Le Faux valet de chambre

Le Faux valet de chambre, comédie en un acte et en prose, 21 floréal an XIII (11 mai 1805).

Théâtre de l’Impératrice.

Titre :

Faux valet de chambre (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose

Musique :

non

Date de création :

21 floréal an XIII (11 mai 1805)

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

 

Journal de Paris, n° 232, du dimanche 22 floréal an XIII (12 mai 1805), p. 1627 :

[Un échec, pour une pièce qui, même en un acte est trop longue. Immoralité du sujet, dénouement sifflé.]

Le faux Valet de chambre, représenté hier au théâtre de Louvois, n’a pas eu de succès; cette pièce, qui n’a qu’un acte assez court, n’en a pas moins paru très-longue ; le sujet est d’ailleurs d’une immoralité choquante, & le dénouement a été justement sifflé.

Courrier des spectacles, n° 3009 du 22 floréal an 13 (12 mai 1805), p. 3 :

[Les tentatives d’applaudissements n’ont pas permis de sauver la pièce.]

Le Faux Valet-de-chambre, joué hier sur le Théâtre de l’Impératrice, n’a point eu de succès ; l’ouvrage s’est trainé de scène en scène jusqu’à extinction totale, au milieu des murmures, des applaudissemens et des sifflets, mais les sifflets ont prévalu.

Courrier des spectacles, n° 3010 du 23 floréal an 13 (13 mai 1805), p. 3 :

[L’article s’ouvre par la résumé de l’intrigue, une histoire de jeune homme qui se fait passer pour valet de chambre afin de faire connaissance d’une femme, dont le mari réussit à le confondre. Pour une fois, pas de mariage à la fin et le jeune homme n’a toujours pas réussi à voir la femme de ses rêves. Le jugement porté sur la pièce commence par en nier la nouveauté : le sujet a fait l’objet d’une pièce en trois actes, réduite maintenant à un seul, et qu’il faudrait encore alléger. Elle n’est pas drôle et a biend es défauts : intérêt, bienséances, style, rien n’est satisfaisant. Si elle est du même auteur que Fanfan et Colas (madame de Beaunoir), elle ne lui ressemble guère. Le critique élargit ensuite son propos et conteste la politique maladroite de la direction du Théâtre de l’Impératrice. Tout en reconnaissant la difficulté de sa tâche, il insiste sur la nécessité d’offrir des pièces solides à un public exigeant : la course à la nouveauté est une impasse. Peut-être y a-t-il trop de théâtres à Paris, peut-être faudrait-il fermer les théâtres en été. Beaucoup de monde pour cette représentation, et beaucoup de déçus. La conclusion est sans appel : « on préférera toujours une jolie pièce de Picard vue vingt fois, à ces nouveautés dépourvues de gaité et d’intérêt ».]

Théâtre de l’Impératrice.

Le Faux Valet-de-chambre.

Ce faux Valet-de-chambre est un jeune étourdi qui se passionne pour une Mad. St. Amable, sur le simple récit qu’on lui a fait de sa beauté. Le voilà arrivé au château, séduisant d abord le valet-de chambre, se faisant recevoir à sa place, et occupant toutes les bontés d’une Madame Bernard, espèce de gouvernante de la maison ; mais un billet anonyme adressé à M. de St. Amable, découvre tout l’artifice et dérange tous les projets. L’étourdi qui veut ici faire un mari dupe, est lui-même dupe à son tour, car le mari parvient à lui faire signer une promesse de mariage avec la dame Bernard, qui lui promet, à cette condition, une entrevue avec sa maîtresse. Muni de cette pièce, St. Amable s’adresse au commandeur de St-Léger, oncle de l’étourdi ; celui-ci vient au château vérifier les faits. On lui envoie le nouveau valet de-chambre pour le coëffer. L’oncle et le neveu se reconnoissent ; St. Amable rit le premier du tour qu’il a fait à son curieux impertinent, et celui-ci se retire en disant : Il est donc écrit que je ne la verrai pas.

Ce sujet avoit déjà été traité à l’Opéra-Comique, il étoit alors en trois actes, et n’en étoit pas meilleur ; l’auteur l’a réduit à un acte, et il y a encore à retrancher. Les scènes sont mal liées ensemble, la marche de l’action est vague, hazardée, irrégulière. On y cherche inutilement quelque situation agréable ; on n’y trouve que deux ou trois plaisanteries fort insuffisantes pour racheter les défauts d’intérêt, de bienséance et de style. Si cet ouvrage est de l’auteur de Fanfan et Colas, on n’y retrouve guères de ressemblance de famille.

Le Théâtre de l’Impératrice est une espèce de sous-préfecture du Théâtre Français ; il doit conserver son rang, et se rapprocher, autant qu’il est possible, de son chef-lieu. Le directeur de ce théâtre a trop de complaisance ; personne ne lui conteste ses connoissances et son goût. On ne peut douter qu’il ne sache d’avance quel sera le sort d’un ouvrage ; mais quand la chûte en est prévue, il y a trop de foiblesse à l’admettre II ne doit point compromettre la petite maison de Thalie ; sa réputation est faite ; le public l’aime et l’estime : ce sont des avantages qu’il ne faut pas exposer. J’avoue qu’il est plus aisé de conseiller que de régir ; les bons ouvrages sont aujourd’hui fort rares, et le public fort difficile ; il veut qu’on l’amuse, et qu’on l'amuse toujours d’une manière nouvelle. Cette avidité pour les nouveautés devient très-embarassante. Les pièces de théâtre ne ressemblent point aux autres objets de mode, on ne compose pas une pièce aussi vite qu’on fait un chapeau ou une collerette. Une jolie femme qui donne le ton aux autres peut faire adopter toutes les idées qui lui passent par la tête, mais le meilleur comédien, l’actrice la plus agréable parviennent rarement à faire réussir une mauvaise pièce. Paris est la seule ville en Europe où l’on ait chaque jour plusieurs spectacles ; quand notre insatiable avidité aura lassé tous les auteurs et tous les acteurs, peut-être serons nous obligés d’imiter nos voisins, et de nous reposer pendant l’été.

Les spectateurs réunis au Théâtre de l’Impératrice pour la représentation du Faux Valet-de-chambre étoient nombreux et choisis, mais ils ont été peu satisfaits. On préférera toujours une jolie pièce de Picard vue vingt fois, à ces nouveautés dépourvues de gaité et d’intérêt.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XI, thermidor an XIII [juillet 1805], p. 284 :

[La pièce aurait été déjà été jouée dans une version en trois actes (mais je n’en sais pas plus). Morte une première fois « de sa belle mort », elle vient de mourir pour la deuxième fois, mais d’une mort violente. Des sifflets, sur lesquels il n’est pas utile de revenir.]

Le faux Valet-de chambre, comédie en un acte.

Cette pièce, dit-on, avait été jouée autrefois en trois actes à la Comédie italienne. Elle était morte, à ce qu'il paraît, de sa belle mort; l'auteur qui a voulu la ressusciter , n'a réussi qu'à lui procurer une seconde mort, mais violente. Les sifflets en ont fait justice, et nous ne reviendrons pas sur leur arrêt.

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