Le Grand Justicia, ou la Conjuration aragonaise

Le Grand Justicia, ou la Conjuration aragonaise, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, de  Frédéric [Dupetit-Méré], musique de Lanusse, ballets de Hullin, 12 mars 1811.

Théâtre de la Gaieté.

Almanach des Muses 1812.

Le titre proposé par l'Almanach des Muses n'est pas juste : le sous-titre n'est pas la Conjuration organisée, mais la Conjuration aragonaise.

Titre :

Grand Justicia (le), ou la Conspiration aragonaise

Genre

mélodrame

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

12 mars 1811

Théâtre :

Théâtre de la Gaîté

Auteur(s) des paroles :

Frédéric [Dupetit-Méré]

Compositeur(s) : Lanusse
Chorégraphe(s) : Hullin

Journal du soir de politique et de littérature, n° 4616 du jeudi 14 mars 1811, p. 4 :

[Le critique est d'une extrême sévérité : la pièce nouvelle est qualifié de « mélodrame plus absurde, plus niais, plus fastidieux » que tout ce qui a paru sur le Boulevard. Plutôt que d'en faire l'analyse, il préfère de « donner la recette des ingrédiens dont il se compose », ce qui donne une assez bonne idée du regard porté sur un genre dramatique méprisé. On sent tout le mépris pour les mélodrames, mais aussi pour un public aux partis pris très forts (et souvent appartenant à une cabale). La médiocrité de la pièce (action, style, personnages) ne peuvent être rachetés par les décors et les costumes, jugés positivement. Et les auteurs ont accepté qu'on les nomme.]

THÉÂTRE DE LA GAIETÉ.

Première représentation du Grand Justicia, ou la Conjuration arragonaise, mélodrame en trois actes.

Il y a long-temps qu'on n'avait vu paraître sur les boulevards de mélodrame plus absurde, plus niais, plus fastidieux que ce Grand Justicia. Nous n'entreprendrons pas d'en faire l'analyse ; ce serait vouloir jouer un mauvais tour à nos lecteurs, et leur rendre l'ennui qu'il a causé hier au public ; nous nous contenterons seulement de leur donner la recette des ingrédiens dont il se compose.

Prenez d'abord un roi faible et sans caractère ; donnez lui pour ministre un traître qui l'égare et prétend le détrôner ; pour maîtresse une femme qu'il aime, tant qu'il n'est pas contrarié ; choisissez maintenant pour rivale de cette femme ambitieuse une jeune princesse bien tendre, bien pleureuse et qui raffole du roi, quoique celui-ci ne l'aime guère ; opposez au ministre perfide un ministre vertueux et qui prêche sans cesse ; ajoutez un niais qui fait des calembourgs, un soldat qui fait le matamore, un paysan, le plus sensible des hommes, etc. etç., faites courir les champs à tous ces personnages; réunissez-les tous à chaque acte dans un même endroit, malgré les efforts qu'ils font pour s'éviter ; assaisonnez cette composition d'invraisemblances choquantes et de belles sentences sur l'art de gouverner, sur le crime et la vertu ; relevez le tout par des danses, par une conjuration, un incendie, le bruit du tocsin, un enlèvement, un roi détrôné et le récit d'un massacre général, vous aurez alors un mélodrame parfait, un mélodrame comme le Grand Justicia que vous vous garderez pourtant bien de siffler si vous ne voulez pas être désigné par quelques billets gratis aux cris et à la vengeance populacière du parterre et des troisièmes galeries, ainsi que cela s'est pratiqué hier au Théâtre de la Gaieté. Cependant, nous sommes forcés de le dire, jamais sifflets ne furent plus justes, ni chûte mieux méritée.

L'administration avait tout fait, il est vrai, pour soutenir la pièce ; les décorations sont très-agréables, les costumes très-riches ; mais tout cet éclat, toutes ces dépenses n'ont pu déguiser la faiblesse d'action de ce mélodrame, la platitude du style, le peu d'intérêt qu'inspirent tous les personnages. L'auteur, affrontant bravement les sifflets, qu'il a pris sans doute pour l'effet d'une cabale, n'a pas craint de se faire nommes, c'est M. Frédéric. On a désigné aussi M. Lanusse comme auteur de la musique, et M. Hullin comme auteur des ballets.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1811, tome II, p. 159 :

Théâtre de la Gaieté.

Le Grand Justicia, ou la Conjuration Arragonaise, mélodrame en trois actes, quoique mal reçu le premier jour, se soutient depuis quelque temps. Il est de M. Frédéric.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1812 (sixième année), p. 198-199 :

La GRAND JUSTICIA, ou la Conspiration arragonaise, mélodrame en 3 actes,, par M. Fréderic. (12 mars.)

Une conjuration est une chose excellente pour un mélodrame, et donne lieu à beaucoup de scènes à effet. A la tête de celle-ci est, suivant l'usage, un ministre perfide qui a toute la confiance du souverain, et qui le trompe pour lui ravir la couronne ; ce ministre (Rodrigue) protège l'amour d'Alphonse pour l'ambitieuse Olmaïs, afin de soulever les peuples qui desirent qu'il épouse Elvire, ainsi que l'a ordonné le feu roi,, en mourant. Un des articles du testament porte 'que dans le cas où Alphonse refuserait de donmer sa main à Elvire, il perdrait le trône, et que la couronne appartiendrait as Ramire, I'oncle d'Alphonse, lequel, sous lc nom de Régino, s'est. chargé de veiller sur la conduite de son neveu, dont il n’est pas connu, en qualité de grand justicier du royaume.

Olmaïs, ingrate envers Elvire, qui l’a comblée de bienfaits, ainsi que son frère Albazard, lui a ravi le cœur- du volage et foible Alphonse. Mais Albazard, tout entier à la reconnoissance, revient exprès de l’armée pour s'opposer aux projets de sa coupable sœur ; il la surprend en tête à tête avec le roi, et va donner la mort à ce dernier, qu'il ne reconnaît point. Heureusement Ramire est là, et il sauve Alphonse.

Prête à périr dans les flammes, par les ordres du cruel Rodrigue, Elvire doit la vie à Albazard. Mille poignards sont dirigés contre Alphonse, qui est oblige de fuir dans les bois, et de céder la place à son infâme ministre. Il se réfugie dans des ruines aux environs de Sarragosse ; sur le point d'être livré à ses bourreaux, il est délivré par Olmaïs, qui est revenue à des principes d'honneur. Il retrouve Elvire, qu'il croyait avoir perdue, et l'épouse. Rodrigue est renversé, Ramire se fait connaître.

Cet ouvrage, quoique monté avec soin, n'a pas eu de succès.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 16e année, 1811, tome II, p. 159

Le Grand Justicia, ou la Conjuration Arragonoise, mélodrame en trois actes, quoique mal reçu le premier jour, se soutient depuis quelque temps. Il est de M. Frédéric.

La première de la pièce est annoncée le mardi 12 mars 1811 par le Journal de Paris, dans le n° 71, p. 500. La neuvième représentation est annoncée le vendredi 22 mars, p. 580. Puis les représentations se succèdent:

  • vendredi 29 mars 1811,

  • samedi 6 avril 1811,

  • lundi 8 avril 1811,

  • mercredi 10 avril 1811,

  • dimanche 14 avril 1811,

  • mardi 16 avril 1811,

  • mercredi 17 avril 1811,

  • vendredi 19 avril 1811,

  • mercredi 24 avril 1811

Et sans doute d'autres encore plus tard.

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