La Forêt enchantée

La Forêt enchantée ou la Belle au bois dormant, mélodrame-féerie en trois actes mêlés de chants, danses et combats, de Caigniez, musique de Leblanc, ballets de Richard, 24 floréal an 8 [14 mai 1800].

Théâtre de la Gaîté

Almanach des Muses 1801

Lors de l’annonce de la première, le Courrier des spectacles n° 1166 du 24 floréal an 8 [14 mai 1800], p. 1, indique :

Aujourd’hui, la première représentation de la Forêt enchantée, ou Isaure et Florestan, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, orné de chants, danses combats, décors et costumes nouveaux. »

Annonce répétée dans le n° 1167. Le n° 1168 annonce la deuxième représentation dans les mêmes termes. Le Journal de Paris signale aussi des représentations de la Forêt enchantée ces trois jours, mais sans signaler que celle du 24 floréal [14 mai] est la première. Toutefois, le 23 floréal [13 mai], il signale que le Théâtre de la Gaîté fait « relâche pour la répétition générale de la Forêt enchantée, ou Isaure & Florestan, mélodrame en 4 actes, qui sera joué le 24 ».

Sur la couverture de la brochure, Paris, Tiger, an VIII :

La Forêt enchantée, ou la Belle au bois dormant, melo-drame-féerie, en trois actes, mélés de chants, danses et combats, Représenté pour la première fois le 25 floréal an 8, au Théâtre de la Gaîté ; par L. C. Caigniez. Musique du Citoyen Leblanc.

Le sous-titre donné dans la brochure n’est pas le même que celui qu’emploie le Courrier des spectacles pour annoncer la pièce.

Courrier des spectacles n° 1169 du 28 floréal an 8 [17 mai 1800], p. 2-3 :

Longtemps annoncée, la pièce nouvelle a eu un grand succès. Elle reprend le conte de la Belle au bois dormant, déjà mis en pantomime, ce qui ne permet pas tout ce qu’autorise un mélodrame-fantaisie », associant paroles, musique et ballets. Le conte est bien repris, mais il ne produit que la scène du réveil de la princesse, et il faut bien l’enrichir pour en faire un spectacle en trois actes. On y ajoute donc une belle histoire d’amour, une rivalité entre le beau Florestan et l’affreux baron d’Apreville qui s’est emparé des biens de la princesse endormie. L’issue du conflit ne fait bien sûr pas de doute : l'intervention de la fée marraine de la princesse permet un beau mariage et est l’occasion d’une fête qui clôt la pièce. Les détails nombreux viennent encore renforcer la richesse de la pièce : la vieille qui retrouve sa jeunesse, et son amour de jeunesse, Frontignac retrouvant sa grand-tante dont le portrait avait enchanté sa jeunesse. Le critique ne trouve à reprocher à la pièce que des longueurs dans le premier acte (il faut bien dire quelque chose...). Sinon, la pièce est bien montée : beaux décors, combats bien réglés, et danseurs excellents. Il n’y a plus qu’à nommer le trio des auteurs, paroles, musique et danses.]

Théâtre de la Gaîté.

On annonçoit depuis long-tems à ce théâtre la Forêt enchantée, ou Isaure et Florestan, pièce héroïque, et le public s’étoit porté en foule à la première représentation de cet ouvrage, qui vient d’obtenir beaucoup de succès.

Tout le monde connoît le joli conte de la Belle au bois dormant. On a joué sous ce titre, il y a quelques années, une pantomime qui fit plaisir alors, mais une pièce purement pantomime ne pouvoit offrir que des tableaux agréables. Le dialogue seul pouvoit faire sentir tout ce qu'il y a de piquant dans le rapprochement de deux siècles différens et dans la situation des personnages que plusieurs générations avoient séparés, et que le pouvoir de la féerie a rassemblés et rendus contemporains. Sous ce rapport, ce sujet n’avoit réellement point encore été traité. L’auteur de la Foret enchantée a senti que le fond qu’il a choisi ne pouvoit par lui-même offrir qu’une scène au théâtre (celle du réveil de la princesse.) En conséquence, il ne l’a fait servir en quelque sorte que de cadre aux circonstances qu’il y a ajoutées.

Le chevalier Florestan, voyageant avec son ami Fatignac, chevalier gascon, arrive sur la lisière d’une épaisse forêt ; ils apprennent des paysans qui dansent aux environs que cette forêt est enchantée et qu’elle défend l’accès d’un château où dort depuis cent ans la belle Isaure de Montbrun. La vieille Berthe qui a 114 ans, et qui vivoit du tems où l’enchantement a commencé, en raconte les circonstances aux Chevaliers. La Princesse ne doit être réveillée que par un preux chevalier qui n’aura jamais aimé On se doute bien que Florestan est ce chevalier-là. Il brûle d’entreprendre le désenchantement ; il entre dans la forêt avec Fatignac et son peureux écuyer, et après plusieurs obstacles, tantôt terribles, tantôt dangereux par leurs séductions, il parvient au château et réveille la princesse. Pendant le sommeil d’Isaure et après la mort de tous ses pareils, son héritage est devenu la proie du Baron d’Apreville qui, instruit de l’entreprise des chevaliers, et du désenchantement de la forêt, accourt avec ses troupes pour défendre son usurpation. Les chevaliers vont à sa rencontre à la tête des gardes de la Princesse qui ont été désenchantés avec elle. Le Baron est battu, mais il a trouvé un souterrain qui communique au château , et s’y est introduit avec quelques soldats ; il s’est emparé d’Isaure, quand Florestan revient vainqueur : il menace le Chevalier de la frapper d’un poignard qu’il tient levé sur elle, s’il fait un pas de plus. Florestan qui se voit sur le point de perdre le fruit de sa victoire, défie le Baron dans un combat à outrance. Le Baron accepte et est vaincu. La Fée Azurine, maraine de la Princesse, descend sur des nuages, et vient unir les amans au milieu d’une fête qu’elle leur donne.

Tel est le fonds principal de cet ouvrage auquel l’auteur a sçu lier adroitement quelques circonstances agréables, telles que la métamorphose de Berthe qui de vieille redevient jeune et jolie, et qui retrouve le gentil page Georgino son amant, et la rencontre que fait le Chevalier Fatignac de sa grand-tante, qui est dame d’honneur d’Isaure, et dont le portrait l’avoit autrefois rendu amoureux

Il y a dans le premier acte quelques longueurs que nous engageons l’auteur à retrancher. Le soin que l’administration a mis à monter cet ouvrage lui fait beaucoup d’honneur. Rien de plus frais que les décorations, de mieux exécuté que les combats ; !e ballet qui termine la pièce a offert aux citoyens Gaston et Duport, et aux demoiselles Caroline et Bréard, l’occasion de faire briller leurs talens, et d’y obtenir des applaudissemens.

L’auteur a été vivement demandé, on est venu annoncer les citoyens Caigniez pour la pièce, Leblanc pour la musique, et Richard pour les ballets.

F. J. . P. G ***.          

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