Les Femmes politiques

Les Femmes politiques, comédie en trois actes et en vers, de Gosse, 30 fructidor an 7 [16 septembre 1799].

Théâtre des Victoires.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, chez Bocquet, chez Hugelet, an 8 :

Les Femmes politiques, comédie en 3 actes et en vers, par le citoyen Gosse ; Représentée la première fois sur le Théâtre des Victoires, le 30 fructidor an 7.

Courrier des spectacles, n° 938 du 1er jour complémentaire an 7 [17 septembre 1799], p. 2 :

[L’article s’ouvre par des informations sur la rénovation du Théâtre des Victoires Nationales, puis arrive à la pièce nouvelle donnée pour l’ouverture du théâtre rénové. C’est un succès, même si l’auteur, demandé, n’a pas paru. Le résumé de l’intrigue déroule une histoire politique : la question des émigrés (d’actualité), les dénonciations, la participation des femmes aux débats. Comme d’habitude, on cache le personnage masculin dans un cabinet, dont il sort pour faire cesser le scandale de ces femmes qui bouleversent sa maison par leurs discussions. Comme on pouvait s’y attendre, la fin de la pièce montre le triomphe de la loi (un faux gendarme qui veut arrêter les femmes « accusées de tenir des conciliabules », auquel succède un vrai gendarme qui arrête le dénonciateur calomniateur. Force reste à la loi, celui qu’on accusait d’être émigré est justifié, et les femmes « renoncent à tout jamais à la politique », et l’indispensable mariage de Clitandre et de Rosalie est décidé : la pièce est heureusement conclue. Le critique n’a rien à ajouter à ce résumé ; rien sur l’interprétation, rien sur le style.]

Théâtre des Victoires Nationales.

Les principales réparations qui ont été faites à la salle de ce théâtre, consistent, comme nous l’avons déjà dit, en ce qu’on a formé un rang de loges aux premières. Le parterre, qui avoit précédemment deux entrées par les côtés, n’en a plus qu’une par le milieu ; sur les côtés de cette entrée, et en face du théâtre, on a pratiqué des loges, au-dessus desquelles est une espèce d'amphithéâtre. Si l’on n’a pas par ce moyen beaucoup augmenté le nombre des places, on les a du moins rendues plus commodes, sur-tout en élargissant l’avant-scène.

La première représentation des Femmes Politiques, comédie en trois actes et en vers, donnée hier pour l'ouverture, a eu un succès décidé. Elle est du citoyen Gosse, auteur du joli opéra, l’Auteur dans son Ménage : il a été demandé, mais il n’a point paru.

Gérard de Varmont, plus connu sous ce dernier nom à Amiens, où il possède des terres, y a été mis sur la liste des émigrés, d’après la dénonciation d’un certain Desprez. II a quitté Paris, son domicile ordinaire, pour venir se justifier, et est parvenu à prouver son innocence. Desprez, poursuivi comme calomniateur, s’est réfugié à Paris sous le nom de Germain. Parvenu à s’introduire dans la maison de Gérard, qu’il ne sait pas être celui qu’il a si indignement persécuté, il s’y est rendu maître en son absence de l’esprit de Mad. Gérard et de Mad. Arthur, sa mère. Ces deux dames, uniquement adonnées à la politique, ne s’occupent que de plans de guerre et de finances. Nicolas, leur jardinier, n’a plus d’autre emploi que d’aller chercher les journaux. Clitandre, amant de Rosalie, fille de Mad. Gérard, a perdu son crédit auprès des deux mamans, parce qu’il n’est pas politique, et Germain est seul le favori de ces dames, parce qu'il applaudit à tous leurs discours. Deux autres femmes sont admises dans la société poli tique; l’une, Mad. Furet, ancienne habituée de tribunes des Jacobins, ne veut pas souffrir d’autre dénomination que celle de citoyenne ; l’autre, Mad. de Grandair, est une merveilleuse qui fait assez bien ses affaires en allant solliciter dans les bureaux des ministres. C’est ainsi qu’est occupée la maison de Gérard quand il revient chez lui.

Clitandre fait part à Gérard du désordre qui règne chez lui : il veut éclater, mais ce jeune homme le retient et le fait cacher dans un cabinet pour le rendre témoin d’une scène de discussion politique. Gérard furieux, sort du cabinet, au grand étonnement de toute la société : et quoique sa mère lui répète plusieurs fois qu’il n’a pas la parole, il la prend assez haut pour dissoudre l’assemblée.

Il veut d’abord user de moyens violens, mais par les conseils de Clitandre, il consent à employer la mise pour rétablir l’ordre chez lui. Germain apprend par une lettre d’Amiens qu’un mandat d’arrêt est lancé contre lui : il en fait part à ses protectrices, en leur faisant accroire qu’il est poursuivi pour avoir signé un écrit fait par une dame patriote contre le gouvernement. Cette explication suffit pour qu’il obtienne un azile assuré. Cependant Nicolas, d’après les ordres de son maître, vient déguisé en gendarme pour arrêter Mesdames Arthur et Gérard accusées de tenir des conciliabules. Elles pressent Mad de Granduir de solliciter pour elles, et sur sa demande, lui remettent écrin, boëte d’or : mais Gérard lui fait tout laisser, elle sort. Elles sont sur le point de se laisser emmener, lorsqu’un vrai gendarme se présente. Après avoir fait convenir Nicolas et son maître de la ruse qu’il vouloit employer, il montre l’ordre qu’il a d’arrêter un frippon qui est caché dans la maison, suivant le témoignage de Madame Furet. Mad. Gérard ne veut point découvrir Germain: Mad. Arthur moins ferme, remet la clef de la chambre où il est ; on le reconnoit pour le scélérat de Desprez, le gendarme l’emmène. Nos deux dames renoncent pour jamais à la politique, et Clitandre obtient la main de Rosalie.

Le Pan.          

D'après la base César, la pièce a été jouée 27 fois du 9 septembre [23 fructidor an 7] au 7 novembre 1799 [16 brumaire an 8] au Théâtre des Victoires. Mais une consultation du Journal de Paris permet de connaître deux autres représentation, les 26 et 27 nivôse an 8 [16 et 17 janvier 1800].

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