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La Fin du monde, ou la Comète

La Fin du Monde, ou la Comète, vaudeville en un acte, de Barré, Radet, Desfontaines, Buhan, Bourgueil & Desfougerais, 5 pluviôse an 6 [24 janvier 1798].

Théâtre du Vaudeville.

Le titre est parfois inversé : la Comète ou la Fin du monde.

Titre :

Fin du Monde (la), ou la Comète

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

5 pluviôse an 6 [24 janvier 1798]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Barré, Radet, Desfontaines, Duant (ou Buant ?), Bourgueil & Desfougerais

Almanach des Muses 1799.

Point d'intrigue ; des scènes à tiroir fort plaisantes ; beaucoup de gaîté.

Courrier des spectacles, n° 338, du 6 pluviôse an 6 (Jeudi 25 janvier 1798), p. 2 :

[Pour célébrer le passage de la comète, le Vaudeville a proposé un spectacle dont le mérite est tout entier dans les couplets : « le fonds n'est rien ». Et l'article cite abondamment des couplets « qui tous ont été redemandés ». Ces couplets ne sont pas sans lien avec l'actualité, comme ceux qui montrent un fournisseur aux armées (des gens qui n'ont pas très bonne réputation), ou ceux qui évoquent Bonaparte, la comète ayant eu le bon goût de paraître « le jour de l'arrivée de Buonaparte à Paris ». La fin de l'article suggère des modifications (en particulier pour le dénouement, jugé trop précipité) et nomme les auteurs (en se trompant sur le nom de Buhan, devenu Duant).]

Théâtre du Vaudeville.

La comédie-parade donnée hier à ce théâtre sous le titre de la Fin du monde, ou la Comète, a complètement réussi. Nous n’entreprendrons pas de donner l’analyse de cette bluette, dont le fonds n’est rien, mais dont les détails sont charmans ; de la gaîté, des couplets saillans et ingénieux, et de l’esprit, beaucoup d’esprit.

Nous nous faisons un vrai plaisir de citer quelques couplets qui tous ont été redemandés. Voici d’abord celui d’annonce chanté par le cit. Duchaume.

AIR : C'est téméraire.

        C'est téméraire,
        C'est imprudent;
La Fin du monde est rude à faire ;
        C'est téméraire,
        C'est imprudent,
Comment survivre au dénouement ?
Malgré notre affiche effrayante,
Vous êtes venus sans frayeur ;
Et quand rien ne vous épouvante,
C'est à nous que reste la peur.
        C'est téméraire,
        C'est imprudent ;
Mais je prévois qu'à cette affaire,
Si le parterre est indulgent,
Nous survivrons au dénouement.

Un meunier finit ainsi son testament :

Air: Réveillez-vous, etc.

Enfin , pour terminer la liste,
Je lègue mon moulin à vent
A certain fameux journaliste,
Qui, comme lui, tourne à tout vent.

Air: Il n'est pire eau que l’eau qui dort.

J'aurois laissé, dans l’ardeur qui m’enflamme,
Tout mon esprit, dont on eut fait grand cas :
Et mieux encor, j’aurois légué mon ame
        A tant de gens qui n’en ont pas.

Un fournisseur à qui la comète inspire une grande frayeur, et qui veut tout restituer avant que le monde ne finisse, s’exprime ainsi, en faisant sa confession :

Air  la Famille extravagante.

Pour fournir le vin tics soldats,
On m’accorda la préférence ;
Ce vin, je ne le livrai pas,
Quoiqu’il me fût payé d’avance ;
En cela j’avois mon dessein,
Ces chers enfans de la. victoire !
Pourquoi les enivrer de vin ?
Ils s’enivrent assez de gloire.

Air: Accompagnés de plusieurs autres.

Tout rendre est dur certainement,
Mais il faut céder prudemment
A des conseils tels que les vôtres.
Va pour la restitution,
Puissai-je être en cette action
Accompagné de plusieurs autres !

Arlequin chante le couplet suivant, an sujet de la planette Vénus qui parut le jour de l'arrivée de Buonaparte à Paris.

Air : Non, je ne ferai pas.

Le jour où Buonaparte apportoit la nouvelle
Que la paix terminoit une guerre cruelle,
Vénus dans son éclat parut du haut des cieux.

C’est tout simple ;

Quand Mars est en chemin
Vénus le suit des yeux.

Nous ne finirions pas, si nous voulions citer tous les couplets qui ont excité les applaudlssemens. Le public a paru desirer que l’on fit quelques changemens aux premières scènes, et qne le dénouement fût un peu moins précipité. On a demandé les auteurs, ce sont les cit. Barré, Radet, Desfontaines, Duant, Bourgueil et Desfougerais.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 3e année, 1797, tome V, p. 460 :

[Finalement, il est possible de résumer le fonds de la pièce, une arlequinade sur « la prétendue apparition d'une comète » qui a causé une grande frayeur aux Parisiens. Arlequin utilise cette crainte pour tenter d'obtenir la main de Colombine, mais s'il y arrive, c'est quand Cassandre est détrompé. Arlequin obtient finalement la main de sa chère Colombine, et le fournisseur aux armée regrette d'avoir cru à la fin du monde, puisqu'il a renoncé à tout ce qu'il avait détourné devant la crainte de la fin du monde. Le jugement porté sur la pièce est très favorable  c'est un impromptu, mais « il seroit difficile qu'on fît mieux à tête reposée ». Et l'article s'achève par le couplet d'annonce, « qui a été applaudi et redemandé ».]

L’effroi qu’a causé aux badauds de Paris la prétendue apparition d’une comète, a fourni aux malins auteurs du Vaudeville le sujet d’une jolie pièce intitulée : la Fin du Monde ou la Comète, et jouée sur leur théâtre le 5 nivôse.

Monsieur Cassandre, habitant ,de Montmartre, est effrayé, ainsi que tout le village, de la comète qui doit causer la fin du monde : Gilles , meûnier, son voisin, vient le consulter sur les désastres qui peuvent être occasionés par cette comète : M. Cassandre lui apprend qu'elle peut être suivie d'un embrâsement général ou d'un déluge universel, et Gilles projette, en cas de déluge, de faire un bateau dans lequel il mettra des animaux de toute espèce, où par conséquent M. Cassandre aura ses entrées. En cas d'embrâsement il fait son testament, et lègue, entra autres choses, son moulin-à-vent à certains journalistes qui, comme lui, tournent à tous vents ; et ses ânes, à certains poètes, pour leur servir, de Pégase.

Colombine , fille de M. Cassandre, aime Arlequin, machiniste d'un théâtre ; mais Cassandre ne veut donner sa fille qu'à un astronome : en conséquence il rebute Arlequin ; mais celui-ci use d'un stratagème que lui suggère son amour. Déguisé en astrologue, avec une robe bleue parsemée d'étoiles, une fausse barbe et tout le costume convenable, il s'annonce comme ambassadeur de la comète, et Cassandre, rempli d'idées extravagantes, donne dans le panneau. En cette qualité il lui est permis d'aspirer à la main de Colombine ; toutefois il ne doit l'épouser que quand on aura vu l'effet de la comète qu'il a annoncée pour le soir même.

Un fournisseur des armées, effrayé par la prédiction de la fin du monde , vient faire à l'ambassadeur de la comète, la confession générale de ses rapines, et il se décide à restituer tout ce qu'il a volé, mais quand il est assuré que la fin du monde doit arriver le soir même.

Enfin, tout le monde est assemblé, et on attend avec une crainte mêlée de curiosité le moment redoutable : tout-à-coup une pluie de feu, suivie d'un grand fracas, répand l'épouvante ; c'est la comète. Chacun se précipite à terre : une vieille coquette s'évanouit ; une dévote se met en prières ; Arlequin rit de l'effet de son feu d'artifice, et chacun se relève quand il les a assurés que le danger est passé. Alors le fournisseur se désespère d'avoir rendu le fruit de ses vols, et de ce que le monde n'est pas fini.

Arrive un courier : il apporte une lettre du citoyen Lalande, qui répond à Cassandre relativement à la comète, et le renvoie à son article du Journal de Paris. Alors on découvre la ruse d'Arlequin, et M. Cassandre, qui n'a plus peur des comètes , lui donne sa fille.

Cette pièce , comme la plupart de celles qu'on joue au Vaudeville, est remplie de saillies très-heureuses ; et quoique ce soit un impromptu, il seroit difficile qu'on fît mieux à tête reposée, et qu'on profitât mieux de la moindre circonstance pour amener des couplets ingénieux. On a demandé l'auteur, et le citoyen Laporte, qui remplit si agréablement le rôle d'Arlequin, a annoncé que la pièce étoit de presque tous les auteurs du Vaudeville.

Nous citerons le couplet d'annonce, qui a été applaudi et redemandé : il est sur l'air du vaudeville de la Matrone d'Ephèse.

        C'est téméraire,
        C'est imprudent;
La Fin du monde est rude à faire ;
        C'est téméraire,
        C'est imprudent,
Comment survivre au dénouement ?
Malgré notre affiche effrayante,
Vous êtes venus sans frayeur ;
Et quand rien ne vous épouvante,
C'est à nous que reste la peur.
        C'est téméraire,
        C'est imprudent ;
Mais je prévois qu'à cette affaire,
Si le parterre est indulgent,
Nous survivrons au dénouement.

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-septième année, tome I (janvier 1798, nivôse an 6), p. 194-196

[Comme l’Almanach des Muses, l’Esprit des journaux français et étrangers emploie le titre La Comète ou la fin du monde.]

THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.

La Comète, ou la Fin du monde, comédie en un acte, donnée au Vaudeville, est l'ouvrage de plusieurs des auteurs qui travaillent ordinairement pour ce théâtre.

Le sujet de cette petite comédie. est l'artifice assez gauche auquel Arlequin a recours pour obtenir ta main de Colombine ; en se présentant à son père comme envoyé de la Comète, il gagne sa confiance, & finit par le rassurer sur le danger qui le menace, en faisant éclater à ses pieds, & devant tout Montmartre assemblé, une comète de sa façon.

On a reconnu dans la description qu'Arlequin fait de la comète, celle qui se vendit dans les rues de Paris ; alors elle causa de l'effroi  sur ce théâtre, elle a fait rire.

Quoique l'intrigue en soit invraisemblable, des détails agréables rachètent ce défaut léger relativement aux pièces de circonstance.

L'effroi de chacun des habitans de Montmartre, à l'approche de leur dernier moment, fournit plusieurs scènes très-gaies. M. Tenace, ancien fournisseur de la république, est surtout très-alarmé ; après avoir consulté Arlequin sur la réalité du danger, il se décide à faire une restitution complète ; & comme il 1'obferve, le sacrifice est bien dur ; car en rendant tout ce qu'il a pris, il ne lui restera plus rien.

On a aussi fort applaudi la scène de Gilles, qui fait son testament; après avoir légué son âme à tant de gens qui n'en ont pas, il laisse son moulin

À certain fameux journaliste
Qui, comme lui, tourne à tout vent.

Parmi le grand nombre de couplets qui ont excité les plus vifs applaudissemens, nous nous bornerons à citer celui d'annonce.

AIR : C'est téméraire.

        C'est téméraire,
        C'est imprudent;
La Fin du monde est rude à faire ;
        C'est téméraire,
        C'est imprudent,
Comment survivre au dénouement ?
Malgré notre affiche effrayante,
Vous êtes venus sans frayeur ;
Et quand rien ne vous épouvante,
C'est à nous que reste la peur.
        C'est téméraire,
        C'est imprudent ;
Mais je prévois qu'à cette affaire,
Si le parterre est indulgent,
Nous survivrons au dénouement.

Les auteurs ont été demandés ; la pièce est des CC. Barré, Radet, Desfontaines, Duant, Pourgueil & Desfougerais.

Nouvelle erreur sur le nom de Buhan, devenu Duant, comme dans l'article du Courrier des spectacles.

Dans la base César, le titre utilisé est  : La Fin du monde, ou la comète. Auteur(s) inconnu(s).

Nombreuses représentations du 24 janvier au 6 avril 1798, dans plusieurs théâtres. César donne jusqu'à trois théâtres jouant la pièce à la même date (mais il faudrait sans doute y regarder de plus près).

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