Créer un site internet

La Fille hussard, ou le Sergent suédois

La Fille hussard, ou le Sergent suédois, pantomime en trois actes et à grand spectacle, de J. G. A. Cuvelier, 29 frimaire an 7 [17 décembre 1798].

Théâtre de la Cité.

Almanach des Muses 1805

Sur la page de titre d'une des brochures proposées sur Internet, Paris, chez Barba, an VII :

La Fille Hussard, ou Le Sergent suédois, pantomime en trois actes et à spectacle, Par J. G. A. Cuvelier ; Jouée deux cent cinquante fois, et reprise le 29 Frimaire an VII, avec les combats équestres et évolutions, exécutées par la troupe du C.en Francony, avec ses chevaux ; elle a été à sa 376ème représentation.

Dans une notice de la BNF, il est question de « La Fille hussard, ou le Jeune sergent, scènes pantomimes équestres et militaires, en 3 parties, tirées du roman de M. Cuvelier et arrangées par l'auteur pour le cirque olympique ». Mais peut-être y a-t-il confusion des titres entre roman et pantomime.

Louis-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris. Le Théâtre de la Cité (Paris, 1910), p. 118-119 :

[Pantomime aussi riche en rebondissements qu’un mélodrame. Dans un contexte très international, un sergent suédois servant en Allemagne, sauve des Turcs successivement la fille d’un vieux soldat et son général et sa fille, laquelle tombe bien sûr amoureuse de lui. Elle est évidemment promise à un vieux baron, qui provoque le sergent qui riposte et veut se battre contre lui, ce qui lui vaut d’être condamné à mort. Tout s’arrange naturellement, le sergent bat les Turcs (c’est leur troisième rencontre !) et obtient la main de sa maîtresse, dont le vieux prétendant est fort opportunément mort au combat contre les Turcs. On peut souscrire au jugement de Lecomte quand il parle de « fable mouvementée qui excita l'intérêt général », la pièce ayant eu un très grand succès et de nombreuses reprises.]

29 ventôse (19 mars [an 7])  : La Fille hussard, pantomime en 3 actes, par J.-G.-A. Cuvelier.

Fritz-Hébert, vieux soldat qui habite une forêt d'Allemagne, vient de fiancer Catherine sa fille avec le hussard Christiern, quand des Turcs pénètrent dans sa chaumière, la pillent, et enlèvent Catherine que son futur a vainement tenté de défendre. Le vieillard se livre au désespoir, mais soudain vient à lui Lauréto, Suédois attaché au service de l'Allemagne et qu'un trait de valeur a fait nommer sergent. Instruit du rapt accompli, Lauréto promet de délivrer Catherine ; il y parvient avec l'aide des grenadiers qu'il commande et rapporte la jeune fille en triomphe. Le général comte de Caubor, témoin de cet exploit, promet de l'avancement au Suédois dont sa fille Sophie admire la prestance. Sophie est promise au vieux et laid baron de Traufmandorf, et cette union s'accomplirait si, à leur tour, le général et son enfant ne tombaient au pouvoir des Turcs. Lauréto trouve moyen encore de battre les brigands et de briser les liens dont ils ont chargé leurs victimes ; Sophie alors s'éprend de lui, ce que le comte et le baron voient avec peine. Une querelle entre les deux rivaux a bientôt lieu ; menacé par Traufmandorf, Lauréto lui arrache sa canne, la brise, et tire contre lui son épée. Le baron est major, il crie au secours et le sergent est arrêté, tandis qu'on enferme Sophie dans une vieille tour. Elle s'en échappe, avec le concours de Christiern et de Catherine récemment mariés, prend un costume de hussard et retrouve, enchaîné à un tronc d'arbre, son amant qu'un conseil de guerre condamne presque aussitôt à être battu de verges jusqu'à ce que mort s'ensuive. Caubor a donné le signal du supplice, lorsqu'un jeune hussard s'élance à travers les rangs des soldats et couvre Lauréto de son corps. C'est Sophie qui, tirant de sa ceinture un pistolet, menace de se tuer au premier coup qui frappera son amant. Cette intervention courageuse retarde l'exécution qu'un événement imprévu doit rendre impossible. Les Turcs, effectivement, attaquent les troupes d'Allemagne; Lauréto, délivré par Christiern, prend part à la défense qui s'organise et a la chance de reconquérir un drapeau que Caubor, grièvement blessé, s'était vu arracher. Comme Traufmandorf est mort pendant l'action, le général revient à de bons sentiments, gracie Lauréto et l'unit à l'objet de ses vœux

Fable mouvementée qui excita l'intérêt général, fut jouée un grand nombre de fois, et devait être reprise à diverses dates.

Archives Littéraires de l'Europe, volume 8, Gazette littéraire, octobre, novembre, décembre 1805, p. xii :

[Récit plutôt amusé d'une tentative de jouer La Fille hussard à Vienne : l'échec est mis sur le compte de l'acteur, pas de la pièce...]

M. Gougibus, ci-devant artiste à Paris, au théâtre de la Cité, a fait une tentative très-malheureuse pour donner aux Viennois le goût de ses pantomimes dont il paraît que les Parisiens sont dégoûtés. Il a fait choix de la Fille Hussard, chef- d'œuvre dont le succès est encore constaté par les enseignes de quelques marchands. Ses grands gestes et sa pantomime tragique n'ont servi qu'à égayer les Viennois, qui même, dit-on, n'ont pas jugé à propos d'étouffer le rire que provoquait sans cesse M. Gougibus. Il en a été fort scandalisé ; et un critique de Vienne craint qu'il ne cherche à donner aux Français fort mauvaise idée du goût des Viennois. On peut le tranquilliser. Le suffrage de M. Gougibus n'est pas, à Paris, de grande importance. Le critique dit encore qu'il faut permettre à ces compatriotes de préférer à la Fille Hussard les ballets pantomimes d'Alcine et d'Alceste , mis en musique par Weigel. Croit-il donc qu'on met en parallèle les pantomimes de M. Gougibus avec les ballets de Gardel ? Il a sans doute encore plus mauvaise idée du goût de Paris, que tous les acteurs de la Cité ne pourraient nous en donner de celui de Vienne.

Geoffroy, Cours de littérature dramatique, seconde édition, tome 6 (1825), p. 142-143 :

[Jugement porté en 1809 sur une nouvelle version de la Fille hussard, par un critique qui est loin d'être favorable au mélodrame...]

LA FILLE HUSSARD.

La Fille Hussard est une de ces fameuses pantomimes qui firent autrefois l'admiration de tout Paris au théâtre de la Cité. M. Cuvelier vient de l'arranger pour le Cirque, théâtre plus commode pour ces représentations, qui exigent de l'éclat et de la pompe. Cette pantomime a toutes les qualités du genre, un grand intérêt, une extrême variété d'incidens, un spectacle magnifique, et des situations qui parlent à tous les yeux sans le secours du programme.

Le sujet est celui de la plupart des romans, drames et mélodrames : c'est le tableau des persécutions de deux jeunes amans. Le comte de Gauber, général des Impériaux, veut marier sa fille Sophie au vieux baron de Trautmendorf : le mariage est convenable en politique ; mais en amour, il est contre toutes les règles. Sophie est éprise des vertus et des grâces d'un jeune sergent nommé Laureto : or, comment peut-il arriver qu'un comte allemand, général des Impériaux, puisse s'accommoder d'un sergent pour gendre, quelles que soient sa jeunesse, sa valeur et sa bonne mine, et ne lui préfère pas un vieux baron, sot, ridicule et dégoûtant ? Voilà ce qui forme l'intérêt. Les amans, poursuivis comme rebelles par le comte et son vieux baron, sont précipités de dangers en dangers, réduits aux extrémités les plus cruelles, tantôt dans l'horreur des cachots, tantôt dans les alarmes de la fuite : les choses sont même poussées si loin à l'égard de l"amoureux sergent, qu'il est condamné à passer par les baguettes, et prêt à subir cet horrible supplice, lorsque la généreuse Sophie, déguisée en hussard, armée d'un pistolet, s'élance dans les rangs, se découvre à son père, et menace de se tuer à ses yeux s'il ne révoque son arrêt. Le comte, effrayé, rassure sa fille par une fausse promesse, la désarme, et fait suspendre un moment l'exécution ; mais bientôt il donne un nouveau signal. C'en était fait du jeune Laureto et de sa tendre amie, si les Turcs n'avaient pas surpris le camp des Impériaux. Laureto brise ses fers à la faveur du désordre : il sauve la vie au père de sa maîtresse, et son ami Çhristiern le débarrasse du vieux baron, qui s'était caché bravement. La constance des deux amans est enfin couronnée. Telle est cette pantomime, l'une des plus intéressantes de ce théâtre. On fait à peu près le même éloge de toutes les nouvelles pantomimes qu'on y donne, parce qu'on les juge d'après le plaisir présent, et que le passé a toujours tort. (16 novembre 1809.)

Dans la base César, le titre complet, La Fille hussard, ou le Sergent suédois. Auteur : Jean-Guillaume-Antoine Cuvelier de Trie.

De très nombreuses représentations dans de nombreux théâtres (6, avec une majorité de représentations au Théâtre de la Cité et au Palais des Variétés) : 65 en 1796 (à partir du 19 mars), 32 en 1797, 30 en 1798, 56 en 1799, et sa carrière ne s'est pas arrêtée là (en témoignent les rééditions de la pièce). L’Almanach des Muses de 1805, p. 294, signale une reprise dans le très copieux programme du Théâtre de la Porte Saint-Martin le 23nivose an 12 [14 janvier 1804]. Le Courrier des spectacles parle à cette occasion de première représentation et attribue la pièce à M. Francony, mais je n’ai pas trouvé d’article sur la pièce dans les jours qui ont suivi. La pièce a été également jouée au Cirque des frères Franconi au début du 19e siècle (selon les Mémoires de Paul de Kock, p. 56).

Ajouter un commentaire

Anti-spam