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Isaure, ou l'Inconstant dans l'embarras

Isaure, ou l'Inconstant dans l'embarras, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Maurice S.... [Séguier], 20 janvier 1806.

Théâtre du Vaudeville.

Almanach des Muses 1807.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Masson, 1806.

Isaure, ou l'inconstant dans l'embarras, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, par M. Maurice S.... Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 20 Janvier 1806.

Courrier des spectacles, n° 3278 du 21 janvier 1806, p. 2 :

[L’article commence par une affirmation concernant le caractère de l’inconstant : pas facile pour l’auteur dramatique « de le placer dans une situation dont il ait de la peine à sortir ». L’intrigue racontée ensuite n’est pas très surprenante : une jeune veuve qu’un officier a promis d’épouser, et qui, venue à Paris pour un procès (les veuves ont très souvent des procès, au théâtre), y apprend que son bel officier est mort, décide d’épouser un autre officier. Mais le mort se porte bien, il est même amoureux d’une jeune italienne. Mais les deux femmes se retrouvent dans le même hôtel (lieu de rencontre très pratique au théâtre, c’est un lieu neutre qui permet de mettre en contact des gens qui n’ont pas de raison de se rencontrer), découvrent qu’elles sont toutes deux victimes de l’inconstant et Isaure la jeune veuve se venge  elle le congédie et épouse l’autre officier, tout heureux de l'épouser (les jeunes veuves sont souvent riches). Bilan : la morale n’est pas tout à fait sauve, puisque l'inconstant n’est pas puni. Pièce spirituelle, mais bien sérieuse pour une pièce jouée au Vaudeville. Une scène bien longue entre les deux femmes. Trop de portes derrière lesquelles on écoute. Les couplets sont inégaux, les uns « agréablement tournés », les autres « fades à force de recherche et de prétention ». On pouvait tirer un meilleur parti de ce sujet, la pièce a été bien jouée, (les deux actrices « ont chanté avec une grâce toute particulière », et l’auteur a été demandé (mais on n’a que son prénom-pseudonyme).]

Théâtre du Vaudeville.

Isaure, ou l’Inconstant dans l'embarras.

L’Inconstant est l’homme le plus difficile à embarrasser. Comme il ne tient gueres à ses sermens, il sait toujours prendre son parti et se tirer d’affaire. C’est un tour-de-force que de le placer dans une situation dont il ait de la peine à sortir ; c’est ce qu’a néanmoins tenté M. Maurice avec quelque succès.

Isaure de Senange, jeune veuve qui a reçu autrefois les sermens d’un officier de troupes légères nommé Valcourt, vient à Paris pour y suivre un procès. Elle le gagne, et fait connoissance avec Dormeuil, capitaine de cavalerie. Valcourt étoit à l’armée ; le bruit de sa mort se répand ; Isaure se dispose à épouser Dormeuil ; mais Valcourt se porte très-bien. Jeune, étourdi, brave, léger, inconsidéré, il voltige de belle en belle, et promet à toutes de les épouser. Blessé dans un combat en Italie, il est soigné avec les plus tendres attentions par une jeune et charmante Italienne nommée Théresia. Il en devient subitement amoureux, lui fait l’aveu de sa flamme, lui propose de l'emmener en France, et lui promet de l’épouser à Paris. Théresia consent à tout ; ils descendent l’un et l’autre à l’hôtel même où loge Isaure. Les deux rivales se rencontrent, ont un long entretien, se font des confidences mutuelles, et reconnoissent toutes deux l’infidélité de leur amant commun. Isaure demande une entrevue à Valcourt ; elle lui rappelle ses anciennes promesses, feint de vouloir l’épouser, et le met ainsi dans le plus cruel embarras ; mais bientôt reprenant son ton sérieux, elle lui déclare qu’elle renonce à lui, et présente sa main à Dormeuil, qui l’accepte avec reconnoissance.

On voit que l’embarras de l’inconstant ne dure pas long-tems, et que loin d’être puni de ses infidélités, il est servi au gré de ses désirs. Il y a de l’esprit dans cet ouvrage ; mais le ton en est souvent triste et larmoyant : ce n’est pas le style du vaudeville. La scène entre les deux rivales a paru d’une longueur excessive. L’auteur a trop multiplié les écouteurs aux portes ; ce moyen est petit, commun et peu théâtral. Quelques couplets agréablement tournés ont été applaudis ; quelques autres sont fades à force de recherche et de prétention ; le bon esprit est simple et naturel. On auroit pu tirer un meilleur parti de ce sujet. La pièce a d’ailleurs été très-bien jouée par Mesd. Bellemont et Thésigny, qui ont chanté avec une grâce toute particulière. L’auteur a été demandé après la représentation.

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