Les Fausses bonnes fortunes

Les fausses bonnes fortunes, comédie en trois actes & en prose, de M. Sedaine de Sarcy, 11 octobre 1791.

Théâtre de la rue de Richelieu.

Titre :

Fausses bonnes fortunes (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

11 octobre 1791

Théâtre :

Théâtre de la rue de Richelieu

Auteur(s) des paroles :

M. Sedaine de Sacy

Mercure universel, tome VIII, n° 232, du mardi 18 octobre 1791, p. 271 :

[La pièce n’a pas réussi malgré la qualité de son style, et la faute en est aux invraisemblances et à « une marche trop saccadée ». Le critique la soupçonne de n’être qu’un moyen de mettre en valeur les talents de son interprète, Mlle Candeille.]

THÉATRE FRANÇOIS DE LA RUE DE RICHELIEU.

Cette pièce, fondée sur une intrigue à l'espagnole, mine que plusieurs auteurs ont puisée avec plus de succès, est hérissée d'invraisemblances, et présente une marche saccadée ; un valet philosophe et spirituel, un oncle, jouet de deux amans, une cousine trop indulgente pour un écervelé de cousin, tels sont à-peu-près les caractères de cette comédie, qui semble avoir été conçue moins pour le public, que pour faire valoir les talens variés de mdlle. Candeille, qui touche supérieurement du forte piano, et imite le parler espagnol avec beaucoup de vérité : en un mot, nous croyons définir cette pièce, en la qualifiant d'illusion dramatique.

Le style n'est point sans mérite ; elle est écrite avec légéreté, les personnages y badinent avec grace. Nous avons retenu ce trait placé dans la bouche d'un valet :

« Qu'il est difficile d'acquérir la réputation d'honnête homme !... Je ne m'étonne plus si tant de gens s'en passent ».

Nous dirons avec autant de vérité, qu'il est difficile d'acquérir la réputation de bon auteur !... Nous ne sommes plus étonnés si tant de gens s'en passent.

La première représentation des Fausses bonnes Fortunes, n'a pas été une bonne fortune pour l'auteur, non plus que pour le public.

Versal, homme aimable, n'a d'autre défaut qu'une inconstance et une légéreté qui ne lui permettent pas de former un lien. Forlis, sa cousine, douée des charmes de la figure et de ceux de l'esprit, forme le projet de le rappeller à la sagesse par le chemin de la folie, parce qu'il lui est plus familier. Sous le nom de Dona Eléonore , elle lui donne un rendez-vous, s'y rend, et contrefait la belle Espagnole ; ensuite comme tout se passe dans obscurité de la nuit, elle prend un autre rôle, et touche du forte-piano de manière à faire admirer ses talens à Versal. Enfin, dupe de la supercherie d'une femme aimable, honteux de ses torts, oubliant son inconséquence et sa vanité, pour se rendre tout à l'amour et à sa délicatesse, Versal reconnoit dans Forlis toute [sic] à la fois Isabelle et Dona-Eléonore ; un oncle qu'on avoit fait venir se trouve à propos pour serrer leurs nœuds.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 1 (janvier 1792), p. 336-337 :

[Une pièce qui n’est pas sans qualités (style pur et élégant, « bon comique de quelques scènes », esprit, n’a pas réussi, en raison de « l'invraisemblance & les longueurs multipliées du sujet ». Elle est également dénuée d’intérêt, tout y étant prévisible. Bravo à l’interpète principale, Mlle Candeille.]

Les fausses bonnes fortunes, comédie en trois actes & en prose, donnée à ce théatre le lundi 17 octobre, n'a obtenu qu'un foible succès.

La pureté & l'élégance du style, le bon comique de quelques scenes, & l'esprit qui y brille par-tout, n'ont pu racheter l'invraisemblance & les longueurs multipliées du sujet que nous allons extraire en deux mots.

Versac, sur le point d'épouser sa cousine Florise, qu'il aime & dont il est aimé, se prend de passion, dans un bal, pour trois personnes à la fois. La premiere est une coquette, la seconde une jeune innocente, & la troisieme une Italienne vive & jalouse. Florise, qui connoît l'inconstance de son amant, l'attire avec mystere dans une maison d'amie, où elle contrefait tour-à-tour les trois personnages pour qui il l'abandonne. Des rendez-vous sont donnés par elle dans un bal, où, à l’aide de plusieurs dominos, elle passe encore pour les trois amantes de Versac. Bientôt elle se démasque : celui-ci la reconnoît. Il y a entre eux un combat de tendresse, & tout finit par un raccommodement. Un oncle, assez inutile, vient débiter de la morale à travers tout cela, & un valet, parfaitement joué par M. Michaut, y fait briller une délicatesse rare & un attachement sincere pour Versac, dont il ne partage point les égaremens.

Comme tous les événemens sont prévus dans cette piece, il n'y a point d'intérêt. Elle peut cependant amuser, dès qu'on a pris son parti sur les invraisemblances qui s'y rencontrent à tout moment.

Mlle. Candeille y joue très-bien le rôle long & fatiguant de Florise, &, dans le second acte, elle exécute un morceau de piano avec cette perfection de talent qu'on lui connoît sur cet instrument.

D’après la base César, l'auteur est Jean-François Sedaine de Sarcy. La pièce, que César donne en deux actes, contre trois à l’Esprit des journaux, a eu 3 représentations, les 17, 19 et 21 octobre 1791.

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