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Les Femmes tyrannomanes, ou les Hommes poussés à bout

Les Femmes tyrannomanes, ou les Hommes poussés à bout, folie en un acte, de Charles et Dartois, 7 mars 1814.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Femmes tyrannomanes (les), ou les Hommes poussés à bout

Genre

folie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

7 mars 1814

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Charles et Dartois

Sur la dispute entre Fanny Raoul et Alexandre Duval, on peut lire dans Théâtre/Public n° 236 la contribution de Geneviève Fraisse à l'occasion de la réédition de l'essai de Fanny Raoul, Opinion d’une femme sur les femmes. Disponible sur le site academia.edu.

Journal de Paris, n° 40 du 9 février 1814, p. 1 :

[Un mois à l'avance, l'annonce de la pièce de Dartois et Charles (des deux auteurs, un seul est vraiment connu...). Elle est censée illustrer la vive querelle qui a opposé Mlle Raoul et Alexandre Duval, querelle dont le journaliste du Journal de Paris donne une vision tout de même un peu caricaturale (Mlle Raoul n'a pas l'intention de montrer «  la prééminence que les femmes devraient avoir sur les hommes »).]

La dispute de Mlle Raoul avec M. Duval paraît entièrement terminée ; mais Mlle Raoul n'est tout-à-fait oubliée pour cela Les ouvrages de cette demoiselle, dans lesquels elle a si bien pris la défense de son sexe, où elle a prouvé d'une manière si éloquente la prééminence que les femmes devraient avoir sur les hommes ; ses Fragmens philosophiques, sa Tyrannomanie, ses Fables allégoriques, ses Pensées diverses, etc., ont inspiré deux de nos chansonniers, et l'on répète en ce moment au Vaudeville les Femmes tyrannomanes, ou les Hommes poussés à bout. Cette pièce est attribuée à deux auteurs connus par des succès à ce théâtre.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome II, p. 166 :

[Le résumé de l’intrigue est fait sans commentaire (on pourrait tout de même la trouver peu neuve, cette intrigue). Et le jugement qui suit concède que la pièce est « assez comique » (l’adverbe a sans doute son plein poids de réticence), mais elle est écrite « d'un style un peu trop leste ». Au théâtre, il faut respecter la morale...]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Les Femmes tyrannomanes, vaudeville en un acte.

Des femmes de province ont formé une conjuration contre leurs maris et leurs amans. Elles les font coudre et broder, tandis qu'elles vont à la chasse, qu'elles jouent au billard, et qu'elles font des armes. Les hommes, après avoir cédé à ce bizarre caprice, reprennent un peu d'énergie, les abandonnent dans leur château isolé, et reviennent, déguisés en brigands, leur faire peur, et leur apprendre que leur sexe a besoin du nôtre pour y trouver des défenseurs et un appui. Elles signent une capitulation peu honorable pour elles, et leurs vainqueurs se découvrent, en leur conseillant de ne chercher désormais d'autre empire que celui de l'amour et des grâces.

Cette parade, assez comique, étoit écrite d'un style un peu trop leste. L'auteur a oublié qu'en fait de plaisanteries graveleuses,

Si l'on peut soulever la gaze,
Il ne faut pas la déchirer.

Cette pièce est de MM. Charles et Dartois.

Mémorial dramatique: ou Almanach théâtral pour l'année 1815 (neuvième année), p. 120-122 :

[La pièce ne plaît pas à l’auteur de l’article : il a vu « une intrigue bizarre, un plan ridicule, des pointes moins justes que piquantes », et surtout il a entendu des couplets hardis, et même obscènes. La pièce a réussi, malgré quelques sifflets, dont le critique regrette d’ailleurs qu’ils n’aient pas triomphé. Il tient ensuite à innocenter les auteurs : ils n’ont pas suivi les propos « féministes de Melle Fanny Raoul, célèbre à l’époque pour avoir écrit une Tyrannomanie en trois actes et en vers qu’elle n’a pas pu faire jouer, mais dont elle a accusé Duval d’en avoir copié le plan. Ils se sont contentés de faire « l'instruction des dames qui veulent usurper les droits du sexe le plus fort », ce qui est une intention louable à ses yeux. Le résumé de l’intrigue qui clôt le compte rendu en montre le peu de finesse et de nouveauté. mais la pièce finit bien : « tout rentre dans l'ordre, et chacun reprend les travaux de son sexe ».

Mademoiselle Raoul dont il est question dans l'article s’est rendue célèbre par la polémique qu’elle a suscitée en 1813 en protestant contre la pièce d’Alexandre Duval, le Tyran domestique, ou l’Intérieur d’une famille, qu’elle estime être un plagiat de la Tyrannomanie, la pièce qu’elle a proposé au Théâtre Français six ans avant la représentation de celle de Duval. Et toutes ses tentatives de faire reconnaître ses droits n’aboutiront qu'à lui attirer des remarques peu amènes : elle revendiquait l’égalité des hommes et des femmes, mais elle n’a pas été exaucée.]

LES FEMMES TYRANNOMANES, ou LES HOMMES POUSSÉS A BOUT, folie en 1 acte, par MM. Dartois et Charles. (7 mars.)

Une intrigue bizarre, un plan ridicule, des pointes moins justes que piquantes, n'ont pu préserver d'un succès les femmes Tyrannomanes : la hardiesse, ou pour mieux dire, l'obscénité de la plupart des couplets, a seule attiré l'attention et reçu des applaudissemens. Quelques sifflets, il est vrai, se sont fait entendre ; mais comme ils étaient en petit nombre, on les a malheureusement forcés à se taire.

Ni le procès de Mlle. Raoul, ni même ses lettres justificatives, n'ont inspiré à MM. Dartois et Charles leur ouvrage. Les amateurs de scandale n'ont pas eu ce sujet de satisfaction ; la Tyrannomanie n'y joue même qu'un rôle accessoire. La pièce est uniquement consacrée à l'instruction des dames qui veulent usurper les droits du sexe le plus fort. Nous devons savoir quelque gré aux auteurs d'une telle intention.

La première scène offre à-peu-près l'image du monde renversé. M. Dulcior, vieillard imbécille, fait de la tapisserie ; Eugène, jeune capitaine, brode à l'aiguille ; un hussard nommé Charles, tient une guenouille [sic] à la main, et lenr valet Francis, tricote une paire de bas. Tous se sont soumis à ces travaux bizarres, dans la vue d'obtenir la paix dans la maison. M. Dulcior, afin d'obéir à sa femme; Eugène , pour plaire à Flaminie, belle-sœur de madame Dulcior ; Charles, pour obtenir la main de Mlle. Louise Dulcior ; et Francis, enfin pour épouser la soubrette. Bientôt ces dames Tyrannomanes arrivent de la chasse ; elles laissent à leurs esclaves le soin de serrer leurs arrnes, de placer leurs chapeaux ; madame Dulcior oblige même son mari à lui friser les cheveux, et à placer ses papillottes.

Cependant les esclaves commencent à se-lasser du joug que les Tyrannomanes leur ont imposé, et poussés à bout, ils prennent la résolution vigoureuse de le secouer. Après une explication assez vive, ils abandonnent leurs dames, les laissent seules dans la maison, et reviennent, déguisés en brigands, leur livrer bataille. Le courage des nouvelles amazones ne tient pas à la vue des longues barbes et des grands manteaux ; elles jettent leurs armes et s'enfuient. Les assaillans profitent de leur victoire pour faire signer à la garnison vaincue une capitulation dans laquelle on reconnait que les hommes seuls doivent commander, et que les femmes se contenter d'obéir. La paix conclue, on met bas les masques ; et comme les dames ont juré, sur leur honneur, d'exécuter fidèlement les clauses du traité, tout rentre dans l'ordre, et chacun reprend les travaux de son sexe.

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