Les Fourberies de Marine

Les Fourberies de Marine, ou le Tuteur juge et partie, opéra en 3 actes, de Barnabé Farmian Durosoy, musique de Luigi Piccinni, 11 septembre 1789.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Fourberies de Marine (les), ou le Tuteur juge et partie

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

 

Musique :

oui

Date de création :

11 septembre 1789

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

M. Barnabé Farmian Durosoy

Compositeur(s) :

M. Luigi Piccinni

Mercure de France, n° 39 (samedi 26 septembre 1789), p. 92-93 :

[Le critique du Mercure de France souligne les insuffisances de l’intrigue adaptée maladroitement de l’italien. Malgré les applaudissements accordés à la musique, il approuve le désir des auteurs de revoir leur pièce avant de la présenter de nouveau au public : la pièce a besoin d’être fortement resserrée.]

THÉATRE DE MONSIEUR.

Nous avons à parler de plusieurs Nouveautés qui ont éprouvé diverses fortunes.

La première est intitulée les Fourberies de Marine, Opéra parodié en François sur la musique de M. Piccinni L'original de cette Pièce est la Notte critica, de M. Goldoni, qu'il a faite en France pour le Portugal, d'après un de ses propres canevas. Ce sujet lui avoit paru susceptible de situations musicales, & il pouvoit avoir raison pour les Théatres Italiens, où elles suffisent ; mais en France, l'on y regarde de plus près, & l'on exige davantage. Le Traducteur n'a pas assez senti, que ces situations étoient monotones, & que le fonds n'avoit aucun intérêt. Il auroit dû se rendre maître de son sujet, en faire disparoître les trop grandes invraisemblances, sur-tout l'animer par un dialogue piquant & gai. Il pouvoit d'autant mieux se permettre ces changemens, qu'il travailloit avec le Compositeur , qui ne pouvoit qu'améliorer son Ouvrage en y ajoutant de nouveaux morceaux. Quoi qu'il en soit, cette pièce, malgré les applaudissemens mérités qu'a obtenus la musique, a fait peu d'effet à la première représentation : les Auteurs l'ont retirée pour y faire des changemens. Nous croyons qu'en la resserrant beaucoup, elle pourra plaire davantage. On a rendu justice au talent des Acteurs sur-tout à M. Fleury, qui sait faire valoir le caractère de tous ses rôles, & qui a très-bien rendu celui d'un vieil Avare soupçonneux.

Puisque nous avons occasion de parler de lui, nous n'oublierons pas que nous lui devons un éloge, non seulement comme bon Comédien, mais comme bon Camarade, pour l'intérêt sensible qu'il a pris au début d'un Acteur extrêmement timide, qui a joué dernièrement le rôle de Georgino dans Tulipano. Le Public a su gré à M. Fleury de s'être oublié lui-même pour faire valoir ce Débutant, M. Dorville, qu'on a fort encouragé, mais qui a besoin de beaucoup de travail encore. Sa voix est belle & facile, mais il doit éviter les sons de gorge qui la déparent. Il faut aussi qu'il acquière plus d'aisance dans son maintien, ce que l’habitude peut seule lui donner.

Nous dirons un mot d'un autre début dans l'Opéra Italien ; c'est celui de la Signora Maffei, qui n'avoit jamais paru sur aucun Théatre, & qui a chanté en petit rôle de la Villanella avec beaucoup de grace & d'intérêt. Malgré sa timidité, qui la privoit d'une partie de ses avantages, sa jeunesse, sa figure, sa taille, sa voix fraîche & jolie, donnent l'espoir que ce Sujet pourra devenir un jour très-précieux.

[...]

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome X (octobre 1789), p. 333 :

[Compte rendu d’une extrême sévérité pour l’auteur du livret dont on ne peut apparemment rien sauver (titre mensonger, absence complète de structure de l’action, longueurs, personnages errant sur la scène). La musique est de qualité, mais elle ne peut pas sauver une œuvre pareille.]

Nous n'entrerons dans aucun détail sur les fourberies de marine. Que dire d'une piece qui ne remplit nullement son titre, qui n'a, ni exposition, ni nœud, ni dénouement; qui n'offre que des longueurs insoutenables, & où tous les personnages vont & viennent sur la scene, sans savoir pourquoi ? On ne peut que regretter la peine qu'a prise un compositeur célebre, d'adapter à de telles paroles un chant très-agréable ; plaindre, en même tems, les acteurs qui ont été chargés de les rendre, ainsi que les spectateurs qui ont eu la patience de les entendre; & exhorter les entrepreneurs de ce spectacle, à être, par la suite, plus severes dans leurs choix.

D’après la base César, la pièce, dont le titre complet est les Fourberies de Marine, ou le Tuteur juge et partie, n’a été jouée que le 11 septembre 1789 au Théâtre de Monsieur.

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×