Gilles éléphant

Gilles éléphant, comédie-folie en un acte et en prose mêlée de vaudevilles, de Hapdé, 3 ventôse an 7 [21 février 1799].

Théâtre des Jeunes Artistes

Almanach des Muses 1800

La pièce, annoncée pour le 28 pluviôse an 7 [16 février 1799], mais sa représentation n’a pas eu lieu avant le 3 ventôse [21 février]. Le Courrier des spectacles ne donne pas d’explication à ce report (peut-être l’abondance des propos inconvenants que la pièce comporte).

Courrier des spectacles, n° 726 du 29 pluviôse an 7 [17 février 1799], p. 2 :

[La pièce annoncée la veille n’a pas été jouée, à cause d’une intervention de l’administration locale.]

Le théâtre des Jeunes-Artistes devoit donner hier Gilles Eléphant, vaudeville en un acte ; mais cette pièce a été suspendue au moment de la représentation, d’après une lettre du commissaire du directoire exécutif, près l'administration de l’arrondissement dans lequel est situé le théâtre des Jeunes-Artistes.

Courrier des spectacles, n° 728 du 1er ventôse an 7 [19 février 1799], p. 2 :

[Gilles Eléphant a de nouveau été annoncé pour le 30 pluviôse, mais la suspension n’ayant pas été levée, le directeur du théâtre annonce que la première est remise « au premier jour ».]

L’ADMINISTRATION Du Théâtre des Jeunes Artistes, au citoyen Lepan.

Ce 3o pluviôse.

J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen, que l’annonce de notre spectacle, envoyée dans les journaux, porte pour aujourd'hui la première représentation de Gilles éléphant, mais la suspension n’étant point encore levée, cette première représentation est remise au premier jour.

Gassier, directeur.

Nouvelle annonce de la première le 3 ventôse [21 février] (c’est la troisième annonce) : cette fois, c’est la bonne, et le compte rendu est publié le lendemain 4 ventôse [22 février].

Courrier des spectacles, n° 731 du 4 ventôse an 7 [22 février 1799], p. 2 :

[Sans explication, la représentation de Gilles éléphant est devenu possible, et Gilles a paru sur scène, toujours aussi bête (c’est son statut dans les arlequinades), et la pièce a réussi. Le résumé de l’intrigue donne une idée de ce qu’est une arlequinade : une histoire sans cohérence, ne reculant devant aucune invraisemblance, et ne craignant pas les calembours les moins raffinés. Tout y passe : la vieille rivalité entre Gilles et Arlequin autour de Colombine, s’achève par la « victoire » d’Arlequin, comme toujours, mais il a fallu tromper Cassandre, le père de Colombine, faire sortir Colombine de la pièce où elle se trouve avec Arlequin (shoking !) et utiliser Gilles pour provoquer sa défaite et le ridiculiser. Que dire d’une telle pièce ? Qu’elle est riche de jolis couplets et de situations drôles, mais aussi de longueurs et de jeux de mots scabreux (le critique préférerait que l’auteur supprime les plaisanteries sur la trompe de l’éléphant). Succès : l’auteur a été demandé.]

Théàtrss [sic] des Jeunes Artistes.

Gilles a beau faire, il est toujours Gilles. Après tout [sic] les travestissemens qu’on lui a fait prendre, il devient Eléphant, qu'en résulte-t-il, qu’il n’est jamais qu’une bête, la différence est dans la grosseur. Envain il emploie mille moyens pour s’assurer l’avantage sur Arlequin, le génie de celui-ci triomphe toujours. C’est ce que l’on a vu encore dans le vaudeville donné hier avec succès à ce théâtre, sous le titre de Gilles Eléphant.

Cassandre a imaginé une machine dont l’exécution a été confiée à Arlequin comme a un habile méchanicien. C’est un éléphant qui doit être construit de manière qu’à l’aide de certains ressorts il puisse se mouvoir à volonté. Si Arlequin réussit, Colombine son amante deviendra sa femme. Gilles, voisin de Cassandre, et amoureux de Colombine, vient déjeûner avec le pere, et pendant ce temps l’amante d’Arïequin va lui porter le thé, et déjeûne avec lui. Gilles tire les cartes, et y voit que réellement Colombine est avec son rival dans la chambre voisine. Notre jaloux alors déclare qu’il est aussi méchanicien, et fait si bien qu’il persuade enfin Cassandre et qu'il en obtient une assurance d’épouser sa fille. Impatient de voir où en est l’ouvrage d’Arlequin Cassandre frappe à sa porte ; Arlequin enfermé avec Colombine n’a d’autre ressource que de la faire passer par une croisée de communication qu’il a pratiquée dans le mur qui sépare sa chambre de l’appartement de Cassandre. Gilles tout occupé d’inventer une machine ne voit pas d’où sort la fille de Cassandre, et il veut la suivre jusqu’à son appartement, mais elle lui en ferme la porte, après la visite de Cassandre.

Arlequin, dont la machine est achevée, et qui a besoin de quelqu’un pour la faire mouvoir, ouvre la croisée de communication, et invite Gilles à venir voir son ouvrage mécanique : Gilles tremble à la vue de l’éléphant et n'ose en approcher ; mais Arlequin lui déclare qu’il est prêt à le lui vendre, afin qu’il épouse Colombine, lui, Arlequin, n’ayant plus de prétentions à sa main. Le marché conclu, il faut, pour première formalité, que Gilles, s’il veut réussir près de Cassandre, et lui plaire, donne le mouvement à la trompe et la tête de l’animal. Il entre donc dans l’éléphant, et Arlequin montrant à Cassandre l'éléphant qui remue, est embrassé par son beau-père qui, à la vue de Gilles sortant du corps de l’animal, pardonne à son gendre et à sa fille le stratagême dont ils se sont servis.

De jolis couplets et du comique de situation rachètent quelques longueurs et des jeux de mots déplacés qui déparent ce vaudeville. L’auteur a, entr’autres passages, fait plusieurs allusions à la trompe de l’éléphant : leur suppression ne peut nuire à sa pièce, que l’on verra long-tems avec plaisir. Il a été demandé , et on est venu annoncer le cit. Hapdé.

La pièce a connu 13 représentations, du 16 février au 17 avril 1799, au Théâtre des Jeunes Artistes. Mais on a vu que la première n’a réellement eu lieu que le 21 février.

Emmet Kennedy, Theatre, Opera, and Audiences in Revolutionary Paris: Analysis and Repertory, p. 174, parle aussi de 13 représentations, mais il les répartit : dix au Théâtre des Jeunes Artistes, trois au Théâtre du Marais.

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