Le Gondolier, ou la Soirée vénitienne

Le Gondolier, ou la Soirée vénitienne, opéra en un acte, paroles de Ségur aîné et **** [J.-B.-D. Desprès], musique de Foignet fils, 16 floréal an 8 [5 mai 1800].

Théâtre Montansier.

Almanach des Muses 1801 (qui titre de façon erronée les Gondoliers, ou la Soirée vénitienne).

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, à l'imprimerie de S.-A. Hugelet, an 8 [1800] :

Le Gondolier, ou la Soirée vénitienne, opéra en un acte ; paroles des Cens Ségur aîné et ****, Musique du Cen Foignet fils. Représentée la première fois sur le Théâtre Montansier, le 17 Floréal an 8.

L'auteur resté anonyme est J.-B.-D. Desprès.

Courrier des spectacles, n°1160 (18 floréal an viii), p. 2 :

[La pièce a réussi, elle a de grands atouts, « marche simple », style, « jolie musique ». L’auteur des paroles est resté anonyme.]

Théâtre Montansier.

Un succès brillant et mérité couronna hier la première représentation du Gondolier ou la Soirée Vénitienne. Ce succès est dû à la marche simple de l'ouvrage, au style, et sur-tout à la jolie musique dont l'a enrichi le jeune Foignet, déjà connu par celle des Nôces de Lucette. L'auteur des paroles a desiré garder l'anonyme. Demain nous en donnerons l'analyse.

Courrier des spectacles, n°1161 (19 floréal an viii), p. 2 :

[L’analyse promise la veille. Intrigue et paroles sont positivement jugées, et le critique se demande visiblement pourquoi ces deux personnes ont cru bon de rester anonymes. Le résumé de l’intrigue est très long (encore une pupille et son tuteur à qui elle voudrait bien échapper pour rencontrer son amoureux de comte, avec la complicité de son amie). Les moyens employés ne sont pas vraiment neufs, mais ça n’est pas bien grave. Comme on est à Venise, on met un masque pour échapper à l’attention du tuteur, et on va jusqu’à échanger les masques entre pupille et amie. On n’est pas vraiment surpris de voir que la pièce finisse par un mariage, et le bon mariage. L'article s'achève par des félicitations pour le compositeur qui est aussi chanteur, et pour les autres interprètes.]

En parlant dans notre numéro d'hier du joli opéra du Gondolier, ou la Soirée Vénitienne, représentée à ce théâtre, nous n'avons pas prétendu dire pour cela qu'elle ne fut pas intriguée, au contraire, les scènes, les incidents sont amenés et-se succèdent naturellement, et c'est un mérite rare dans ces sortes de productions ; le style en est pur, le dialogue fin et animé ; nous en aurions plutôt fait l'éloge, en nommant les deux auteurs, s'ils ne nous avoient imposé la loi de ne pas les nommer, en gardant eux-mêmes l'anonyme.

Eléonore , pupille du vieux seigneur Alonzo, est aimée du comte Belfiore , seigneur jeune et riche, qui vient souvent près des croisées de la belle épier les occasions de l'entretenir de son amour. Alonzo de son coté cherche à plaire à la pupille, et pour y parvenir, il la comble d'amitiés, et il a pour elle renoncé à l'amour qu'il avoit conçu pour Zerbine, amie d'Eléonore. L'adroite Zerbine, prévoyant sans doute ce refroidissement, s'étoit assuré une bonne promesse de mariage qu'elle n'avoit garde de rendre au tuteur. C'est le temps des fêtes superbes de Venise ; Eléonore qui a trouvé moyen de recevoir du Comte un billet de rendez-vous, cherche avec Zerbine le moyen de s'y trouver. Zerbine a fait emplette de deux dominos absolument semblables. Il s'agit d'engager le jaloux à sortir en gondole ; mais Alonzo refuse, et permet seulement de regarder de sa maison les masques qui parcourent les quais. A l'instant les volets qui bornoient la vue disparoissent, et l'on découvre l'illumination générale des palais, et un bras du canal dont les eaux baignent le pied des murs de la maison d'Alonzo.

Cependant un homme appuyé sur la grille lui donne de l'inquiétude. Il renvoie Eléonore et Zerbine, qui vont mettre leurs dominos ; puis apostrophant le particulier qu'il prend pour un gondolier et qu'il soupçonne être un des gens du comte Belfiore, il l'engage à passer la soirée chez lui, en lui offrant une somme plus forte que celle qu'il suppose lui avoir été donnée pour roder près de sa maison. Belfiore, car c'est lui-même, accepte avec joie. Il sait se contenir cependant à la vue d'Eléonore, avec laquelle le tutour peu avisé le laisse un instant pour aller chercher quelque chose dans son appartement. Eléonore et Zerhine ont chacune un masque, et la première porte un chapeau. Zerbine prend le masque et le chapeau de son amie, et le tuteur, à son retour, l'entretient de sa tendresse, croyant parler à Eléonore. Il fait venir des sorbets, qu'il prend avec Zerbine, tandis que Belfiore les partage de son côté en tête-à-tête avec sa maitresse

Après la collation, Alonzo prie la fausse Eléonore de pincer de la guittarre ; Zerbine est bien embarrassée. Belfiore accorde l'instrument, et le mettant entre les femmes et le tuteur l'empêche de les voir changer une seconde fois de masques. Le Tuteur, charmé de l'exécution, devient plus pressant prés d'Eléonore ; Zerbine le raille et le repousse ; il se fâche : Belfiore prend la défense de Zerbine, il veut l'emmener, Alonzo s'y oppose, le Comte le menace et le presse ; Eléonore prend dans ce moment le masque de Zerbine, et celle-ci vice versà, ensorte que Belfiore emmène Eléonore aux yeux même du Tuteur, qui la prend pour Zerbine. Il revient près de la prétendue Eléonore, il tombe à ses pieds, elle se découvre, et il reste immobile en voyant revenir le Comte avec Eléonore. Il veut résister, Zerbine lui oppose sa promesse de mariage. L'union du Comte et d'Eléonore termine la pièce.

L'auteur de la musique, le jeune Foignet, a chanté avec autant de goût que de facilité un air de sa composition, lors de la sérénade donnée par le Comte à Eléonore. Les citoyens César et Dubois ont reçu beaucoup d'applaudissemens, et mesdames Mengozzi et Caroline ont mis dans leur jeu et dans leur chant toute la finesse et toute la pureté qu'on leur connoît.

F. J. B. P. G ***.

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