Le Faux Alexis, ou le Mariage par vengeance

Le Faux Alexis, ou le Mariage par vengeance, mélodrame en trois actesen prose à grand spectacle, de Caigniez, musique de MM. Quaisain et Darondeau, ballet de M. Richard ; 8 mai 1807.

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1807 :

Le Faux Alexis, ou Mariage par vengeance, mélodrame en trois actes, en prose, à grand spectacle ; Par M. Caigniez, musique de Quaisain et Darondeau, ballets de M. Richard. Représenté, pour la premiere fois, sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, les 8 mai 1807.

Courrier des spectacles, n° 3741 du 10 mai 1807, p. 2-3 :

[La pièce de Caigniez se situe dans la Russie de Pierre le Grand et de Pougatcheff, et l’article fait un peu d’histoire. Mais c’est très vite l’intrigue qu’il nous résume, une histoire compliquée et pleine de rebondissements, et qui s’achève par la défaite de Pougatcheff qui s'était fait passer pour Alexis, le fils de Pierre le Grand, que son père avait fait exécuter, et le retour de la fille du Comte son adversaire chez son père. Le jugement porté ensuite est largement positif : pour une fois un mélodrame est plein d’intérêt, bien conduit, et même bien écrit. Les spectateurs devraient se rendre nombreux à une pièce si riche en émotions. Et ils verront une pièce jouée avec ensemble par des acteurs qui ont reçu beaucoup d’applaudissements, accompagnée d’une musique remarquable et de ballets dont on ne dit rien. Un détail : le nom des compositeurs n’est pas identique à ce que dit la brochure : Morange prend ici la place de Darondeau.]

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

Le Faux Alexis.

On sait que le Czar Pierre le Grand fit condamner à mort son fils Alexis, dont le caractère féroce et indomptable menaçoit de renverser l’édifice qui lui avoit coûté tant de peine à élever. Après la mort de l’Empereur, un inconnu nommé Pougatcheff, qui avoit quelque ressemblance avec le fils du Czar, se fit proclamer czar par un parti puissant, et attacha à sa cause les Cosaques, nation turbulente et belliqueuse. C’est ici que commence l’action. Pougatcheff ayant pris le nom d’Alexis, s’est avancé jusques sous les murs de Smolensko. Le Comte Zamoski défend cette ville avec cou rage ; mais enfin il est forcé de céder au nombre, et il tombe avec sa fille Adelna au pouvoir du vainqueur. Pougatcheff épris des charmes de la Princesse, veut l’épouser, et s’attacher par cette alliance tout le pays qui obéit à Zamoski. Parmi les Cosaques se trouve un brave soldat nommé Ourskoff, qui a déjà formé le projet de démasquer le faux Alexis, mais qui attend que l’occasion lui en fournisse les moyens ; elle se présente d’elle-même. Pougatcheff propose à sa captive d’accepter le titre de son épouse ; Adelna répond qu’elle lui préféreroit le dernier de ses Cosaques. Le faux Alexis, pour humilier la Princesse, cherche un soldat bien dur, bien brusque ; il jette les yeux sur Ourskoff, et il le présente pour époux à la Princesse. Adelna est révoltée d’un pareil outrage ; mais si elle n’obéit pas, l’ordre est donné de mettre à mort Zimoski. Le troisième coup de canon doit décider de son sort. Adelna, après bien des irrésolutions, cède enfin au désir de sauver son père, et Ourskoff la reçoit pour femme des mains de son général. Il la conduit dans une ferme que tient sa mere. Ourskoff se présente chez elle avec un détachement de Cosaques chargés de le surveiller lui et la Princesse. Elle ne veut pas le recevoir : elle a été instruite de sa conduite envers la fille du Gouverneur de Smolensko. Il cherche en vain à la désabuser ; elle demeure inflexible. Cependant il continue à traiter sa prétendue un peu cavalièrement, pour ne pas éveiller les soupçons de ses compagnons ; mais dans un moment ou il se trouve seul avec elle et avec sa mère, il avoue son stratagême, et jure de sauver la Princesse et de la rendre à son père. Celui-ci délivré par quelques amis fidèles, s’est échappé, et déguisé en Cosaque, il cherche et parvient à rejoindre le camp des Russes. Bientôt la ferme qu’il vient de quitter est attaquée par une partie de l’armée ; Pougatcheff surpris, tente de regagner Stnolensko, mais il est arrêté et fait prisonnier. Zamoski devant qui il est amené, le fait conduire à Moskow afin que l’Impératrice prononce sur son sort. Adelna est ramenée vers son père par Ourskoff, qui devient l’ami du Comte dont il a sauvé la fille.

Ce mélodrame est plein d’intérêt ; les situations attachantes qui s’y succèdent sans cesse en assurent le succès ; il a d’ailleurs le mérite d’être conduit avec beaucoup d’adresse, et l’avantage bien plus rare dans ce genre, d'être écrit avec pureté; c’est ce qui distingue particulièrement les ouvrages de M. Caigniez. Cet auteur vise moins aux effets de théâtre qui ne parlent qu’aux yeux ; ses moyens de succès sont plus solides ; il attaque la sensibilité, et c’est la partie foible dans beaucoup de spectateurs. Ce motif fera courir à ce mélodrame ; on y viendra encore pour jouir de l’ensemble qui règne dans la représentation de l’ouvrage. Mlle. Lévêque a plusieurs lois arraché des larmes par la force et l’expression de son jeu. Tautin remplit le rôle de Ourskoff avec beaucoup d’intérêt. Mad. Lagrenois, MM. Joigny, St.Clair, Defresne et Raffille ont tour-à-tour obtenu les applaudissemens de l’assemblée, qui étoit aussi nombreuse que choisie. La musique mérite aussi un éloge particulier ; elle est de MM. Morange et Quaisain, et les ballets sont de M. Richard.

Journal des Arts, des sciences et de la littérature, n° 507 (Samedi 16 Mai 1807), p. 314 :

Le Faux Alexis, ou le Mariage par vengeance est devenu le mélodrame à la mode. Son succès va tous les jours croissant. la musique, qui est de MM. Quaisain et Darondeau, est parfaitement en harmonie avec le mérite des paroles.

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