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Les Fâcheux d'aujourd'hui

Les Fâcheux d'aujourd'hui, comédie en trois actes et en vers, de Hyacinthe Dorvo, 16 ventôse an 12 [7 mars 1804].

Théâtre Louvois

Almanach des Muses 1805

Pièce calquée sur les Fâcheux de Molière. Essai malheureux.

Paul Lacroix, Bibliographie moliéresque, seconde édition (1875), p. 349 :

1695. LES FACHEUX D'AUJOURD'HUI, comédie en trois actes et en vers, par Hyac. Dorvo, représentée en 1804 au théâtre de la rue de Louvois, par les acteurs de l'Odéon.

Cette comédie, dont l'auteur avait suivi Molière presque à la piste, en plaçant la scène et les personnages dans un cadre moderne, se terminait par quelques couplets en l'honneur de l'auteur des Fâcheux du temps de Louis XIV; elle fut sifflée à outrance.

Elle n'aurait eu qu'une représentation, le 7 mars 1804.

Courrier des spectacles, n° 2567 du 17 ventôse an 12 [8 mars 1804], p. 2 :

[Le critique prend un malin plaisir à souligner le caractère quasi prophétique de certains vers de la pièce, annonces de son échec et de son absence de comique. Le résumé de l’intrigue revient sur le défaut inhérent aux pièces épisodiques : pas d’intérêt possible face à un défilé de personnages qui, en plus, ne sont même pas drôles. Le style de la pièce est inégal, n’évitant pas toujours la trivialité, et la versification même de la pièce paraît peu correcte, et les convenances ne seraient pas respectées. Heureusement, le critique donne un exemple de cette entorse aux bienséances, et il n’est guère convaincant pour les modernes. En tout cas, une chose est sûre, la pièce a échoué.]

Théâtre Louvois.

Première représentation des Fâcheux d’aujourd’hui.

Tel qui croit réussir . . souvent échoue.

fait dire l’auteur à son principal personnage. Il peut servir de preuve à cette assertion ; il échoua complettement hier.

Une pièce épisodique est naturellement dénuée d’intérêt et par conséquent très-froide, si elle n’offre pas des détails piquans et des scènes comiques. On a vainement cherché ces qualités dans le nouvel ouvrage : le nombre des fâcheux qui y paroissent est considérable, mais la salle en contenoit bien davantage encore ; ils se sont tous réunis pour faire à la pièce l’application de cette partie d’un de ses vers :

. . . On y rit beaucoup moins .qu’on n’y bâi1le.

Eraste, amant d'Orphise, a confié une somme considérable à Saint-Herville son ami, pour la faire valoir d’une manière avantageuse. Le dépositaire en a disposé en faveur d'Orphise qu’il croit avoir par ce don enlevée à son amant. Celui ci la soupçonne d'abord , mais revenu sur son compte, et n’ayant plus l’espoir de l’enrichir, il est sur le point de renoncer à sa main, lorsque Orphise lui rapporte le porte-feuille qui contient sa fortune.

Il seroit difficile de citer tous les personnages fâcheux qui se succèdent dans cette pièce, et qui retardent Eraste, soit qu’il veuille prendre des éclaircissemens sur son affaire, soit qu’il veuille poursuivre son spoliateur. Les plus remarquables sont un auteur qui, enchérissant sur celui qui fit paroître, il y a deux ans, l’Art de procréer les sexes à volonté, promet d’indiquer les moyens non seulement d’avoir un garçon, mais de voir en lui un César, un Cicéron ou un Caton, etc., et deux femmes, dont l’une soutient contre l’autre la prééminence de la musique italienne sur la française. La nomenclature des compositeurs vivans a fort déplu dans cette scene, qui n’a pas été la seule accueillie par des murmures. Enfin l’ouvrage n’a point paru offrir une situation comique.

L'auteur au milieu d’une versification aisée, a souvent introduit des expressions triviales que rejette la prose, et qui n’en sont que plus déplacées en vers. On a cru remarquer de fausses rimes dans ces derniers.

Les convenances ne sont guères plus respectées que le. goût. Nous n’en citerons qu’un exemple : Eraste veut aller devant les Juges pour poursuivre son spoliateur. La Montague, son valet , veut l’accompagner pour lui servir, dit-il, d’un témoin, sans lequel il ne seroit pas cru. En pareil cas, un Valet ne seroit pas admis pour témoin de son maître ; mais il y a de l’insolence à la Montagne de dire que sans lui Eraste ne seroit point cru.

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