Le Général suédois

Le Général suédois, opéra-comique en deux actes, puis un, de Jacques Boutet de Monvel (ou Favart ?), musique de Della Maria (ou Tarchi ?), 4 prairial an 7(23 mai 1799)

La pièce est difficilement attribuable : l’auteur du livret peut être Favart selon les uns (dans la base César), Boutet de Monvel selon d’autres (dans le catalogue de Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 267). La musique pose le même genre de problème : Angelo Tarchi pour la base César et Wild et Charlton, Della Maria dans le Moniteur du 7 prairial an 7 [26 mai 1799] ou l’article du Magasin encyclopédique cité plus bas. On peut peut-être suivre Mlle Mars, la fille de Monvel, qui dans ses mémoires (s’ils sont bien d’elle !) donne comme auteur des paroles son père Monvel et pour la musique Della Maria.

Dans la notice que lui consacrent Nicole Wild et David Charlton, la pièce est aussi connue comme Adrienne et Victor ou le Général suédois. Son livret s'inspire d'un roman de François Ducray-Duminil, les Soirées de la chaumière. Elle a eu un faible succès, puisque, réduite à un acte, elle n'a cependant connu que trois représentations.

Théâtre Favart.

Titre :

Général suédois (le)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

4 prairial an VII (23 mai 1799)

Théâtre :

Théâtre Favart

Auteur(s) des paroles :

Monvel ou Charles Favart ?

Compositeur(s) :

Della Maria ou Angelo Tachi

Courrier des spectacles, n° 822 du 5 prairial an 7 [24 mai 1799], p. 2 :

[Jugement très sévère porté sur le livret, vraiment considéré comme mauvais. On retrouve la liste des défauts habituels : peu d’intérêt dans l’intrigue, plan manqué, donnant plus de place aux détails qu’à l’action, scènes mal amenées et mal conduites, style négligé, parfois fautif, choix maladroit d’un ton de plaisanterie pas du tout adapté. La musique est mieux jugée, sans être digne de ce que le musicien, dont le nom est tu (il est désigné par une énigme, « un éleve distingué de l’un des plus grands maîtres d’Italie »), a déjà produit. La représentation a été houleuse : la dernière scène n’a pas été achevée.

Théâtre Favart.

L’opéra que l’on a donné hier pour la première fois sur ce théâtre, sous le titre du Général Suédois n’a point obtenu de succès. Le sujet tiré des Soirées de la Chaumière, l’un des plus jolis romans du citoyen Ducrai-Duminil, étoit par lui-même susceptible de présenter beaucoup d'intérêt à la scene. Mais l’auteur en a manqué entièrement le plan, en donnant plus aux détails qu’à l’action, en faisant d’un rôle secondaire un rôle principal, et en omettant de donner à ses personnages le caractère national qui seul pouvoit les faire valoir ; on pourroit ajouter qu’aucune scene n’est amenée ou conduite avec vraisemblance, que le style est presque toujours négligé, souvent fautif, et que le ton de plaisanterie qu’on a essayé de donner pour contraste à quelques intentions dramatiques, non seulement n’a rien de saillant, mais encore a quelque chose de commun qui en diminue, ou .même en détruit tout-à-fait l’originalité.

La musique, à laquelle on a reconnu un éleve distingué de l’un des plus grands maîtres d’Italie, offre des morceaux très-agréables, mais n’égale pas en mérite les autres productions sorties-de la même plume.

Le mécontentement d’une grande partie du public n’a pas permis aux acteurs d'achever la derniere scene.

Courrier des spectacles, n° 827 du 10 prairial an 7 [29 mai 1799], p. 2 :

[Paru le jour de la troisième et dernière représentation, ce court article souligne que la deuxième représentation s’est mieux passé que la première (ce n’était pas difficile), que les modifications souhaitées ont été faites, mais le ton adopté est plein de réticences...]

La seconde représentation du Général Suédois a eu au théâtre Favart beaucoup plus de succès que la première. On le doit aux suppressions heureuses que l’auteur à faites dans divers endroits de sa piece. Plus il est difficile de faire des changemens dans un ouvrage dramatique, plus on doit savoir gré à un auteur de se prêter à ceux qui lui sont indiqués.

Journal de Paris, n° 246 du 6 prairial an VII, p. 1075-1076 :

[Le compte rendu proposé par le Journal de Paris, paraît un peu confus, mais il dit tout de même des choses importantes. Après avoir dit qu’il ne ferait pas l’analyse de la pièce et renvoyé à sa source romanesque, il s’interroge sur la chute de la pièce : dialogue trop bavard ? Caractère du niais mal tracé (ce niais, c’est justement la part d’invention de l’auteur du livret) ? De toute façon, il refuse de voir dans l’opéra « un bon ouvrage », mais il tient, en journaliste impartial, à dire qu’on a sifflé parfois des détails « qui font le plus grand honneur à l'ame & au talent de l'auteur ». Il en tire la crainte « qu'on ne sifflât bientôt tout ce qui porte le caractère de la simplicité & du sentiment ». Heureusement, les siffleurs sont en minorité, et certains ont applaudi. La musique, « agréable à quelques endroits », est « en général un peu foible ». Interprétation remarquable.]

Théâtre de l’Opéra-Comique-National de la rue Favart.

L’Opéra du Général Suédois, donné avant-hier pour la 1.re fois sur ce théâtre, n’ayant point obtenu de succès, nous croyons inutile d’en donner ici l’analyse : il nous suffit de dire que son sujet est tiré des Soirées de la chaumière (par le C.n Ducray-Duménil), à l’exception d’un rôle de niais que l’auteur de l'opéra a entièrement imaginé.

On peut attribuer la chûte de cette pièce à l'extrême prolixité du dialogue ; à un caractère mal tracé (celui d'un niais méchant), à quelques plaisanteries connues ou de mauvais goût, & enfin à un grand défaut d'art dans la manière d'amener le dénouement. Il est facile de voir, d'après toutes ces imperfections, que l'opéra du Général Suédois ne peut être un bon ouvrage, aussi nous garderons-nous bien de vouloir le l'aire passer pour tel ; mais le premier devoir d'un journaliste est d’être impartial. Nous devons donc ajouter que parmi plusieurs traits dignes d’improbation, on en a sifflé quelques-uns qui font le plus grand honneur à l'ame & au talent de l'auteur. On doit mettre de ce nombre la scène véritablement touchante, où le Général suédois (fils d'un paysan), considère avec intérêt les lieux où il a passé son enfance, & reconnoît le vieux fauteuil où s'asseyoit son vieux père : nous regrettons que cette action si naturelle n'ait paru que risible aux yeux de certaines personnes; cela feroit craindre qu'on ne sifflât bientôt tout ce qui porte le caractère de la simplicité & du sentiment ; mais un fait nous rassure, c'est que la majorité du public n'a point réellement improuvé la scène dont nous parlons, & que des applaudissemens ont même servi d’antidote contre l'acharnement des perturbateurs.

La musique nous a paru agréable à quelques endroits , mais elle est en général un peu foible.

Les principaux rôles ont été joués avec un vrai talent par les C.ns Elleviou, Chesnard, Solier & Dozainville, et par les C.nes Saint-Aubin & Gonthier.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome II, p. 119 :

[Constat d’une chute : il a fallu baisser le rideau avant la fin à la première. A la seconde représentation, par la magie des suppressions, la pièce « a été mieux reçue ». Le critique donne la source du sujet, résume brièvement l’intrigue sans faire de commentaire. Puis il évoque la musique, « agréable en plusieurs endroits », et qui « a soutenu en partie cet opéra ».]

LE GÉNÉRAL SUÉDOIS,opéra en deux actes.

Cet opéra, donné au théâtre Favart pour la première fois le 4 prairial, n'a pas eu de succès ; la toile a même été baissée avant la fin de la pièce. L'auteur y a fait beaucoup de suppressions, et elle a été mieux reçue à la seconde représentation. Le sujet est tiré des Soirées de la Chaumière, par DUCRAY-DUMINIL. Un jeune militaire,-nommé Victor, a quitté Adrienne, son amante, pour aller à l'armée : après quelques années d'absence de Victor, le père d'Adrienne veut la marier à un niais qu'elle n'aime point. Sur ces entrefaites, arrive un régiment commandé par le général lui-même ; le niais est arrêté pour avoir eu des intelligences avec les ennemis, et on reconnoît, dans-le général, Victor qui épouse son amante, et qui accorde la grace de son rival.

La musique, agréable en plusieurs endroits, a soutenu en partie cet opéra; elle est du C. Dellamaria.

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