La Folie chinoise, ou Kokoli à Capra

La Folie chinoise, ou Kokoli à Capra, mélodrame comique en trois actes, en prose, à grand spectacle, mêlé de chants et de danses, de Plancher de Valcour, musique de Leblanc, ballet de Hus le jeune, 2 pluviôse an XIII [22 janvier 1805].

Théâtre de la Gaieté.

Titre :

Folie chinoise (la), ou Kokoli à Capra

Genre

mélodrame à grand spectacle, mêlé de chants et de danses

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en prose

Musique :

oui

Date de création :

2 pluviôse an XIII (22 janvier 1805)

Théâtre :

Théâtre de la Gaieté

Auteur(s) des paroles :

Plancher de Valcour

Compositeur(s) :

Leblanc

Chorégraphe(s) :

Hus le jeune

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an XIII (1805) :

La Folie chinoise, ou Kokoli à Capra, mélodrame en trois actes, en prose, à grand spectacle, mêlé de chants et de danses, Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de la Gaieté, le 2 pluviôse an XIII.

Courrier des spectacles, n° 2880 du 3 pluviôse an 13 (23 janvier 1805), p. 3 :

Kokoli à Capra, pièce en 3 actes, a obtenu hier, au théâtre d ela Gaîté, un succès des plus brillans.

Courrier des spectacles, n° 2881 du 4 pluviôse an 13 (24 janvier 1805), p. 2-3 :

[La Folie chinoise a beaucoup plus au critique qui ouvre son article par un festival d’humour : cette pièce est un formidable remède contre la mélancolie, le spleen, et elle guérirait même les Anglais de leurs vapeurs, en recourant au très agréable traitement que constitue la gaîté. La première représentation a été pleine de rires sans limite. Le critique passe ensuite au résumé joyeux de l’intrigue, à la fois mélodramatique (que de rebondissements, de combats, de trahisons, mais aussi de fidélité amoureuse !) et comique. Comme il se doit, Kokomi reste fidèle à son épouse, « et tout finit par des fêtes ». Occasion de consacrer un paragraphe aux ballets, « dessinés très-agréablement » et à leur interprète principale, une jeune danseuse (12 ans !) aux immenses qualités (souplesse, sûreté, agilité, pirouettes nombreuses, justesse et aplomb de la danse). Les décors et la musique sont tout aussi excellents, et l’interprétation de Ribié dans le rôle de Kokoli est conforme à ses qualités de comédien. Tableau vraiment idyllique, il ne reste plus qu’à nommer les auteurs, texte, musique, danse.]

Théâtre de la Gaîté.

Kokoli à Capra, ou la Folie Chinoise, mélodrame comique.

Il semble que cette pièce ait été composée pour guérir les mélancoliques, les hypocondriaques et ceux qui sont attaqués du spléen. Si jamais le paix laisse à M. Ribié la faculté d’aller faire jouer Kokoli sur les rives de la Tamise, il est à présumer qu’il enlèvera aux médecins tous les vaporeux qu’ils sont chargés de guérir. Le remède de Kokoli est d’autant plus agréable qu’il ne s’agit ni de saignée, ni de médicamens, son spécifique unique, c’est la gaîté, mais une gaîté si franche, que le plus austère Stoïcien seroit forcé de dérider son front.

Cette première représentation de Kokoli a produit parmi les spectateurs un rire inextinguible. Kokoli est donc un excellent médecin, quoiqu’il n’ait pas fait de licence, et que ses connoissances en Thérapeutique ne surpassent point celles de Sganarelle.

Kokoli a guéri le chat ou raccommodé la patte du chien d’une souveraine, et ce service lui a valu les faveurs les plus signalées et l’avancement le plus rapide. La princesse l’a fait son généralissime. Combien de favoris n’ont pas eu une origine plus distinguée ! Kokoli, d’artiste vétérinaire, devient tout-à-coup tacticien merveilleux. Il gagne la bataille ; Il fait un traité de paix, et stimule avec un discernement admirable et une adresse merveilleuse les intérêts des vainqueurs et des vaincus, quoiqu’il ne connoisse pas un mot de diplomatie.

Au milieu des grandeurs de la cour, il conserve toute la simplicité de son premier état, et va même jusqu’à regretter son échoppe ; car ce héros de formation récente a commencé par manier le tranchet, avant de se servir si glorieusement du sabre. Kokoli ne change donc ni ses mœurs ni son langage. Il converse avec les grands comme avec ses égaux ; son style se compose de tous les termes de sa première profession ; toujours bon et loyal, il enchante tout le monde par la franchise de ses ma nières ; c’est une espèce d’Optimiste pris dan la classe la moins illustre de la société. Kiansi, gouverneur de Capra, qui conçoit combien il est utile d’avoir pour soi le favori de la Reine, lui propose la main de sa fille ; Kokoli trouve la demoiselle fort aimable ; il convient qu’elle lui paroît élégante comme un escarpin, douce et polie comme une peau de chèvre ; mais il est marié, et la fille du Gouverneur ne peut devenir son épouse On lui propose le divorce, mais Kokoli a de l’honneur et de l’amour ; sacrifieroit-il madame Kokoli à des vues d’ambition ?

Cependant la belle Idamé se montre, et voilà toute les résolutions de Kokoli qui s’évanouissent : nouveau Thésée, il abandonne son Ariane.

Mais Idamé a d’autres amans qui n’aspirent qu’à se venger de leur rival, et qui en trouvent bientôt l’occasion. Un Courrier vient annoncer qu’une horde de Sauvages est descendue du sommet de la montagne, et menace d’attaquer la ville ; Kokoli est proclamé aussi-tôt général ; déjà il se dispose à marcher contre les ennemis, lorsque ses deux adversaires proposent de le députer, comme Ambassadeur, auprès des Sauvages, pour arrêter l’effusion du sang.

Kokoli accepte la mission, sans trop prévoir le danger qui le menace. Les Sauvages le gardent pour otage, et l’attachent à un arbre, avec menace de le brûler vif s’ils sont vaincus. Malheureusement ils perdent la bataille, et se disposent à exécuter la sentence, lorsqu’Idamé arrive à la tête d’une troupe de guerriers, et le délivre heureusement. Kokoli, maître du sort de ses deux rivaux, a la générosité de leur pardonner, et renonce même à Idamé en faveur de l’un des deux.

Il retourne à son épouse légitime , et tout finit par des fêtes.

Les ballets sont dessinés très-agréablement ; les costumes sont pleins d’élégance et de fraîcheur, et les fêtes sont d’une exécution qui ne laisse rien à désirer. Une première danseuse a été fort applaudie dans plusieurs entrées où elle a déployé de la légèreté ; mais aucune n’a réuni plus de suffrages que la jeune Adrienne, âgée de douze ans, qui par la souplesse, la sûreté et l’agilité de ses mouvemens, par le nombre et la force de ses pirouettes, et sur tout la justesse et l’aplomb de sa danse, pourroit être appelée la Duport des Boulevards. Les décorations ont de la richesse, de l’éclat, et offrent une perspective agréable. La musique est un composé d’excellens morceaux, encadrés avec beaucoup d’habileté, et dont la réunion fait honneur au compositeur.

Le Le rôle de Kokoli est joué par M. Ribié avec tout le naturel et la franchise qu’on peut attendre d’un excellent comédien.

La paroles sont de M. Valcour, la musique de M. Le Blanc, et les ballets de M. Hus le jeune.

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