L'Homme en deuil de lui-même

L'Homme en deuil de lui-même, comédie en un acte et en prose, de Dumaniant et Charles Henrion, 5 août 1806.

La date du 5 août, qui contredit la brochure, provient du Journal de Paris, qui annonce à cette date la première représentation.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Homme en deuil de lui-même (l’)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

5 août 1806

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Dumaniant et Charles Henrion

Almanach des Muses 1807.

Un homme, pour échapper à ses créanciers, et à sa maîtresse qu'il croit infidele, fait courir le bruit de sa mort, se donne pour son frere, et porte ainsi le deuil de lui-même. De là des reconnaissances, des quiproquo, et quelques traits d'une gaîté qui touche quelquefois à la bouffonnerie.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba ; 1806 :

L'Homme en deuil de lui-même, comédie en un acte et en prose, Par MM. Dumaniant et Henrion. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de l'Impératrice, le mardi 15 août 1806.

Courrier des spectacles, n° 3468 du 6 août 1806, p. 2-3 :

[Compte rendu bien peu positif : un sujet qui « repose sur une idée assez bizarre », gaie, mais pleine d’invraisemblances, au dialogue spirituel, mais avec des « traits de mauvais goût ». Finalement, la pièce a réussi, puisque le nom des auteurs a été donné. Sinon, avant de donner le nom des auteurs, le critique se limite au résumé d’une intrigue bien compliquée, avec des personnages qui changent de nom, un jeune premier dont on fait croire qu’il est mort, et un mariage quifinit par se faire, après bien des rebondissements étranges.]

Théâtre de l’Impératrice.

L'Homme en deuil de lui-même.

Le fonds de cette pièce repose sur une idée assez bizarre, et qui ne promet pas beaucoup ; mais l’auteur a sçu tirer parti de la situation. L'Homme en deuil de lui- même est une bluette remplie de gaîté, et en même tems d’invraisemblance ; on y remarque de l’esprit dans le dialogue, quelques traits de mauvais goût s’y sont aussi glissés ; mais on a ri, et on a été désarmé.

Auguste Dulis arrive, sur la route de Lyon, dans une auberge où son frère aîné est descendu. Auguste, pour éviter ses créanciers et Mad. de Verneuil, qui l'aime , mais à qui il suppose beaucoup d’imperfections, a changé de nom et de costume ; il a fait plus, il a supposé un duel et laissé à son valet Frontin, qui est resté à Fontainebleau, ses hardes, son argent, et même ses papiers. Frontin ne doute pas que son maître n’ait été tué ; et profitant de l’occasion, il arrive, sous le nom d'Auguste Dulis, dans l’hôtellerie où le véritable Auguste demeure sous le nom de Saligny, son prétendu adversaire. Ce nom rappelle à M. Bernard l’aubergiste une dette que le jeune Saligny a contractée chez lui ; le nom d'Auguste Dulis est également couché sur le registre de maître Bernard. Pour surcroît d’embarras, Mad. de Verneuil arrive ; elle apprend du frère d'Auguste la mort de celui qu’elle aimoit, des larmes échappent de ses yeux. Dulis voit que cette dame, loin d’être une coquette, est une femme sensible et digne de son frère ; il va le trouver. Durant cet intervalle, M Bernard dément la nouvelle de la mort d’Auguste ; et pour prouver ce qu'il avance, il présente Frontin, qui se croit en bonne fortune. Un mot de la Dame le réduit au silence. Auguste revient, ramené par son frère ; elle n’ose se persuader que c’est lui, tant son costume et son langage provençal le rendent méconnoissable ; mais enfin l’arrivée des huissiers, mandés par l’aubergiste, fait tout découvrir. Dulis l’aîné et Mad. de Verneuil répondent de la dette, et Auguste épouse sa jolie veuve, autant par amour que par reconnoissance.

Les auteurs sont MM. Dumaniant et Henrion.

Journal de Paris, n° 220, du vendredi 8 août 1806, p. 1625 :

[Compte rendu très positif : la pièce a réussi, on peut juste lui reprocher un cadre un peu étroit (pour une fois que le critique ne dénonce pas des longueurs !) Sinon le dialogue est « très-gai, très-vif, très-spirituel », et les auteurs ont su tirer parti « d’heureuses situations ». Bonne interprétation. Le rôle de chacun des auteurs est détaillé.]

L'Homme en deuil de lui-même, au Théâtre de l’Impératrice, a complètement réussi, à la seconde comme à la première représentation ; c’est une pièce toute en imbroglio. Il nous a semblé que le résultat comique de l’intrigue n’étoit pas tout à fait en raison du nombre des ressorts mis en jeu, & que le cadre d’un acte étoit un peu trop étroit pour le développement d’un sujet aussi compliqué ; mais on est dédommagé de ce défaut par un dialogue très-gai, très-vif, très-spirituel, & par d’heureuses situations, dont les auteurs ont tiré bon parti. (La pièce d’ailleurs est fort bien jouée.) Ces auteurs sont, pour l’idée ou l’intention première du sujet, M. Henrion ; é& pour l’arrangement des scènes, le dialogue, &c., M. Dumaniant.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1806, tome IV, p. 450-451 :

[Une arlequinade sans Arlequin (la source éventuelle mettait Arlequin en scène). Un imbroglio, dont on sait d’avance comment il finira. Auteur, Dumaniant, avec l’aide de Henrion, lequel s’inspire de Saint-Jorry, qui devait sans doute puiser dans le fonds infini de la commedia dell’arte... S’il y a des scènes comiques, elles sont dans « l’ancien ouvrage », moyen détourné pour dire qu'elles ne sont pas dues aux auteurs de la nouvelle pièce. Celle-ci est « écrite avec facilité », mais le dénouement « est un peu trop brusque ».

Un peu d’histoire : la pièce de Rostaing de Saint-Jorry, Arlequin en deuil de lui-même, date de 1721. Elle a été jouée au Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne. La base César signale une représentation à Bruxelles en 1761.]

L'Homme en deuil de lui-même.

Petit imbroglio qui a obtenu du succès.

Un jeune homme nommé Dulys, trompé sur le compte de celle qu'il aime, la quitte brusquement, se fait passer pour mort, afin de s'en débarrasser, et prend le deuil de lui-même. Cette femme arrive à Lyon où il est, et lui parle sans le reconnoître : pour embrouiller les affaires, arrive Frontin, valet de Dulys, qui, le croyant mort, veut se faire passer pour lui,-et toucher sa part d'une succession considérable. Le maître et le valet se font reconnoître l'un par l'autre, et Dulys jugeant mieux de sa maîtresse, ressuscite, quitte son deuil, et l'épouse.

L'auteur de cette pièce est M. Dumaniant. On dit que le cannevas lui a été donné par M. Henrion ; il l'a pris sans doute dans une ancienne pièce du Théâtre italien, intitulée Arlequin en deuil de lui-même, par M. De Saint-Jorry. Il y a dans l'ancien ouvrage des scènes d'assez bon comique, entre autres celle où deux médecins consultent avec Arlequin lui-même pour savoir s'il est mort ou vivant. Le dénoûment de la pièce nouvelle est un peu trop brusque; elle est écrite avec facilité.

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