Créer un site internet

La Guerrière, ou la Femme Chevalier

La Guerrière, ou la Femme Chevalier, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, de Bernos, musique de Quaisain et Lanusse, ballet de Millot, 25 avril 1812.

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Almanach des Muses 1813.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1812 :

La Guerrière, ou la Femme chevalier, mélodrame en trois actes, A grand spectacle, Par M. Alexandre Bernos ; Musique de MM. Quaisain et Lanusse ; Ballet de M. Millot ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique, le 25 Avril 1812.

Journal de Paris du 26 avril 1812, p. 4 :

[La pièce nouvelle entre dans la série à la mode des femmes guerrières : chaque théâtre a la sienne. Celle-ci est dans le sud de l’Italie, et le critique entreprend de raconter son histoire, celle d’une jeune femme, fille d’un noble qui a dû se réfugier à la campagne, dont la robustesse lui permet de prendre l’habit militaire à la place de son père et de multiplier les actions d’éclat. La situation permet toutes les confusions dans les sentiments, jusqu’à la révélation du sexe de la jeune femme, qui ne peut cependant épouser celui qu’elle aime que suite à la justification de son père, lavé de tout soupçon de trahison. On retrouve tous les ingrédients du mélodrame, mais avec une tendance au comique. Elle a eu du succès, et l’article s’achève par la liste canonique des trois auteurs, paroles, musique et ballets.]

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

Première représentation de la Guerrière, ou la Femme Chevalier, mélodrame en 5 actes.

Les amazones belliqueuses sont maintenant à la mode sur nos théâtres ; celui de l’Ambigu-Comique ne pouvait donc se dispenser d’avoir aussi la sienne C’est dans le royaume de Naples qu’il l’a recrutée. Le nom de cette héroïne est Léonore ; son père, le comte de Bellariva, ayant été calomnié près du roi Alphonse, s’est vu contraint de se réfugier, sous le nom supposé d’Alberto, dans un chétif village, afin de se soustraire à la peine capitale à laquelle on l’a condamné. Le père et la fille vivent ainsi dans l’obscurité, quand Alphonse fait une levée générale contre les turcs. l.éonore qui s’est accoutumée aux exercices les plus pénibles de notre sexe se croit assez forte pour résister aux fatigues de la guerre ; elle prend des habits d’homme, s’offre de marcher pour son pere, et se faisant appeler Salvador, elle se joint aux troupes que l’on rassemble en Calabre.

Le jeune et joli soldat ne tarde pas à se faire distinguer de la foule ; le comte Lorenzo, gouverneur de Reggio, en fait son écuyer, et bientôt il a lieu de s’applaudir de son choix ; car, à la reprise d’Otrante, Salvador sauve la vie non-seulement à son maître, mais encore au roi. Alphonse, reconnaissant, ordonne qu’il soit armé chevalier.

Une trêve est accordée aux turcs. Au moment de quitter l’armée, Lorenzo trouve une lettre près de Salvador endormi, et cette lettre lui apprend que le nouveau chevalier est une femme. Mais vainement il l’interroge, la crainte de compromettre l’existence de son père empêche Léonore de faire l’aveu de son sexe.

Malgré le silence obstiné qu’elle garde, la vue de ses charmes a puissamment agi sur le cœur de Lorenzo ; il éprouve pour son écuyer plus que de la reconnaissance. Il faut enfin qu’il sache à quoi s’en tenir, et voici le moyen qu’il croit le plus propre à éclaircir ses doutes et à corriger en même temps un jaloux. Ce jaloux est Alfredi, amant d'Elvire, sœur du comte. Lorenzo convient avec elle qu’elle feindra d'aimer Salvador. Le complot s’exécute ; Lorenzo paraît approuver les sentiment de sa sœur. Grande fureur d’Alfredi. Léonore se trouve dans une situation d’autant plus cruelle qu’elle aime Lorenzo.

La cérémonie de la réception de Salvador dans l’ordre de la chevalerie a lieu. Alfredi le provoque à un combat à outrance ; le comte s’oppose à ce combat qui peut le priver de celle qu’il aime. Elvire elle-même tremble pour Alfredi. Léonore seule montre le calme du courage. Lorenzo, qui l’observe, lui annonce qu’il a fait choix d’une épouse, et que le mariage de sa sœur et le sien se feront le même jour. Cette dernière épreuve est trop forte pour la jeune héroïne ; elle fuit pour se jeter dans les bras de son père.

Déjà elle a repris les habits de son sexe ; on l’arrête, on la ramène près de Lorenzo. Alors elle se fait connaître. Au nom de Bellariva, Lorenzo frémit : peut-il s’allier jamais à la famille d’un traître?.... Mais dans un mélodrame, les choses les plus difficiles s’arrangent d’un trait de plume. Un courier vient annoncer que Bellariva a fait comme le vent le voyage de Naples, qu'il est parvenu en peu d’instants au but qu’il n’avait pu atteindre pendant plusieurs années ; c’est-à-dire qu’il s’est justifié complètement. Ainsi Lorenzo peut, sans rougir, épouser Léonore, et Alfredi, honteux de la leçon qu’il a reçue, jure d’en profiter.

Cette pièce offre une marche et des scènes qui tiennent quelquefois plus de la comédie franche que du mélodrame. Sou succès a été complet. Les auteurs, que l’on a vivement demandés, sont M. Bernos pour *les paroles, M. Lanusse pour la musique, et M. Millot pour les ballets.

J. D.

L'Histoire critique des théâtres de Paris, pendant 1821, p. 301,signale la reprise de la pièce au théâtre de l'Ambigu-Comique le 9 juin 1821.

Pierre Legrand, « Notice sur les œuvres dramatiques de M. Alexandre Bernos », Revue du Nord de la France, tome I (Lille, 1854), p. 18-19 :

Après le Baron de Felsheim vient, le 26 avril 1812, La Guerrière, représentée à l'Ambigu-Comique.

« Ce sujet, dit M. Bernos, n'a été puisé dans aucun ouvrage; il est entièrement d'invention.

« A la distribution des rôles, chaque acteur a témoigné du mécontentement de celui qu'il devait jouer, il ne l'avait pas conçu. Aux répétitions, tous ont changé d'avis, et la pièce a eu un grand succès.

« Picard, à qui les nombreux ouvrages où il a si bien peint les mœurs du siècle, ont valu le surnom du Molière moderne, assistait à la première représentation ; quand elle fut terminée, il vint me trouver, m'adressa un compliment flatteur, et me gronda de ne pas l'avoir lancée sur un théâtre autre que celui de l'Ambigu.

« Lesage, chef d'emploi à l'Opéra-Comique, et dont le public appréciait les talents, assistait à cette représentation, il me témoigna ses regrets de ce que je n'avais pas fait de la Guerrière un ouvrage pour le théâtre auquel il était attaché. »

L'intrigue de cette pièce roule principalement sur la situation d'une femme qui, passant pour un homme, inspire à un amant une jalousie que la maîtresse de ce dernier ne peut détruire, sans violer le secret de la Guerrière. Cette situation, reproduite plusieurs fois au théâtre, abonde en détails d'un grand intérêt et d'un bon comique. Aussi les journaux furent-ils encore unanimes pour faire l'éloge de l'ouvrage et de l'auteur.

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×