tout-à-coup le canon retentit ; on apprend la naissance du roi de Rome ; transports de joie, rondes, couplets que distribue M.me Duret, y et que chacun chante à son tour. Ils ont tous eu un brillant succès ; plusieurs ont été redemandés avec enthousiasme. Le général Elleviou a très-bonne mine sous l'uniforme ; maïs il n'a pas chanté ; on dit qu'il était enrhumé ; c'était fâcheux pour la fête. La musique est un peu bruyante ; il y a peut-être un peu trop de tymballes et de trompettes ; ce qui empêche d'entendre les paroles. M. Etienne est l'auteur des paroles ; celui de la musique, M. Nicolo. Leurs noms ont été couverts d'applaudissemens.

Voici le vaudeville et la ronde qui terminent la pièce. Le public en a fait répéter presque tous les couplets :

    UNE MARCHANDE DE FLEURS.

Le mois de Mars a de la France
A jamais fixé le bonheur ;
C'est la saison de l'espérance
Qui donne au trône un successeur.
La verdure va reparaître :
Tout brille d'un éclat nouveau,
Et la printemps semble renaître
Pour orner de fleurs son berceau.

                UN CAPITAINE.

Ah ! bientôt son illustre père
Sera son guide et son appui.
Déjà des peuples de la terre
Tous les yeux sont fixés sur lui.
Jamais pour un fils de la France
Fut-il un avenir plus beau ?
L'amour, la gloire et l'espérance
Veillant autour de son berceau.

     UN MONTREUR D’OPTIQUE.

Une race en héros féconde
Rendra tous les peuples heureux
La paix régnera sur le monde ;
La discorde éteindra ses feux.
Dans un emblème prophétique
Voulez-vous voir ce grand tableau ?
Messieurs, regardez mon optique,
Vous verres un petit berceau.

        UNE JEUNE FILLE.

Fils d'un héros ! Que ta naissance
Porte d'ivresse dans les cœurs !
Tu parais  ! Et l'heureuse France
Soudain se couronne de fleurs.
Ah! qu'en «'ouvrant a la lumière,
Tes yeux contemplent ce tableau ;
Et que les lauriers de ton père
Viennent ombrager ton berceau !

                UN MAGISTER.

Louise ! jadis ton aïeule,
Pour mieux ranimer ses soldats,
Au milieu d'eux se montra seule,
Tenant son fils entre ses bras :
Le tien naît au sein de la gloire :
Ton sort est mille fois plus beau ;
Et ce n'est qu'après la victoire
Que tu nous montres son berceau.

    UN BOURGEOIS DE PARIS.

Toi, Paris, au fils d'un grand homme,
Sois fier d'avoir donné le jour !
Dans tes murs, le palais de Rome
Ajamais fixera sa cour :
I1 ne changera point d'asile ;
Nul ne lui paraîtra plus beau ;
Il chérira sa bonne ville :
On aime toujours son berceau.

        UN JEUNE MILITAIRE.

Les peuples portent leurs hommages
Au jeune héritier des Césars ;
Déjà, comme les anciens mages,
Les rois viennent de toutes parts ;
Ils désirent de sa naissance
Contempler l'auguste tableau ;
Et c'est l'étoile de la France
Qui les guide vers son berceau.

        UN ANCIEN SOLDAT.

O ! Fils du plus glorieux père !
Le canon vient de t'annoncer !
Si quelqu'ennemi téméraire
Osait encore nous menacer,
La France, à vaincre accoutumée,
Saurait triompher de nouveau :
Les soldats de la grande-armée
Le jurent tous sur ton berceau.

                UN GÉNÉRAL.

Bientôt, dans la belle Italie,
Les mêmes cris vont retentir.
Rome avec toi reprend la vie ;
Le Tibre est fier de t'obéir.
Sa gloire antique t'environne ;
Romulus sortant du tombeau,
T'offre son sceptre et sa couronne
Et les place sur ton berceau.

RONDE.

        UN VIEUX SERGENT.

On a par le bruit du canon,
Ecrit en France, en Allemagne,
Le bonheur de Napoléon
Et de son auguste compagne.
En leur donnant cet enfant-là,
Le ciel a protégé les nôtres ;
Espérons pourtant qu'il sera
Accompagné de plusieurs autres.

                    UN FIFRE.

Un guerrier qui marche à grands pas
N'en restera point là sans doute ;
Mes chers amis , en pareil cas,
C'est le premier pas seul qui coûte :
Dans la guerre, dans les amours,
Nous en avons tous fait des nôtres ;
Un premier succès est toujours
Accompagné de plusieurs autres.

    LE SUISSE DE LA PAROISSE.

Lorsque j'ai su que l'on tirait
Cent un coups pour un roi de Rome,
Et vingt et un s'il arrivait
Que l'enfant ne fût pas un homme,
Moi, j'ai dit : Un garçon naitra !
Messieurs ! quels doutes sont les vôtres ?
Le vingt-unième coup sera
Accompagné de plusieurs autres.

    UN MARCHAND FORAIN.

Vous avez, augustes époux,
Mis le comble à notre espérance,
Ecoutez les vœux que pour vous
Forme aujourd'hui toute la France.
Que les enfans de vos enfans
Règnent à jamais sur les nôtres,
Et puissiez-vous vivre cent ans,
Accompagnés de plusieurs autres.

UN ÉLÈVE DULYCEE NAPOLÉON.

Le cœur a dicté nos couplets ;
Nous les offrons à l'indulgence.
Ah ! serions-nous les seuls Français
Malheureux dans la circonstance ?
Messieurs,.par un signe certain,
Prouvez que nos vœux sont les vôtres,
Et donnez-nous un coup de main,
Accompagné de plusieurs autres.

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